[Débat] Réponse à Philippe Charlez sur la crise énergétique : la France peut déroger aux règles européennes

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Boulevard Voltaire a demandé, le 7 janvier, à Philippe Charlez de donner son avis sur la crise énergétique. Il nous livre des explications historiques fournies auxquelles je crois néanmoins utile d’ajouter un petit commentaire.

Jusqu’à François Hollande, on avait fait beaucoup de promesses pour acquérir les voix des écologistes. Mais on n’avait pas touché à nos capacités productives d’électricité nucléaire : la voix de la raison parvenait encore à se faire entendre. Emmanuel Macron l’a fait : il a fermé Fessenheim. On mesure aujourd’hui son incompétence et celle de son équipe.

In fine, Phillipe Charlez aborde succinctement les solutions : « Quels sont les points qui empêchent la France de sortir du marché électrique européen ? Le premier est juridique. » Certes, il y a des questions juridiques à régler. Mais, comme il le rappelle, « les Espagnols et les Portugais ont obtenu une dérogation pour s’affranchir momentanément du système électrique européen ». Il paraît difficile de penser que la France ne pourrait pas obtenir une dérogation équivalente. Il ajoute que des sociétés qui ne l’étaient pas sont devenues productrices d’électricité. Que cela constituerait un obstacle. Il cite Total et Engie. Mais qui peut imaginer qu’on les empêchera - ou qu’ils s’arrêteront - d’en produire et d’en vendre ? D’autant qu’en cette période de pénurie, ils seront en position de force pour discuter les prix.

On voit là que Philippe Charlez joue sur les mots. Il s’emploie à démontrer que la France ne peut pas sortir du marché européen de l’électricité. Bien sûr qu’elle ne le peut pas : le marché européen de l’électricité est constitué des producteurs et des consommateurs européens, la France restera de toute façon dedans. La question n’est pas de sortir de ce marché mais de sortir d’un certain nombre de règles qui ont été décidées au niveau européen pour le réglementer et qui ne fonctionnent pas, en tout cas pas pour nous.

Philippe Charlez expose ensuite une deuxième raison : « À cause de la fermeture de ses centrales nucléaires […], la France n’est plus totalement indépendante énergétiquement […]. On a besoin de leur électricité en cas de froid […]. » Certes. Mais ils nous la vendront. Car eux aussi pourront avoir besoin de notre électricité. Ils seront alors contents de nous trouver pour qu’on la leur vende. Certes, il se pourrait qu’il manque de l’électricité au total. Mais dans ce cas, ce n’est pas la réglementation européenne qui empêchera la pénurie.

Puis il explique que les entreprises qui produisent à partir du gaz ne mettront pas leurs centrales en route si elles ne sont pas rémunérées à un niveau suffisant. Bien sûr. Mais il ajoute qu’il faudra alors subventionner le gaz. Pas du tout : on achètera simplement leur électricité au prix convenable. En revanche, les Français pourront cesser d’acheter l’électricité nucléaire au prix de celle au gaz. Pour eux, la différence par rapport à la situation actuelle sera très avantageuse.

Philippe Charlez avance enfin son quatrième argument : « La consommation électrique sera presque doublée vers 2050. La France pourra-t-elle le faire sans soutien ou collaboration de ses voisins ? Ce n’est pas sûr non plus. » La forme interrogative utilisée montre qu’il a conscience de sortir, là, de son domaine de compétences. De fait, son hypothèse ne tient pas : la France trouve actuellement des prêteurs pour financer des dépenses de fonctionnement qui ne rapportent rien et n’en trouverait pas pour financer des investissements destinés à produire davantage d’électricité ?

Pour Philippe Charlez, donc, on ne peut rien faire. Or, la France doit sortir d’urgence de ce système de tarification européen insensé pour elle. Car si elle continue à faire des chèques pour compenser tant bien que mal un prix de l’électricité beaucoup trop élevé, elle ne pourra plus emprunter. Elle se sera mise à la merci complète des financiers internationaux.

Nous avons beaucoup d’experts pour exposer nos problèmes, peu pour proposer des solutions.

