Députés : l’Assemblée en mode essoreuse 

assemblée nationale

« Je me suis réveillé un matin complètement bloqué. Impossible de me lever. » Ce député du groupe RN raconte cela sur le ton de l’anecdote, mais cela révèle un phénomène beaucoup plus large. « Je n’ai jamais vu cela à ce point », confiait le médecin de l’Assemblée qu’un autre député était venu consulter pour une grosse fatigue. Des conséquences médicales liées directement au rythme endiablé avec lequel l’Hémicycle est obligé d’examiner projets, propositions et amendements.

« Le problème n’est pas tant que les députés travaillent trop mais plutôt que le rythme les force à travailler mal », avance le vice-président de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu, qui poursuit : « Ce n’est jamais bon ni sain de légiférer sur des sujets importants à 3 heures du matin. » Dans les faits, les députés accusent le coup de semaines de 60 à 70 heures dans une ambiance parfois électrique. « On a vu des députés du groupe socialiste faire des malaises, le tout dans une ambiance rendue délétère par les obstructions systématiques et les recherches de buzz de la NUPES », râle un député du sud de la France.

Malgré ces griefs, très peu de députés veulent décliner leur identité. « On a conscience que des députés qui se plaignent de leurs conditions de travail, c’est inaudible pour la plupart de nos compatriotes en ces temps de crise », souffle Nicolas Meizonnet. Le député RN du Gard confirme que « la charge de travail s’est considérablement alourdie par rapport au quinquennat précédent ». Pour l’élu gardois, cela empiète forcément sur le temps en circonscription. « Un aller-retour à Paris, c’est déjà une journée complète sur la semaine », déplore-t-il

Prévenir la détresse des élus

« J’organise toutes les mardis matin un petit déjeuner avec un petit groupe de 7 ou 8 députés pour prendre connaissance de leurs retours d’expérience, c’est aussi dans ces moments-là qu’on peut déceler des problématiques personnelles », affirme Sébastien Chenu. « En tout cas, certains collègues le disent déjà : en cas de dissolution, ils ne se représenteront pas », chuchote un élu de l’opposition. Il serait illusoire de croire que ce blues touche uniquement l’opposition : dans la majorité, on se plaint aussi du rythme des séances. On est bien loin de la tranquille chambre d’enregistrement du mandat précédent. « Je refuse ce procès en surcharge de travail. On a été élus pour faire la loi et si on doit travailler jour et nuit, on travaillera jour et nuit », défend Mathieu Lefevre, député Renaissance du Val-de-Marne, chez RMC, ce mardi matin.

Si une commission dédiée à ce sujet devait se réunir ce mardi à l’Assemblée nationale, certains se veulent rassurants : « On aurait tous à gagner si on retrouvait un peu de sérénité, conclut Sébastien Chenu. Les députés, la présidente et même Emmanuel Macron qui a quand même besoin de l’Assemblée pour avancer sur son programme... »

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Les pauvres chéris ! Il est certain que c’est un énorme bouleversement pour ceux habitués aux 35 heures pépères. Avez-vous déjà entendu un cadre du privé se plaindre qu’il faisait trop d’heures ? Dans les nouvelles générations peut-être. 60/70 heures par semaine, c’était la routine de beaucoup de cadres du passé, qu’ils aient été en Production ou en Services. Ajoutons, sans burn-out.

  2. Quand on occupe une fonction qui ne nous convient pas pour X raisons on prend un autre job ,mais certainement moins lucratif. Il faut juste savoir ce qu’on veut! Zut j’en ai assez d’entendre les gens se plaindre.

  3. C’est pour ça que l’hémicycle est toujours au 2/3 vide? Je vais faire mon demago, mais j’ai beaucoup de mal à penser , au regard entre des retournements de veste des uns et des autres, que ces députés s’ascieraient sur le traitement de 7500€ mensuels.

  4. On peut comprendre que des séances s’éternisent , mais elles seraient fortement écourtées si on allait à l’essentiel et ne pas s’invectiver , se démentir , en somme tout simplement parler pour ne rien dire!!!
    Les français n’attendent pas de cette assemblée des violences verbales mais des décisions concrètes et mesurées pour leur vie de chaque jour ( exemple : des heures de palabres pour ou contre la Corrida, l’urgence n’est pas là ; autre : l’IVG inscrite dans la Constitution , etc…) ; nos députés feraient mieux de prendre un peu de repos ainsi leur attitude s’en ressentirait.

  5. c’est la tactique de la « renaissance » empêcher aux députés d’être dans leurs circonscriptions pour les discréditer, vieille comme le monde mais ça marche encore.

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