Déconfinement : on se retrousse les manches et on se bouche le nez !
Yaka, yavéka, yapuka, yfokon, yoraka, yzonka, yfodrékon… avec yavékapa et yapukalfer, c’est la litanie quotidienne de millions de Français devenus experts médicaux par la grâce du Covid-19, de Facebook et de politiques qui, c’est bien sûr, sont de grands visionnaires tant qu’ils demeurent dans l’opposition. Ceux-là savaient dès l’origine ce que tous les scientifiques ignorent encore et auraient – il faut les croire puisqu’ils l’affirment – géré toute cette crise avec autant de certitude que de maestria.
La seule vérité dont on ne peut douter est que ce gouvernement, crise sanitaire ou pas, accumule sur son dos une charge de haine que rien ne semble pouvoir endiguer. Quelles que soient ses décisions et ses propositions, l’idéologie ambiante règle leur compte ; c’est toujours mieux ailleurs, y compris quand les déclarations inconsidérées d’un Donald Trump font que son électorat demande s’il doit se shooter aux détergents (les lignes des centres antipoison sont submergées d’appels)...
Rare point de convergence : la difficulté à sortir du confinement sans risquer une nouvelle vague dévastatrice. En effet, rien à ce jour ne garantit que le fait d’être testé positif au virus implique automatiquement qu’on en soit protégé. D’où la mise en garde de l’OMS qui déconseille fortement l’établissement du « passeport d’immunité » que voudraient instaurer la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou le Chili afin de permettre la circulation hors frontières.
Dans les mesures phares annoncées, mardi, par le Premier ministre figure l’identification des « cas contacts », avec un objectif de 700.000 tests hebdomadaires réalisés dès le 11 mai. Acceptons-en l’augure… Le mot d’ordre : « Protéger, tester, isoler. » « Dès lors qu'une personne aura été testée positive, tous les cas contacts, même asymptomatiques, devront être testés. Cette règle d'identification exige des moyens considérables », a dit Édouard Philippe, et la mise en place du processus va nécessiter une organisation qui ne peut se faire sans le concours des collectivités locales.
Comme l’explique, ce matin, Le Figaro, « chaque département sera chargé de constituer des brigades d'enquêteurs, qui seront composées en première ligne des professionnels de santé libéraux [les médecins de ville]. Ces équipes seront secondées par les personnels de l'assurance maladie, des départements, de centres communaux d'action sociale, de mairies ou encore d'associations, afin d'assurer le traçage et l'accompagnement au-delà de la cellule familiale. » Soit une mobilisation estimée, au bas mot, à 30.000 personnes.
Hélas, une mise en place déjà difficile à imaginer sur le territoire l’est plus encore dans les grandes villes. On ne voit guère, à Paris par exemple, comment tracer les gens dans le métro… C’est là où le traçage numérique prendrait tout son sens, mais voilà, l’appli n’est pas prête ; basée sur le volontariat, elle sera refusée par beaucoup et, plus gênant encore, ne fonctionne pas sur les smartphones d’Apple, qui représentent entre 12 et 15 % du marché.
Ce système d’enquête a déjà été testé avec succès dans le monde et plusieurs pays s’apprêtent à le mettre en œuvre. La Corée du Sud l’a initié et « nos voisins belges s'attellent actuellement au recrutement de quelque 2.000 enquêteurs, issus de la société civile » quand l’Allemagne prévoit, pour sa part, d'en « déployer 20.000 et réfléchit à mettre l'armée à contribution ». Aux États-Unis, où les gouverneurs sont souverains dans leurs décisions, l'État de Californie « planifie l'introduction d'une brigade de 10.000 “traceurs” ».
Reste qu’il n’y aura pas de miracle sans la responsabilisation et la coopération de chacun. Il est peut-être enfin temps d’en finir avec la suspicion et le dénigrement systématique de toute initiative. Il sera toujours temps d’en revenir aux guerres picrocholines de la politique politicienne…
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