Démission de Macron : hier un slogan, aujourd’hui une option ?

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« Macron démission ». On se souvient de ce slogan lancé par les Gilets jaunes. C’était à la charnière des années 2018 et 2019. Il y a une éternité. À l’époque le macronisme arrogant régnait en maître absolu sur le pays, l’Assemblée était aux ordres et Castaner faisait barrage aux « factieux » avec la sévérité que l’on sait. La jacquerie termina mal, comme toutes les jacqueries en France. Six ans plus tard, « Macron démission » n’est plus un slogan placardé à la va-vite sur un rond-point de « nos territoires » mais une éventualité envisagée très sérieusement, y compris dans le « camp de la raison ». Marc Baudriller l'évoquait ici même, la semaine dernière. Dernier responsable politique, hors Jean-Luc Mélenchon et son fun club, à envisager sérieusement cette option : Hervé Morin, président du conseil régional de Normandie, ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy et président du parti Les Centristes. Bref, l’homme n’est pas spécialement un factieux, un populiste, un extrémiste. Ce mardi 3 décembre, sur LCI, il n’y est pas allé par quatre chemins : « Puisque le pays n’a pas voulu donner de majorité au parti d’Emmanuel Macron, puisque l’Assemblée nationale n’a pas donné sa confiance au gouvernement qu’il a nommé, il faut que le président démissionne ».

 

 

Il y a encore quelques mois, une telle déclaration ne pouvait émaner que du camp « populiste », pour ne pas dire « complotiste » ! Des Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan, quand le Rassemblement national s’en est toujours gardé, ne réclament-ils pas, de longue date, non pas la démission, mais la destitution d’Emmanuel Macron ? En 2021 déjà, lors de ses voeux à la presse, en pleine crise Covid, celui qui était encore député de l’Essonne estimait que la destitution du chef de l’État était une question qui se posait. « Faudra-t-il en arriver là, pour qu'il rende des comptes à la nation, pour qu'il cesse de détruire notre démocratie, pour qu'il cesse de nuire ? », avait déclaré sur Europe 1 le président de Debout la France. «  À un moment, quand des ordres sont stupides et inefficaces, le peuple se rebelle », avait-il ajouté. En avril 2023, Dupont-Aignan récidivait au micro de Sonia Mabrouk : « La France est trop fragile pour continuer à avoir tant d'inégalités, tant d'injustices, tant de gaspillages financiers, il faut mettre une pause et repartir sur des bases saines, sinon on ne pourra pas tenir quatre ans. Moi, j'engagerais la destitution de cet homme dangereux ». Un an plus tard, vinrent les élections européennes et la dissolution, acmé du chaos d’aujourd’hui. La destitution ? Les députés LFI ont échoué lamentablement en octobre dernier dans ce qu’on pourrait qualifier d’entreprise de communication vouée à l’échec.

Redonner de la confiance

Mais la démission ? Après le très sérieux Charles de Courson, le très Macron-compatible Jean-François Copé, c’est donc maintenant un centrise incontestable qui vota Macron en avril 2022 car selon lui, « il n’y a[vait] pas d’autre choix ». Et que dit aujourd’hui l’élu normand ? Pas « p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non » ! Non. « Le seul objectif de tout le monde, c’est de concentrer la crise politique pour que la crise politique amène à la conclusion qui apparaît comme une évidence, c’est qu’il faudra un jour ou l’autre qu’Emmanuel Macron en tire complètement les conséquences et qu’il démissionne… » Et Morin, qui préside une région dont la première compétence consiste à soutenir le développement économique, de rappeler que « le principe de l’économie c’est la confiance »… Pour redonner confiance au monde économique, il faut a minima clarifier la situation au sommet de l'État. Tout le contraire de ce que disent les macronistes, Gabriel Attal en tête qui, mardi, martelait sur le thème de la « stabilité » nécessaire à notre pays. Pompier-pyromane : un métier en plein essor.

Crime de lèse-majesté

Alors, bien sûr, le dernier carré des défenseurs du forcené de l’Élysée donne de la voix et hurle au crime de lèse-majesté. Ainsi, le député Mathieu Lefèvre estime que la démission d’Emmanuel Macron « est totalement impensable ». Impensable ? Bah si, puisque certains y pensent ! Une idée qui, selon lui, serait « délétère pour la grandeur du pays ». Carrément. Il est vrai que la tournée africaine de Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, la semaine dernière, nous a donné une belle image de grandeur de la France sous la présidence d’Emmanuel Macron. On peut comprendre aussi que c'est surtout « totalement impensable » dans la tête d'Emmanuel Macron. La preuve : en marge de son voyage en Arabie saoudite, le Président a confié qu'il excluait l'option de sa démission : « Je serai président jusqu’à la dernière seconde ». Dont acte.

