Déficit, violence : bilan Macron « extrêmement grave » pour Barnier et Retailleau
Le macronisme est passé, en sept ans, de la conciliation des contraires à la schizophrénie assumée : de Bruno Le Maire à Attal et Macron lui-même, les éléments de langage déroulent une propagande à mille lieues de la réalité désastreuse des chiffres de leur bilan. Dans tous les domaines, et notamment ceux, essentiels, où leur échec est patent : les finances publiques et l'insécurité. On savait la situation dégradée, on la pressentait pire que ce que le précédent gouvernement voulait bien en dire, sachant qu'il avait déjà menti, travesti, caché ces chiffres têtus du déficit ou des OQTF non exécutées. Il semble que la réalité soit encore pire, à entendre les premières déclarations des ministres LR du nouveau gouvernement.
Sur le plan financier, c'est Michel Barnier lui-même qui, samedi, sans se départir de son tempérament flegmatique, mais avec gravité, a lâché le morceau. Lors du congrès national des sapeurs-pompiers, il a notamment déclaré : « Jamais un Premier ministre, depuis soixante ans, n'a été contraint de présenter un budget en quinze jours, et ce que je trouve, je le dis sans polémique, est extrêmement grave. Et je pèse mes mots. » Le Premier ministre a enfoncé le clou dans un entretien au Journal de Saône-et-Loire : « J’ai trouvé une situation très dégradée, beaucoup plus dégradée que cela a été dit. » Ce que je trouve ? Un déficit public qui, loin des 5,1 % du PIB comme prévu mensongèrement par le gouvernement Attal, dépasse allègrement les 6 % ! Du jamais-vu depuis 1945, hors crise (financière ou Covid) ! Une dette publique dont les taux s'envolent, dépassant ceux de pays comme... la Grèce !
"Ce que je trouve, je le dis sans polémique, est extrêmement grave, et je pèse mes mots"
Michel Barnier s'est exprimé sur le court délai qu'a son gouvernement pour présenter un budget, lors du congrès national des sapeurs-pompiers pic.twitter.com/0h4OJRElwz
— BFMTV (@BFMTV) September 28, 2024
Alors, les vingt-sept députés macronistes emmenés par Aurore Bergé ont beau jeu de publier un texte, dans La Tribune, refusant catégoriquement toute hausse d'impôts ! Comme si le trou abyssal qu'ils ont laissé n'allait pas nécessiter une action vigoureuse aussi bien sur les dépenses que sur les recettes, comme nous y prépare Michel Barnier, qui envisage de faire contribuer davantage ceux qui le peuvent, « de manière exceptionnelle et temporaire ».
Mais le toupet des macronistes ne se limite pas à leur domaine d'excellence, les finances. Sur la catastrophe sécuritaire, ils s'accrochent toujours au magistère de la parole, à commencer par le premier d'entre eux. Réagissant au meurtre de Philippine, dont l'auteur serait un clandestin marocain déjà condamné et sous OQTF, Emmanuel Macron n'a-t-il pas osé déclarer : « Évidemment, la Justice fera son travail », ajoutant qu'il fallait, « pour mieux protéger les Français », et demandant au gouvernement Barnier, « [à] le faire, le faire, le faire, et moins dire ».
Mais voilà qu'en ce domaine aussi, où le chef de l'État se fait donneur de leçons, le bilan est catastrophique, et pire qu'annoncé. Ce serait simplement risible s'il n'y avait ici, derrière ces chiffres terribles de l'insécurité, des horreurs, des vies brisées, des familles meurtries à jamais. Cette fois, c'est le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui lève une partie du voile sur le bilan de Macron et d'Attal, dans une interview au JDD au titre choc : « Il faut renverser la table en mémoire de Philippine. » Il y confie, en particulier, son effroi à lire chaque matin le compte rendu des événements de la nuit, cette « chronique devenue trop banale de faits abominables » dont, ajoute-t-il, « les médias ne connaissent qu’une toute petite partie ». « Une toute petite partie » : de quoi clouer le bec à la rhétorique journalistique mainstream de la gauche qui ne parle que de « faits divers montés en épingle ». De quoi, aussi, justifier le travail remarquable de médias alternatifs comme Boulevard Voltaire, qui vont chercher ces informations que l'on cache ou minimise.
On ne sait pas ce que donnera et ce que durera ce gouvernement Barnier (et Michel Barnier lui-même a fait preuve d'une louable lucidité à ce sujet devant les sapeurs-pompiers), mais s'il réussissait enfin à dire la vérité et à amorcer un redressement, il ne serait pas complètement vain. Son paradoxe, sa faiblesse, mais peut-être sa force, aussi, sont d'avoir à gérer un bilan macroniste catastrophique tout en reposant sur une majorité essentiellement macroniste. Pour le Savoyard comme pour le Vendéen, il y a là un chemin escarpé. Mais ce bilan en forme de boulet peut devenir leur arme favorite à renvoyer dans les quilles macronistes quand un Attal, un Le Maire, un Macron ou un Darmanin, trop heureux d'en être délestés, reprendront leur rôle de petits coqs. Et, dans l'immédiat, en prenant à témoin l'opinion (et les groupes RN et ciottiste à l'Assemblée), un moyen de pression sur un groupe macroniste bien trop oublieux, et de ce bilan, et de sa défaite.
