[L’ÉTÉ BV] Cyrille, blessé pour la France, rêve des Jeux olympiques

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Cet article a été publié le 07/05/2023.

Au cœur de cet été, pourquoi ne pas redécouvrir le valeureux parcours de Cyrille, ancien commando parachutiste de l'armée française, blessé au combat ? Dans quelques jours, ce sportif de haut niveau participera aux Jeux paralympiques pour porter à nouveau les couleurs de la France.

« J’avais la jambe gauche arrachée. » Le 2 octobre 2016 restera à jamais gravé dans la mémoire de Cyrille, commando parachutiste de l’armée de l’air. Ce jour-là, déployé en mission contre l’État islamique avec son unité d’élite en Irak, il est grièvement blessé par un drone piégé. « On voit qu’un drone nous survole. On se méfie forcément, mais il a la voilure de ceux utilisés par les Canadiens », se souvient l’ancien militaire. Quelques minutes plus tard, l’engin se pose non loin d’eux. « Avec deux soldats irakiens, on s’approche. On prend des photos pour les envoyer aux forces canadiennes. » Mais en quelques secondes, tout bascule. « Ça vient de péter, je ne sais pas encore d’où ça vient, se remémore le soldat avec précision. C’est hyper violent. Je suis projeté en l’air. » Devant lui, les soldats irakiens sont morts. À ses côtés, l’un de ses frère d’armes est blessé. Rapidement, les mécanismes, appris et revus pendant ses formations, lui reviennent en mémoire. « Je me checke. Je vois que ma jambe gauche a été arrachée. La droite semble être en bon état. Je me fais un garrot », nous raconte-t-il sans entrer dans les détails. Rapatrié en France, Cyrille est plongé dans le coma pendant dix jours. Les opérations s’enchaînent. Sa jambe droite qu’il pensait saine et sauve sera finalement amputée. 

Un mental d’acier

Avant ce terrible dimanche d’octobre, Cyrille était l’un des soldats les plus aguerris de l’armée française. Au téléphone, d’un débit rapide, presque inarrêtable, il nous raconte ses vingt dernières années passées à servir la France. Rien ne le prédestinait à endosser l’uniforme des commandos parachutistes de l’armée de l’air. Son BEP électrotechnique en poche, l’avenir s’ouvrait à lui. Mais sportif depuis toujours, « sans vraiment savoir pourquoi », il décide finalement de s’engager dans le CPA 30, une unité commando de l’armée de l’air spécialisée dans les missions de recherche et sauvetage au combat, en garnison près d’Orléans. Tchad, Afghanistan, Moyen-Orient… il est de tous les combats. Le Mali, en 2015, restera pour lui une lourde épreuve. « J’ai perdu un camarade au combat », nous confie-t-il avec pudeur. Le deuil passé, il intègre un nouveau groupe d’action et est envoyé en Irak pour ce qui sera alors sa dernière mission.

De ses différentes missions, Cyrille garde un mental d’acier. Un mental qui l’aide, en 2016, à accepter son handicap. « Quand j’ai réalisé que je n’avais plus mes jambes, j’ai compris que l’armée, c’était fini, détaille l’ancien soldat. Qu’est-ce que j’allais devenir ? » Il se met à contacter d’autres blessés – civils et militaires – dans sa situation. « Je voulais savoir ce qu’ils étaient devenus, mais tous étaient en fauteuil », se désole Cyrille, qui peut alors compter sur les visites quasi quotidiennes de ses frères d’armes pour lui remonter le moral. Mais après quatre mois d’hospitalisation, il peut enfin être appareillé. Armé de ses prothèses, il remonte doucement la pente. Un an plus tard, à sa sortie de l’hôpital, résolu à se débrouiller seul, il se débarrasse de ses béquilles. « Je me casse la gueule très souvent, confesse-t-il aujourd’hui, mais au fur et à mesure, je finis par y arriver. »

