Décervelage mondialisé : d’anciens dirigeants de Facebook passent aux aveux…
Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, dit-on. Mais que penser de cette science qui, consciemment, participe à la ruine des âmes ? Des anciens dirigeants de Facebook n’hésitent plus, aujourd’hui, à lâcher le morceau. Et pas n’importe quels dirigeants, s’agissant de Chamath Palihapitiya et Sean Parker, naguère vice-président chargé de la croissance et président de l’entreprise fondée il y a treize ans par Mark Zuckerberg.
Le premier se sent "immensément coupable" d’avoir "créé des outils qui déchirent le tissu social". Plus grave, à l’occasion d’une conférence donnée en novembre dernier à la prestigieuse université Stanford Graduate School of Business, il continue d’instruire le procès de Facebook : "Il n’y a pas de discours citoyen, pas d’entraide. Il y a de la désinformation. […] Vous ne le comprenez pas, mais vous êtes programmés. Et maintenant, c’est à vous de décider ce que vous voulez abandonner, à quel point vous êtes prêts à renoncer à votre indépendance intellectuelle."
Sean Parker est, quant à lui, encore plus direct, à propos de ce réseau quotidiennement utilisé par plus de deux milliards de petits Terriens : "Dieu sait ce que ça fait au cerveau de nos enfants. […] Les inventeurs, les créateurs comme moi, Mark Zuckerberg, Kevin Systrom, d’Instagram, et tous ces gens avions bien compris cela. C’était conscient. Et on l’a fait quand même." Terrible aveu.
Et c’est ainsi qu’on engendre des monstres échappant à tout contrôle. Sean Parker, toujours : "Les politiques ne devraient pas permettre à Facebook de se réguler lui-même. Parce qu’il ne le fera pas." Car Facebook pèse aujourd’hui plus que nombre d’États. Pis : n’évoque-t-on pas déjà une probable candidature de Mark Zuckerberg à la Maison-Blanche ? Facebook est devenu un royaume n’ayant plus de comptes à rendre à quiconque. Royaume des apparences et de la tromperie, du virtuel et du faux : fausse solidarité, faux amis, faux liens sociaux, faux rapports amoureux. C’est un simulacre de vie. Une imitation du réel qui tend désormais à supplanter la réalité.
Pas besoin d’être psychiatre ou sociologue pour en mesurer les effets mortifères sur les grands et, surtout, les moins grands. Harcèlement pouvant conduire au suicide, car exacerbant les mauvais instincts de chacune et chacun. Exhibitionnisme de chaque instant, consistant à déballer sa vie privée ; vie souvent privée de tout, en l’occurrence. Et flicage mondialisé, l’une des finalités de Facebook étant de collecter toujours plus de données personnelles afin de les revendre à des groupes marchands, eux-mêmes tout aussi mondialisés.
Voilà qui donne à réfléchir, à quelques jours de la Nativité, miracle de l’incarnation, sur cet infernal déferlement du vide. Les deux repentis de cette entreprise aux airs de nouveau Moloch auraient-ils fait, à leur façon, une sorte d’œuvre sainte ? Sans nul doute.
C’est peut-être cela, aussi, la magie de Noël.
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