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 02/10/2024 à 15:26.
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire
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123 commentaires
… et encore ! Ils sont de la famille. Ils ne chargent pas trop la barque ; ils euphémisent. Extrêmement grave en langage modéré, ça correspond à quoi ?
Je vais passer pour un complotiste ou autre espèce de moins en moins rare mais à mon sens Barnier n’a pas été choisi au hasard : en européiste convaincu, qualité très chère à Macron, il vient terminer le sale travail de ses prédécesseur.
Lui dont le parti est quatrième en nombre de députés à l’AN et se retrouve au pouvoir, avec son allure flegmatique ses alliés se disent que la pilule sera plus facile à faire avaler aux français. Et oui il va falloir passer une énième fois à la caisse ! C’est tout de même incroyable qu’un Etat se plante et qu’on demande encore et toujours au peuple de renflouer les caisses. Que diable commerçant dans mes jeunes années quand j’étais en difficulté aucun de mes clients n’est venu à mon secours ! Et heureusement.
En coulisse, Ursula VDL se frotte les mains, la France entre en perfusion sous tutelle de l’UE : plan d’austérité de six ans. Après… quel sera cet après ? L’UE nous aura déjà soumis à l’identité numérique et autre monnaie numérique et la boucle sera bouclée, contrôle social à la chinoise, le tout en douceur, lentement mais sûrement…
Conclusion, je cite Huxley : « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader… »
Quand un responsable d’une société privée fait des erreurs monumentales non seulement on le vire mais en plus dans bien des cas il rend des comptes devant la justice. Je ne vois donc pas pourquoi il n’en serait de même pour nos chers dirigeants, chef d’état en tête , Aucune immunité pour les faits qui leurs sont reprochés (banqueroute et trahison). La justice doit être égale pour tous à commencer par cette bande de politicards.
Il faut un culot incroyable de la part de Macron pour oser donner comme consigne pour mieux protéger les Français : »le faire, le faire, le faire et moins dire », quand depuis sept ans qu’il sévit et tous les macroniens avec lui, n’ont fait que dire et ne rien faire. Vraiment aucune pudeur.
Pourquoi se gênerait-il puisque personne ne s’oppose à lui ?
Nous attendons des poursuites judiciaires à l’encontre, principalement, de Borne qui a engagé la responsabilité de son gouvernement, et de LeMaire qui n’a cessé de creuser le déficit et de mentir. On a poursuivit pour 2 costards. Pour 1 000 milliards d’€uros, il y a plus de motivations.
Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps,vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps,mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps
Abraham Lincoln
Et de compléter par Aldous Huxley : « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude…. »
Et que veut il faire pour redresser le budget : ponctionner une fois de plus le français laborieux comme tous ls autres avant lui , jamais ils ne songent à baisser leurs salaires et avantages quand à l’insécurité on attend de voir comment il va gérer .
Apparemment, il n’est pas du même avis que son ministre des finances Armand qui semble faire des discours dans un état d’intoxication avancé. C’est bien d’avoir recadré ce bonhomme, on ne peut pas le laisser se moquer des Français qui vont payer l’addition de 7 années de gaspillages. Bon point pour Barnier.
Cacher cette naïveté que je ne saurai voir : Barnier n’est que l’idiot utile de la macronnie venu terminer, avec ses lâches copains de LR, le sale boulot de ses prédécesseurs !
Nous sommes en instance, si ce n’est déjà fait, de mise sous tutelle de l’UE : plan de six ans d’austérité, qui de mieux qu’un personnage au flegme légendaire pour faire avaler la pilule aux français ?
Bilan…Etat des lieux..;magouilles…tout le monde ne sera pas surpris du désastre après 7 ans de pouvoir .
Le pire c’est de voir les responsables de cette situation pousser des cris de vierges effarouchées quand ils osent repousser une augmentation d’impôts ou des coupes sérieuses dans les dépenses….Le maillot jaune de cette situation , B.Lemaire devrait se faire oublier !