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Daniel Fédou
Ancien conseiller technique du directeur du Budget, ancien ingénieur général à l'IGEDD (Inspection Générale de l'Environnement et du Développement Durable), Polytechnicien, membre du corps des Ponts et Chaussées.

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Au dessus des  »règles européennes (adoptées malgré le referendum de rejet de 2055) il y a la souveraineté et l’intérêt nationaux. Virons Macron et faisons un referendum pour revenir à l’Europe d’avant Lisbonne, puis d’avant Maastricht.

  2. Ce n’est pas « l’Allemagne » qui organise ce hold-up, mais des financiers qui peuvent ainsi faire des marges titanesques. Ce sont ceux qui ont fait élire Macron qui leur renvoie l’ascenseur.

    • Le gouvernement profite bien des superprofits engendrés par le prix du pétrole et du gaz. Cela gonfle les impôts perçus automatiquement sur la TVA portant même sur les taxes énergétiques. Quand il parle des superprofits, il se garde bien de parler des super-taxes perçues par l’Etat qui doublent le prix des carburants !

  3. L’Allemagne ne roule que pour elle-même et ce n’est pas nouveau. Nos dirigeants n’ont aucun courage pour nous défendre

      • Pas fait allemand à l’école
        Si on s’en tient à l’élection présidentielle, 42 % des Français n’ont pas voté Macron, donc ne généralisez pas, merci

  4. Non seulement nos gouvernants sont des incompétents notoire mais en plus ils sont persuadé de faire parti d’un groupe de pays amis européens. La France n’a que des ennemis, a commencer par l’Allemagne qui veut délibérément et sans se cacher préempter tout notre système de production électrique. Ils en rêvais, Macron l’a fait.

    • Même Hollande savait à quoi s’en tenir sur l’Allemagne. Macron est obnubilé par le « couple Franco-Allemand ». Peut-être voyait-il en madame Merkel un double de sa Dulcinée. Hélas, elle n’est plus et il en est réduit à lorgner sur Ursula.

  5. Tout est une question de volonté politique, Macron est obnubilé par l’europe, il ne faut donc rien attendre de lui, la solution sera en parti dans les élections eurpéennes où il serait intelligent d’envoyer comme députés des euroseptiques, qui vivra verra.

  6. Vous n’avez toujours pas compris que Macron ne recherche qu’un mandat de patron de l’UE et qu’il lui reste 4 ans pour y arriver ? alors ne rêvez surtout pas c’est l’inverse qui va se passer de plus en plus près de toi mon UE faut-il pour cela détruire la France.

  7. Quand on veut on peut mais Macron ne veut pas tout le monde le sait .Macron n’est là que pour détruire ce pays grassement rémunéré par l’UE et autres personnages malfaisants .

  8. Loïc Le Floc Prigent, Henri Proglio et d’autres grands patrons, ingénieurs, polytechniciens, mettent à bas tous les arguments de Charlez. Cherchez l’erreur !

    • C’est faux. Vous n’avez pas dû bien comprendre l’article de Charlez, il est vrai, assez difficile. Je suis Polytechnicien, directeur honoraire d’un laboratoire d’énergétique du CNRS et l’article actuel ne détruit pas l’article de Charlez, il dit que l’on peut passer outre, mais Charlez nous avertit que cela équivaut à déterrer la hache de guerre avec l’Allemagne et c’est sûr qu’avec notre dette abyssale, il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant de nous engager dans cette voie. Il faut d’abord bien assurer nos arrières. De plus, en matière nucléaire, la précipitation est mauvaise conseillère et seuls des scientifiques confirmés comme ceux que vous citez, peuvent évaluer les possibilités.

    • Faites confiance aux instances judiciaires françaises, elles vont trouver le moyen de le faire revenir en France

  9. et en ce moment la commission européenne remet sur le tapis nos centrales hydro-électriques qu’elle veut mettre sur le marché européen et nous priver de ce monopole, en clair on aura les inconvénients mais pas les bénéfices. Jusqu’à quand allons nous nous laisser tondre par la commission gérée par l’Allemagne, qu’on nous lache avec le couple franco-allemand, il n’a jamais existé seulement dans les fantasmes des présidents français.

