Derrière la réforme des retraites : l’élimination progressive des sédentaires

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En dépit de la trêve des confiseurs, la France reste en ébullition, et ce, après la réunion multilatérale avec l'ensemble des organisations syndicales tenue à l'hôtel Matignon, le jeudi 19 décembre, dans le cadre de la grève des transports et des services publics qui perdure depuis le 5 décembre : sous la conduite du Premier ministre Édouard Philippe, les négociations bloquent sur l'âge pivot, de 62 ans, repoussé à 64, avec l'introduction d'un « système à points », selon les dires des médias de masse.

Pourtant, l'enjeu à long terme est tout autre : la préparation du peuple français à l'acceptation de la retraite par capitalisation, signifiant la fin du régime par répartition, pilier essentiel du modèle social hérité du Conseil national de la Résistance, à l’aune de la double exigence gaullienne de Sécurité nationale et de Sécurité sociale. Mais, à présent, comme les règles ont bien changé ! Désindustrialisation et précarisation (suppression des contrats à durée indéterminée) obligent, les syndicats ont perdu énormément d’adhérents (moins de 8 syndiqués pour 100 salariés, d’après l’Institut supérieur du travail) et ne représentent, donc, quasiment plus personne.

Sur l'autel d'une dette publique abyssale – atteignant les 100 % du PIB – menaçant la crédibilité de la technocrature de Bercy vis-à-vis des marchés financiers, pour emprunter toujours plus de fonds via des taux préférentiels, le Président Macron était contraint d'accélérer le rythme de la casse sociale, sans compter les 17 milliards d’euros déboursés pour calmer les gilets jaunes, sous l'onction de la Commission européenne (par l'intermédiaire de Pierre Moscovici, commissaire français aux affaires économiques et monétaires, de 2014 à novembre dernier). À vrai dire, la France, c'est déjà la Grèce, car la Troïka Commission européenne-Banque centrale européenne-Fonds monétaire international la surveille comme le lait sur le feu. Alors, au nom des graphiques technocratiques et des investisseurs étrangers, il fallait bien continuer à tondre la laine des précaires « réfractaires ».

Au niveau national, ce nouveau système ne pourra que creuser les inégalités entre winners et losers de la start-up nation macronienne. Telle une piste d'athlétisme, chacun devra courir pour lui-même, sans se soucier de ceux qui traînent la patte derrière. Et, selon les paramètres de l'uberisation exponentielle, cette compétition malsaine s'accélérera, celle entre les nomades et les sédentaires : entre ceux qui multiplieront les contrats courts pour récolter des clopinettes et ceux qui s’endetteront au profit des vendeurs des paris sportifs. In fine, derrière la fameuse « justice sociale » prônée par les ultralibéraux ne se dissimule qu'un savant darwinisme social. Puis, sur le plan international, il s'agira d'encourager les migrations et des salariés et des allocataires. Ainsi, le sédentaire devra disparaître.

Il n’est donc pas étonnant que Jean-Paul Delevoye, récemment démissionnaire de son poste de haut-commissaire aux Retraites, se soit référé à un document de l’ONU datant de 2000 pour légitimer l’arrivée massive, à très long terme, de 50 millions d’étrangers sur le Vieux Continent. À l’évidence, un thatchérisme français qui ne craint plus rien. Car il faut dire que le transhumain sera une particule ou ne sera pas.

Henri Feng
Henri Feng
Docteur en histoire de la philosophie

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