Et malgré tout cela , des ministres macronistes tous parfaitement au courant de ces malversations, ces actions délictueuses, ces magouilles dignes d’une association de malfaiteurs, des macronistes en nombre ont été reconduits au gouvernement …. Complicité de leur part , complicité de macron , complicité de Barnier ..vous pouvez expliquer de toutes les façons possibles et inimaginables…tout ce Gouvernement savait sauf peut-être les derniers arrivés
BV serait bien inspiré de s’intéresser et de faire connaitre au grand public la courbe de Laffer. Laffer est celui qui a démontré que trop d’impôts tue l’impôt. Autrement dit, passé un certain taux, un impôt voit son rendement décroitre tout simplement parce que les contribuables, particuliers ou entreprises, adoptent des stratégies d’évitement. La principale stratégie d’évitement consiste tout simplement à aller voir ailleurs si l’herbe fiscale est plus verte. Ceci est particulièrement grave lorsqu’il s’agit d’entreprises. Et ce pour deux raisons fondamentales : la première est qu’une entreprise nationale ou étrangère, choisira de ne pas investir en France. Ce faisant, la base taxable, TVA, IRPP, etc. va disparaitre purement et simplement. Les socialistes expliquent tout tranquillement que cela est faux, puisqu’un état est dans l’impossibilité, tout à fait réelle, d’évaluer le manque à gagner, puisqu’on n’a jamais vu un chef d’entreprise dire à un ministre qu’il ne va pas investir en France…
La seconde tient au fait qu’une entreprise déjà présente en France cherchera la première occasion pour fuir le pays, avec là-aussi une diminution de la base taxable. Ce même raisonnement vaut pour un particulier fortuné qui choisira d’aller vivre en Suisse.
De plus dans les deux cas, on est certain d’augmenter le chômage. On ne créera pas d’emploi nouveaux et on fera disparaitre les emplois existants. Enfin, cerise sur ce triste gâteau, les riches iront dépenser leur argent ailleurs. Et c’est cet « ailleurs » qui touchera la TVA qu’ils paieront.
Alors non ! ll ne faut surtout pas augmenter les impôts mais tailler à la tronçonneuse dans les dépenses inutiles !
C’est exactement ce qui se passe avec les entreprises du CAC 40 qui réalisent 80% de leurs profits hors de France (et sont détenues à 50% par des capitaux étrangers). Ce sont les PME qui sont créatrices d’emplois en France, mais ce sont elles qui sont étranglées par la fiscalité, les charges sociales, les normes ,les obligations déclaratives, et les contraintes « sociales »
Très bien expliqué. Je suis parfaitement d’accord avec vous.
D’où « le coup de poignard dans le dos » de macron aux entreprises lorsqu’il a fracassé ALSTOM ! … Les « grosses entreprises » font de l’optimisation fiscale et macron a fait du « matraquage fiscal » sur les restantes ! …
Excellente analyse : enfin un qui a tout compris !
Barnier n’est qu’un subterfuge, l’homme de main qui va continuer à détruire le pays. Pays qui est , ou ne tardera pas, à être en mise sous tutelle de l’UE. je vois VDL se frotter les mains : excellent boulot Macron et consorts !
l’augmentation des impôts ne sera pas suffisante il faut rogner dans les dépenses publiques
en priorité les subventions souvent moyen de financer les uns et les autres.
– il n’est pas normal que l’état subventionne des artistes médiocres;
– il n’est pas normal que l’état subventionne des associations à tout va, nous n’avons plus les moyens
– il faut diminuer le coût de fonctionnement de l’état , en supprimant le mile feuille administratif.
– diminuer le cout de L’Elysée , des assemblées, diminuer le nombre de ministère.
Supprimer les départements ou les régions ,
…….
Comment qualifie-t-on l’auteur d’une prévision mensongère « Un déficit public qui, loin des 5,1% du PIB comme prévu mensongèrement par le gouvernement Attal, dépasse allègrement les 6% » ? Le 1er ministre actuel vient de qualifier le gouvernement Attal de menteur, donc son chef, soit Attal et son Ministre de l’économie Le Maire, pas de réaction ? Et le Ministre de l’économie de Michel Barnier, Antoine Armand, qui a félicité le même Le Maire de son bilan, il s’est déclaré « chanceux d’hériter d’un tel bilan » ! Un ministre de cet acabit peut-il rester ministre ? Peut-on faire confiance au 1er ministre qui conserve un tel ministre à un poste de cette importance ?
Quiconque a déjà fait un petit peu de gestion dans sa vie sait qu’il est tout à fait possible de se tromper. Ceci est principalement, mais pas uniquement, dû au fait que les recettes fiscales dépendent de l’activité économique. Or celle-ci a un électroencéphalogramme quasi plat, autour de 1%. Chiffre que l’inénarrable Bruno Lemaire qualifiait d’extraordinaire… Par prudence un bon gestionnaire aura tendance à surestimer les dépenses et à sous estimer les recettes. Le problème avec la macronie c’est qu’elle fait l’inverse nous expliquant que les dépenses sont autant d’investissements qui nous permettront de retrouver la croissance…
Voilà ce qui arrive lorsque l’on enseigne seulement les bêtises keynésiennes à Sciences Pipeau et à l’ENA et qu’on ne parle pas de l’Ecole de Chicago, sauf pour la dénigrer.
Mention spéciale à Antoine Armand pour son extraordinaire panégyrique de l’oeuvre de Bruno Le Maire… à la place de Barnier j’aurais appuyé sur le bouton du siège éjectable !