Demain, la guerre civile ?
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Le débat politique semble devoir définitivement se cristalliser autour du danger constitué par l’éventuelle arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et du Rassemblement national. Ils sont tous paralysés par la peur de perdre leur pouvoir et leur incapacité de proposer une politique à la hauteur des enjeux du moment. En cela, c’est plutôt rassurant…
Pour autant, l’incapacité de notre classe politique à nourrir un discours constructif à la veille d’une échéance déterminante, et alors que la situation politique, sociale et économique est d’une gravité inégalée, a vraiment de quoi nous inquiéter. Pourquoi cette inquiétude ?
Tout simplement parce que nous sommes au bord de la guerre civile et que si, d’aventure, comme ils le craignent, le Rassemblement national devait arriver au pouvoir sans bénéficier de l’appui du ralliement d’une partie de la droite dite républicaine, le pays serait définitivement à feu et à sang, bloqué, ingérable. De ce point de vue, l’arrivée au pouvoir de ce parti serait, effectivement, porteuse de risques… si d’aventure, toutefois, la guerre civile n’avait pas éclaté au préalable…
Il est donc par ailleurs rassurant de voir que l’armée continue d’alerter sur la nécessité dans laquelle l’État se trouvera à plus ou moins brève échéance de faire appel à ses services pour que nous puissions espérer retrouver un minimum d’ordre. Nul doute que la nouvelle lettre va susciter de nouvelles réactions et de nouveaux cris d’orfraie de tous ceux qui voient l’hallali de leur système dans l’imminence de l’arrivée des turbulences sociales et politiques en gestation.
La faillite de la politique confiée aux partis est évidente. La banqueroute est pour bientôt…
Simone Weil nous avait pourtant prévenus lorsqu’elle avait écrit un texte précieux dans lequel elle affirmait la nécessité de l’interdiction des partis politiques pour que puisse vivre la démocratie. La conception que nous avons de cette dernière et l’abandon que nous avons fait des clés du système démocratique auxdits partis constituent l’échec le plus flagrant de l’évolution d’une Ve République qui avait pourtant été constituée à l’origine afin d’essayer de sortir d’une impasse déjà éclatante sous la IVe République.
Que peut-il se passer ?
L’avenir nous le dira, mais il appartient à ceux qui sont encore capables de réfléchir en s’affranchissant de tous les blocages, qui ont parfaitement été analysés par Eugénie Bastié dans son dernier livre La Guerre des idées, d’imaginer une sortie de crise. Cette sortie de crise ne pourra pas résulter du fonctionnement de cette démocratie-là, phagocytée, volée et dénaturée.
Sans doute y aura-t-il encore quelques soubresauts. La France se livrera-t-elle, une fois encore, au pouvoir d’un apprenti magicien qui aura inventé un nouveau « en même temps », Michel Barnier par exemple ? Mais cela ne sera que de courte durée ; un feu de paille de plus.
La France, mère des arts et de la politique, va devoir se réveiller et imaginer quelque chose d’autre. Elle en a les moyens ; le monde l’attend… Puissance de second ordre, comme se plaît à le souligner Jacques Attali avec morgue et condescendance, elle a toujours été une puissance politique de premier ordre !
C’est, pour ma part, le souhait que je formule. Je sais que nous pourrons compter sur nos militaires.
Je ne rêve pas d’un coup d’État. J’espère simplement - peut-être est-il encore temps pour que cela se fasse dans la paix ? - que se lèveront des hommes capables de mener une politique au service de laquelle notre armée se mettra. Une politique soucieuse de la gestion du bien commun et de la chose publique. Une politique exclusivement préoccupée par le bien des citoyens français et de la France.
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Christian Estrosi