Déclin de l’industrie française : Macron va-t-il redresser la barre en 2018 ?

On entend dire que la France est une grande friche industrielle depuis que la mondialisation conduit les firmes, devenues multinationales, à implanter leurs unités de production dans les régions où le coût de la main-d’œuvre est faible. Mais une entreprise, fût-elle multinationale, n’est pas seulement un ensemble de pôles d’emploi (!) que certains territoires ont la chance d’abriter. Ses performances dépendent surtout de la politique managériale adoptée : la gestion des coûts, l’allocation des ressources, la réactivité en période de crise ou face à la concurrence.

Qu’avons-nous constaté en France en 2016 et en 2017 ?

En mars 2016, Thomas Piquemal, directeur financier d’EDF, démissionne en raison de son désaccord avec la direction sur le projet de construction de réacteurs EPR à Hinkley Point au Royaume-Uni. En septembre 2017, la fusion entre le français Alstom et la branche matériel roulant et signalisation ferroviaire de l’allemand Siemens était officialisée, et le deal est manifestement à l’avantage du second. Plus récemment encore, les dettes d’Altice, maison mère de SFR, ont été dégradées par les agences de notations Moody’s et S&P, et le cours de bourse d’Altice a perdu 60 % au cours du mois de novembre.

Chacun de ces exemples contribue à illustrer un délitement de ce qui a fait la fierté de la France dans les années 1970, son industrie, bien que quelques « champions nationaux », comme Total ou LVMH, dominent encore le CAC 40 et soient mondialement reconnus comme des acteurs incontournables de leur secteur.

Thomas Piquemal a essayé en vain de montrer que Hinkley Point était un gouffre financier. Il y a pourtant eu plus d’une anicroche : Areva, partenaire d’EDF dans le consortium, a commencé à connaître de sérieuses difficultés dans son activité de… construction de réacteurs EPR. EDF a donc été appelé par l’État à soutenir Areva. Puis, voyant que le projet Hinkley Point effrayait les investisseurs, Piquemal a essayé d’organiser une augmentation de capital. Mais l’État, actionnaire à 85 %, a refusé. Constatant l’impasse, le directeur financier n’avait plus d’autre choix que de démissionner.

Il est tentant de présenter le rapprochement Alstom-Siemens comme une « fusion entre égaux » mais lorsqu'une consolidation est nécessaire dans un secteur donné, c’est souvent que l’acteur actuel a besoin d’un soutien externe. C’était, du moins, la situation d’Alstom. Souvenons-nous qu’Alstom est issu de la Compagnie générale d’électricité, privatisée et démantelée en 1987 car ce conglomérat était devenu impossible à gérer. En 2015, son activité électrique a été vendue à General Electric pour tenter de redresser le groupe. On peut considérer qu’Alstom a eu de la chance de pouvoir fusionner avec Siemens, car la direction du groupe allemand a longtemps pensé que General Electric avait été choisi par anti-germanisme lors de la précédente cession. Et si la France a dû abandonner ses conglomérats les uns après les autres faute de trouver le bon modèle de gestion, Siemens est la preuve que l’Allemagne est capable de conserver les siens. Et l’Allemand rachète le Français…

Quant à Altice, sa situation actuelle reflète les errements du secteur des télécommunications en France ces dernières années. L’arrivée de Free a forcé Bouygues, Orange et SFR à comprimer leurs marges et à innover massivement - par la fibre, notamment. Tout cela a un coût et les dettes se sont accumulées. Altice en fait les frais ces dernières semaines, contrainte de vendre des actifs à tour de bras, notamment en Suisse.

Il reste, néanmoins, quelques points positifs pour ne pas désespérer de 2018, notamment l’aéronautique, et cela est confirmé par le deal qui se dessine entre Safran et Zodiac, deux équipementiers français dont le second est déjà très implanté aux États-Unis. Le luxe continue également à conquérir des sommets, à l’image de LVMH, qui a connu une année record.

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