Des cœurs de ville malades
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Des tables et des chaises soigneusement empilées, des grilles désespérément baissées et des rues pratiquement vidées. Depuis bientôt un an, les centres-villes des métropoles ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, avec ou sans couvre-feu. Avec ses 20 % de vacance commerciale, la plus belle avenue du monde fait triste mine . « La Seine est désormais lisse sans Bateaux-Mouches », écrit Le Figaro.
Absence de touristes, salariés en télétravail, fermeture des lieux de convivialité, changement de façon de consommer au profit de la vente en ligne ou de la décroissance, le monde d’après est bel et bien là, mais pas forcément celui auquel on s’attendait. Si 2020 a été une année très difficile pour les commerçants, restaurateurs et milieux culturels, 2021 fait redouter le pire.
Même sans être de nouveau confiné, de nouvelles habitudes sont prises et le mal est fait : « La fréquentation est en chute libre : 46 % de moins depuis début mars rue de Rivoli, un des principaux axes commerçants de Paris, selon le spécialiste mytraffic ; -50 % avenue Montaigne et sur les Champs-Élysées. Les magasins du Marais, des Halles, de l’Odéon et de l’Opéra connaissent les baisses de chiffre d’affaires les plus fortes, entre 30 % et 50 % », poursuit le quotidien. Bordeaux, Lyon, Lille, Marseille et Nantes ne sont pas exemptées de cette désertification préoccupante.
Ces grandes villes ont survécu aux vagues d’attentats de 2015, aux manifestations des gilets jaunes et grèves de 2019, il leur faut désormais surmonter cette crise inédite. Malgré des exonérations ou des reports de paiements, des faillites sont à redouter au printemps. « Le problème des centres-villes, ce sont les loyers extrêmement chers, qui ne sont pas payés », déclare Hubert Jan, président de l’Umih Restauration. « Dès que les restaurateurs seront autorisés à rouvrir, beaucoup des bailleurs risquent de saisir les tribunaux, ce qui conduira à des dépôts de bilan. On peut redouter que les bailleurs décident de changer l’usage de leurs locaux, en autre chose que des restaurants. »
Si ce phénomène de désertification est fortement accentué par la pandémie, il n’est cependant pas nouveau. Cela fait des années que les cœurs de villes moyennes sont délaissés au profit des périphéries où ont fleuri, de manière plus ou moins jolie, des centres commerciaux, des universités, des maisons médicales et, bien sûr, des habitations neuves mieux équipées où il est plus facile de se stationner. Et peu à peu, des rues entières en ville se sont paupérisées. Politiques insuffisantes, insécurité, inflation de l’immobilier, interdiction ou limitation aux voitures de circuler : finalement, en exacerbant le phénomène de désertification des cœurs de ville, le virus a bon dos.
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