Vers les JO 2024

C’est avec cette même détermination qu’il prépare aujourd’hui les Jeux paralympiques de Paris. Après une saison en championnat de ski – abandonné car trop coûteux – et une participation aux Invictus Games créés par le prince Harry pour les blessés de guerre, ce vice-champion du monde de soufflerie s’est lancé dans le volley assis de haut niveau. Avec l’équipe de France, il espère être sacré champion olympique lors des Jeux de 2024. Avec le sport, « je peux continuer à porter les couleurs de la France », se réjouit-il. Mais avant d’y arriver, cet ancien militaire a besoin de sponsor. « Tous les entraînements ont un coût, et si je veux continuer, je vais avoir besoin de soutien financier », nous explique-t-il.

Cyrille ne compte pas s’arrêter là. Il vise déjà les Jeux olympiques de 2028, en tir sportif cette fois-ci. Et, pourquoi pas, ceux de 2032. Plus rien ne l’arrête.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. En lisant ce récit pudique et bouleversant, je pense à mon grand-père dont les jambes furent arrachées par un obus en 1917 à Verdun. Il avait 20 ans, une femme, un enfant et un métier. De terribles prothèses lui permettaient de se tenir debout et de marcher un peu, mais quelle vie de souffrances et que de dégâts collatéraux… Je souhaite le meilleur à Cyrille.

  2. Ce sont des hommes de cette trempe qu’il nous faudrait aux manettes de la France. Abnégation. La patrie d’abord. Ces hommes-là ne se servent pas, ils servent, tout simplement.

  3. Ce Monsieur a choisi d’occulter sa « carrière » d’électronicien et faire sa priorité de servir la France « sans vraiment savoir pourquoi » ! Mais parce que servir sa patrie lui prends aux tripes et passe avant tout l’or du monde ! Je vous admire Monsieur.

  4. quel exemple ! quelle abnégation! quel courage ! Avec un tel exemple on ne peut qu’admirer cette histoire qui doit nous redonner confiance dans notre pays oui la France est sur le déclin, oui la décadence est bien devant nous mais cet exemple nous donne des raisons d’espérer et de croire en demain , encore faut-il que les français se réveillent, merci Cyrille

  5. Il est proche de la devise du 1 RPIMA: « qui ose gagne », bravo à ce garçon pour son courage.

  6. Le courage physique et mental, voilà un bel exemple que les jeunes d’aujourd’hui ignorent

  7. Pourquoi l’Armée ne prend elle pas en charge le coût des entraînements de ce héros ?
    L’Etat subventionné bien des associations qui oeuvrent à la destruction de la France.

    • Remarque très pertinente. Je serais tenté de vous répondre que c’est justement parce que certaines associations « œuvrent à la destruction de la France » qu’elles sont subventionnées. Et même gavées de subventions.

    • J’allais poser la même question… vu le flot d’argent qui sort des caisses de l’état pour se déverser dans un puits sans fond il semblerait que ce héros, comme d’autres, méritent amplement d’être aidés à poursuivre leur engagement pour la France…

  8. Bravo, Sergent, votre courage et votre détermination portent haut les couleurs de la France !

  9. Bravo Sergent.
    Bonne chance pou votre équipe de volley aux Jeux paralympiques de Paris
    Peut-on avoir l’adresse où il est possible de vous aider par un don dans votre préparation?
    Cette question s’adresse aussi à Bd Voltaire que je remercie d’avoir attiré notre attention sur cette brillante carrière

  10. Bravo sergent, mes respects. Si tous nos fout rien français avait votre détermination ; il n’y aurait plus beaucoup de personnes au RSA à glander
    .

  11. Respect et admiration , pour ce militaire qui fait preuve d’un grand courage malgré les terribles conséquences de ses blessures. Quand je vois que certains politique nous bassinent avec le mal de vivre de certains jeunes , car ils vivent dans des quartiers défavorisés , alors que Eux , ils ont leurs deux bras et leurs deux jambes , la volonté de s’en sortir ça existe…..

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