Derrière la rencontre avec Kim Jong-un, la complicité affichée de Donald Trump et Vladimir Poutine…
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À défaut d’être un événement « historique », tant le mot est aujourd’hui galvaudé, au moins s’agit-il d’une grande première. Ainsi, le dimanche 30 juin, Donald Trump s’est-il risqué à quelques pas en territoire nord-coréen en compagnie du président Kim Jong-un ; ce qu’aucun autre président américain n’avait osé faire jusqu'alors.
Au-delà de l’effet d’annonce, est-ce que cela change fondamentalement quelque chose à la situation dans la région ? Non.
Les USA continuent d’exiger le démantèlement total du programme nucléaire de la Corée du Nord ; ce que son président refuse, évidemment, même en échange d’une levée des sanctions internationales – c’est-à-dire américaines. Tout comme en Iran, d’ailleurs, même si la configuration est tout autre, Téhéran ne développant que du nucléaire civil, au contraire de Pyongyang. Bref, la diplomatie de Donald Trump paraît, de coups de semonce en coups d’éclat, et ce, non sans raison, hautement erratique.
Pourtant, à défaut de politique trumpienne, existe-t-il au moins un style trumpesque, par ses soins théorisé dans son best-seller, The Art of the Deal, écrit il y a une trentaine d’années. Il s’agit donc de « créer une onde de choc psychologique en la suivant d’une main tendue ». Et d’expliquer, plus précisément : « Mon style de négocier est très simple et direct. Je vise très haut et puis je continue à pousser et pousser et pousser jusqu’à ce que j’obtienne satisfaction. Parfois, je me suis contenté de moins que ce que je cherchais, mais dans la plupart des cas, je finis tout de même par obtenir ce que je veux. »
Si l’on résume, le président américain persiste donc à se comporter en homme d’affaires, même si celles du vaste monde ne se résolvent pas forcément comme un simple contrat de travaux publics.
À son crédit, on notera que sa marge de manœuvre est des plus étroites, tel que finement analysé par André Archimbaud en ces colonnes. Ce qui explique peut-être qu’à l’occasion de ce sommet du G20, tenu à Osaka, son cercle familial le plus restreint, sa fille Ivanka et son mari Jared Kushner, aient pu se montrer aussi omniprésents, tandis que son conseiller à la Sécurité nationale, le néoconservateur John Bolton, était prudemment envoyé en… Mongolie. Voilà qui devait également faire des vacances au locataire de la Maison-Blanche et lui permettre d’afficher une relative complicité avec son homologue russe.
Car, durant ce G20, il s’est passé quelque chose d’autrement plus important que la poignée de main américano-nord-coréenne : la critique par Vladimir Poutine du « progressisme » occidental qui, pour lui, « a vécu » ; critique qui n’était pas sans rappeler celle d’Alexandre Soljenitsyne, prononcée à l’université de Harvard, en 1978. Lequel y affirmait notamment : « Si l’on me demandait si je pouvais proposer l’Ouest, en son état actuel, comme modèle pour la Russie, il me faudrait en toute honnêteté répondre non. Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la nôtre. »
Ce à quoi le président russe a répondu en écho, considérant que « les idées pro-LGBT étaient imposées de manière agressive aux gens, qui y sont hostiles à une majorité écrasante ». Quant aux délires migratoires d’un Vieux Continent n’ayant jamais aussi bien porté son nom, il a estimé, à l’instar du dalaï-lama, comprendre la politique de Donald Trump en la matière, tout en stigmatisant celle d’Angela Merkel, permettant aux migrants de « tuer, piller, violer en toute impunité, du fait que leurs droits sont protégés ».
Ce à quoi son interlocuteur s’est fait un plaisir de répondre : « San Francisco et Los Angeles sont tristes parce qu’elles sont dirigées par des progressistes. » Avec Donald Trump, au moins, manifestement plus gai que gay, rien n’est jamais triste. C’est toujours ça à mettre à son crédit.
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