 

Alors, impensable ? L’Histoire nous montre que ce qui était impensable à un moment donné, devient réalité et que, parfois même, la réalité peut largement dépasser ce qu’on avait pu imaginer ou penser. Un exemple ? Les événements qui se déroulèrent au mois de mai 1958...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

41 commentaires

  1. « Des Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan, quand le Rassemblement national s’en est toujours gardé, ne réclament-ils pas, de longue date, non pas la démission, mais la destitution d’Emmanuel Macron  »

    Ils ont raison!
    Il faut une destitution et non une démission!
    Pour le même résultat, il y a l’humiliation en plus.

  2. La question est surtout : »après »… Cela peut difficilement être pire donc peut-être a-t-on touché le fond. En écoutant Barnier hier j’ai noté que d’économies faites par l’Etat il ne parle pas. Il a laissé le déremboursement de côté mais pour combien de temps ? Où sont les réductions d’effectifs dans les Ministères ? Dans tous les services de l’Etat qui souffrent d’une hyper bureaucratie ? Rien ! Il agite les peurs et se réfugie derrière les quelques 10 ou 20€ qu’auraient pu gagner certains mais où sont les 60 milliards à économiser ? La suppression de l’AME car le DSUV suffit amplement (DSUV = Dispositif Santé Urgence Vitale) l’alignement public privé en tout sauf la garantie de l’amploi mais le non remplacement des départs à la retraite avec un plan de formation pour assurer dans tous les services le remplacement des départs par des internes, avec mutation éventuellement ? Où est la privatisation de tout ce qui n’est pas régalien et stratégique pour la France ? Ce budget est un budget sanction des Français a qui l’on reproche que la France a été mal gérée par un gamin narcissique, égocentrique et incapable de voir ou reconnaître ses erreurs ni de s’amender. Et, à ceux qui affirment qu’il a été élu pour 5 ans et que l’on ne peut lui demander de démissionner je dirais que le Général de Gaulle avait été élu pour 7 ans mais que dès l’instant où il a constaté que le peuple n’était plus avec lui il a laissé le pouvoir à d’autres. Macron a été désavoué dans le urnes lors de l’élection européenne et a fait aliance avec LFI et autre pour contrer la majorité qui voulait le RN au pouvoir. Et ils reprochent maintenant au RN de faire alliance avec toute la gauche ! Faites ce que je dis mais pas ce que je fais ! N’est-ce pas M. Atal, M. Barnier et autres qu’il vaut mieux ne pas nommer.

    • 1° Macron n’a pas la carrure de De Gaulle et au final la place est plutöt bonne : il se promène à nos frais , « inaugure les chrysanthèmes » , divise et nous empoisonne la vie, pour son plus grand PLAISIR EGOTIQUE
      Quant aux économies, pourtant faciles à faire en supprimant la « gabegie » administrative, les commmissions théodule , les associations « Bidon » et autres sites informatiques qui ne FONCTIONNENT PAS (100% sciemment buggés) ,Personne ne se penche sur le problème

  3. À force de s’accrocher « jusqu’à la dernière seconde » à son mandat (légitime mais usurpé par deux fois), Macron risque la déchéance par la destitution forcée qui arrive à grands pas sans qu’il en prenne conscience. Comme le dit si bien Brigitte Macron « nous ne méritons pas » un tel homme qui a fait en si peu de temps autant de mal à la France et aux Français.

  4. « Je serai président jusqu’à la dernière seconde », celle qui pourrait précéder la montée dans l’hélicoptère de sauvetage dont les pales pourraient se remettre à tourner dans les jardins de l’Elysée comme lors de l’épisode le plus chaud des manifestations « gilets jaunes »

  5. Bonjour,
    Quand on a le choix des options, dans quel domaine que ce soit, et que l’on possède un minimum de réflexion, on choisit toujours la plus utile. Dans la situation actuelle nous sommes devant le choix entre une grippe sévère et un rhume banal. Entre deux maux l’intelligence est de choisir le moindre. Si la motion de censure aboutit, les français vont contracter un gros rhume, sinon c’est la grippe qui nous emportera inexorablement vers la mort de notre Nation.

  6. Sinon qu’à lui mettre une pression intolérable de par les chutes succesives de divers gouvernements,ce narcissique psychopathe refusera de partir.
    Il n’a aucun sens de l’honneur et continuera son œuvre de destruction de la France tout en rendant le peuple responsable de ses propres turpitudes!

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