Démission de Macron : Marine Le Pen à la hauteur des enjeux de la crise

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Le crépuscule du macronisme est bel et bien en marche, comme le notait Georges Michel, le soir du 9 juin, et même à un rythme accéléré. La preuve ? L'effacement de la figure présidentielle, non seulement des affiches de ses candidats, mais aussi de l'avenir dessiné par les derniers survivants de l'aventure : Le Figaro décrit un Macron « lâché par les siens ». Pour Édouard Philippe, interrogé par TF1, Emmanuel Macron « a tué la majorité présidentielle ». Le mot est fort, mais il a l'avantage de clarifier la responsabilité de la crise. Et ce vendredi, Marine Le Pen a situé l'enjeu au niveau où il doit l'être : celui de la démission du président de la République. En campagne électorale dans sa circonscription, elle a notamment déclaré : « Je n’appelle pas Emmanuel Macron à démissionner. Je suis respectueuse des institutions. Je note juste que quand il y a un blocage politique, quand il y a une crise politique, il y a trois possibilités. Il y a le remaniement, il y a la dissolution ou il y a la démission du Président. Le remaniement, pour le coup, dans cette circonstance, ne m’apparaîtrait pas extrêmement utile. La dissolution vient d’être opérée pendant un an. Il ne restera donc au Président que la démission pour sortir potentiellement d’une crise politique. »

Marine Le Pen a incontestablement le sens du kairos, ce moment opportun des Grecs : à une semaine du premier tour, elle cible le véritable enjeu de cette séquence électorale et de ce qui est déjà, de fait, une crise politique dont le seul et unique responsable est bien Emmanuel Macron. C'est lui qui s'est pris à son propre piège et a mis son effacement dans la balance. Dans tous les cas de figure qui résulteront du second tour (majorité relative et pays ingouvernable, majorité absolue et blocage), la question de la démission du Président sera brûlante, comme nous l'écrivions il y a une semaine. En levant ce tabou pendant la campagne, Marine Le Pen prend les Français à témoin et légitime une éventuelle demande de démission en cas de crise. Mieux : elle en fait un enjeu du scrutin, et une ligne du programme, susceptible de mobiliser davantage d'électeurs. Une nouvelle victoire nette du RN le 7 juillet signifierait aussi cela. Elle n'agit pas autrement qu'un certain Édouard Herriot qui, il y a exactement cent ans, avait posé dès la campagne des législatives la question de la démission du Président Millerand.

Signe des temps : la déclaration de Marine Le Pen n'a déclenché aucun tollé. C'est que la démission d'Emmanuel Macron est présente dans toutes les têtes, gagnant chaque jour davantage d'évidence, et d'abord dans son camp. C'est là l'une des grandes différences avec les cohabitations antérieures, où le Président défait demeurait le chef d'une opposition qui n'avait pas changé de nature (PS ou RPR-UDF). Or, Édouard Philippe l'a fort bien dit : il veut « créer une nouvelle majorité » qui « fonctionnera sur des bases différentes ». Jamais Chirac ni Mitterrand n'avaient perdu leur leadership sur leur ancienne majorité. Et même le Mitterrand de 1993, qui ne pouvait se représenter, bénéficiait d'un respect encore fort de son camp - vieillesse oblige.
Je me demande ce qui était prévu, cette année, pour la Fête de la musique à l'Élysée. La réponse vient de tomber : un discours d'Emmanuel Macron ! Musique !

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

51 commentaires

  1. M. Macron n’est pas un De Gaulle, mais rajouter encore une élection n’est franchement pas opportun. Une erreur suffit.

  2. Monsieur Macron est beau parleur quel orateur pardon quel moulin à vent que de la théorie. Il ose dire que la culture est essentiel, il y a 5 ans en arrière il disait il ni a pas de culture française quel hypocrite ce monsieur.

  3. Macron est tellement persuadé qu’il est « l’homme pour la France », qu’il ne reculera devant rien.

  4. Juste une question si macron démissionne s’en suivrait donc une élection présidentielle, une nouvelle élection législative serait elle organisée ou non vue s’une nouvelle assemblée ne peut être disputé la première année ?