  10. Ca y est nous savons tout ce qu’il faut savoir pour traduire macron et tous ses sbires qui ont eu à intervenir dans le dossier ALSTOM et le fracas programmé pour atomiser l’industrie nucléaire industrielle ! …
    Si nous étions dans une république démocratique souveraine, la Justice du peuple serait déjà passée et tous ces coucous venimeux et en putréfaction seraient déjà neutralisés …
    Il va être grand temps de mettre en place un FREXIT pour sortir du modèle fédéral européen que veut macron, vonderlayen et qui arrance totalement des « biden » ou les chinois ! … en même temps, on voit apparaître des « zelensky », « bolsonaro » et autres incapables nocifs pour leur nation … Le monde est en putréfaction en grande partie à des « groupuscules » du style qui sévicent à DAVOS

  11. Vouloir, c’est pouvoir, mais nous n’avons pas la bonne équipe à notre tête. Cherchons les responsables et alors émergera une solution.

    • Il faut un referendum, oui, mais pour chasser ces incapables et reprendre des gouvernants plus soucieux de l’intérêt de notre pays.

  12. Comme dans d’autres domaines, OQTF par exemple, on entend trop souvent que l’on ne peut rien faire alors que c’est
    surtout une absence de volonté politique, fréquemment pour des raisons idéologiques ou pour ne pas déplaire à l’UE, à l’Allemagne, … Divers pays tels la Pologne, la Hongrie, le Danemark dérogent à des règles européennes contraires à leurs intérêts, sans sortir pour autant de l’UE. La France, nation de base de l’UE serait donc moins puissante que ces pays au point de ne pas pouvoir imposer sa volonté ?

  13. Bien sûr que la France peut faire ce qu’elle veut : il suffit de le décider, sans s’occuper des arguties de Monsieur Charlez, de la commission de Bruxelles, des desiderata des écolos, français ou allemands, de tous ceux qui trouvent des raisons de ne pas faire.
    Ah, oui, j’oubliais : il faut un décideur, et qui s’occupe de la France.

  14. Merci M Fedou de rétablir un peu la vérité .
    M Jordan Bardella lors de son interview ce matin sur CNews avec L. Ferrari, dit qu’il va poser le problème à Strasbourg. Pour le RN , on peut sortir de ce marché , il faut de la volonté politique , que n’a pas ce gouvernement. Nous dire qu’il ne nous sera pas possible d’acheter de l’électricité à nos voisins me semble totalement faux . Nous le faisions avant . Sur le site de RTE , on voit que chaque jour , nos achetons et vendons des MGwh. En cette période nous sommes auto suffisant. Aujourd’hui à 10 H 00 le nucléaire nous assurait 43 GWh soit 55% de l’électricité disponible et qui ne représente que 70 % de la capacité nucléaire. Donc nous sommes bien auto suffisant, bien sûr les températures sont clémentes. Mais nous devrions retrouver rapidement la capacité totale de notre potentiel nucléaire . Enfin , le redémarrage de Fessnenheim est possible , c’est ce que disent d’anciens patrons d’EdF . Un redémarrage sous 2 à 3 ans. Macron , nous prend pour des imbéciles , son discours relayé par une 1ère ministre très fière de nous avoir annoncé la fermeture de Fessenheim! Deux réacteurs soit Deux Fois 900 Mwh , ça en fait des éoliennes ! Il nous faut maintenant relancer le nucléaire et vite, et sortir au plus vite de ce marché de dupes .

    • L’article de Charlez, justement, montrait bien comment avec la priorité aux énergies nouvelles, on en est venu , du fait du caractère instantané de l’équilibre électrique et de notre stupidité à fermer notre nucléaire, à devoir rouvrir des centrales à charbon et même à devoir importer d’Allemagne de l’électricité à des prix défiant toute concurrence. Maintenant, l’Allemagne nous tient par notre dette et a toujours eu intérêt à mettre EDF en faillite. Elle fait depuis plus de dix ans de très mauvais choix imposés par le Verts à madame Merkel et ne sait plus comment s’en sortir.

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