  5. trop FIER cet homme pour démissionner ( mais cela va être très dur et très difficile pour lui )……quelqu’un a dit un jour dans ce pays , il y a deux siècles  » je ne sortirai de là que par la force des baïonnettes  » ….déclaration historique

  6. Macron doit démissionner , sauf que moi , c’est depuis Juillet 2018 que je le ……….. hurle , mais personne ne m’entend !

  7. Pourquoi personne ne réclame la destitution du responsable de l’état du pays , par ses.ministres incapables, par le manque de dignité qu’on est en droit d’attendre d’un président ?
    Bilan catastrophique sur tous les plans….que veut on de plus ??

    • Expertise psychiatrique obligatoire pour tous les dirigeants ! On aurait pu éviter des millions de morts au siècle passé si on avait empêché des psychopathes d’accéder au pouvoir …

  8. S’il Macron ne démissionne pas, Et bien, il l’a dit lui même : « Qu’ils viennent me chercher ». Et Ben, il faudra y aller. Et tant qu’a faire, il faudra aller chercher aussi son ami Fabius…

  9. Je crois, ma petite dame, qu’au lieu de s’occuper du devenir du « tueur » de la France, il serait temps de s’occuper à mettre sur pied un gouvernement de valeur qui avec honnêteté, travail et probité pourrait, au cas où, s’occuper de notre pays. Le temps des petites phrases me semble terminé car il y a plus urgent à faire.

    • Le problème est que le tueur a tout pouvoir et bloquera toute initiative pour sauver la France. Son but est de la détruire au nom de l’UE à la solde des oligarques financiers américains. Il ne démissionnera pas, il faut le destituer à perpétuité.

  10. Quand il évoque « des extrêmes qu’on ne peut pas laisser passer », je pense à lui !

  11. Quel que soit le résultat des élections, le pays sera ingouvernable, soit que le RN et ses alliés obtiennent la majorité absolue, et alors TOUT le système se mettra en ordre de bataille, dans les cours comme dans la rue, soit la droite nationale n’a qu’une majorité relative, et le foutoir se généralisera. Deux issues: soit le président démissionne, soit il active l’article 16. Dans ce dernier cas, il sera temps de remettre le coup d’Etat à l’ordre du jour. Je vous laisse imaginer lequel et dans quels buts (pluriel).

  12. Bon il démissionne et alors ? Même si MLP ou JB est élu il restera toujours une Assemblée Nationale sans majorité, donc rien ne sera résolu.

  13. Détail : il y a cent ans, en 1924, la question s’est posée non pour « le président Doumergue » (sic), mais pour le président Alexandre Millerand, retiré de ses fonctions en 1924 et remplacé par Gaston Doumergue, qui accomplit son septennat de 1924 à 1931.
    Étrange en effet : le « pour Macron » de 2017 contre un « FN » lourd de son passé, s’est INVERSÉ aujourd’hui en faveur du RN. Mais le débat reste : une présidentielle future, où l’on pose à tous les Français la simple et seule question : « Voulez-vous rester dans l’UE (américanisée et devenue guerrière), dans le commandement intégré de l’Otan, dans l’Otan, dans l’€ ? »
    Le Peuple attend depuis le référendum VOLÉ en 2005 par Sarkozy et ses suivants, devenus « Bruxellois ». Non sans la complicité d’apparatchiks vivant de « l’UE » et de leur électoralisme : dont l’ex-« Pcf » moribond, le « libéral » Glucksmann ex-sarkoziste « de Georgie et de Maïdan », LFI du politicien professionnel Mélanchon oublieux du crime contre l’Humanité hamassien (aidé par la Russie et l’Iran ?) du 7 octobre, etc… Trancher libèrera la France sur le fond.

  14. Macron restera jusqu’à la fin de son mandat, je crains. Mais qu’est ce qu’on a fait au bon dieu pour que notre pays soit dans cet état !.

    • Les hommes ont chassé Dieu, pour se prendre eux mêmes pour Dieu. On voit le résultat… Donc retroussons nos manches et prions

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