Des Français de papiers ? Haro sur les Ménard !

« Français de papiers ». En une phrase, la députée de l’Hérault, Emmanuelle Ménard, a réveillé l’Hémicycle, ce jeudi soir, et provoqué l’ire de la NUPES. « Il faut s’interroger sur la haine de ces casseurs pour notre pays, a-t-elle lancé. Oui, je dis bien notre pays, tant ils ne le vivent pas comme le leur. Ils sont français, mais seulement de papiers, et beaucoup d’entre vous continuent de nier le lien entre ces émeutes et l’immigration de masse non choisie et non contrôlée. » À la tribune de l’Assemblée nationale et dans le cadre des débats sur le projet de loi censé accélérer la reconstruction post-émeute, la députée non inscrite a relancé un tabou français, presque aussi diabolisé que la notion de Grand Remplacement. Une de ces évidences qu’on peine à nommer mais que chacun observe et reconnaît. À gauche, les critiques ont été violentes. « Immonde », a tweeté Mathilde Panot. « Les pires mots de l’extrême droite prononcés dans l’Hémicycle. Il n’est pas beau, l’arc réactionnaire de la Macronie ? » La chef de file de LFI à l’Assemblée a-t-elle oublié qu’elle a elle-même qualifié le jeune Nahel de « Maghrébin » ?

Un mot sur nos maux

Emmanuelle Ménard remet sa déclaration dans le contexte où elle a été prononcée : « En réalité, c’était une référence à la loi réparation. Je faisais référence à la sortie de Darmanin qui nous a dit que 90 % des émeutiers étaient français », nous précise la députée non inscrite, qui poursuit : « J’aurais aimé savoir combien de doubles nationaux ou issus de l’immigration étaient présents parmi les émeutiers. Ces gens qui détruisent nos écoles et nos commissariats et qui s’en prennent aux élus n’aiment pas notre pays », maintient Emmanuelle Ménard, qui assène cette évidence : « On ne peut pas être français en détestant la France. » Connotée à l’extrême droite, l'expression « Français de papiers » avait notamment été reprise par la candidate à l’élection présidentielle Valérie Pécresse et défendue par le sénateur Bruno Retailleau (LR). Une référence « pétainiste » pour Jean-Luc Mélenchon, qui tweete : « Madame Ménard insulte les Français "de papiers". Les mots des pétainistes à l'époque. » Une accusation qui fait bondir Emmanuelle Ménard : « Il peut nous insulter autant qu’il veut, je m’en contrefiche. » Quant à son époux Robert Ménard, il s’interroge sur « le début de sénilité » qui affecterait Mélenchon. Ambiance…

Si ce concept tire bien ses origines intellectuelles de « l’extrême droite », elle oppose généralement les « Français de papiers » aux « Français de cœur » ou encore « Français par le sang versé ». Au fond, la droite nationale n’utilise plus vraiment l'expression « Français de papiers » pour l’opposer à « Français de souche ». Dans son livre La France n’a pas dit son dernier mot, Éric Zemmour affirme ainsi qu’« il y a deux types de Français, les Français de souche et les Français de branche », les seconds appelés à s’approprier l’Histoire, la langue et les mœurs des premiers. Il n’y a plus vraiment la notion de sang mais davantage celle de l’adhésion. Et les nombreuses scènes d'incendie de notre drapeau et de la mise à sac de ce qui incarne la  France comme la souillure de monuments aux morts sont autant de signaux démontrant que beaucoup de nos concitoyens ne le sont qu’administrativement. C’est davantage une notion d’amour de la France que d’appartenance génétique.

OQTF et mariage à Béziers : l’expulsion a enfin eu lieu !

Dans le même temps, Robert Ménard déchaînait l’opinion en refusant de marier un clandestin récidiviste algérien sous le coup d’une OQTF. L’affaire, vaudevillesque si le sujet n’était pas aussi grave, a finalement tourné en faveur de l’édile. Le clandestin concerné a été embarqué de force pour l’Algérie, comme l’a expliqué Gabrielle Cluzel dans son éditorial. Démontrant, par la même occasion, que les OQTF pouvaient être exécutées avec un peu de bonne volonté. Et que ces mariages cachent bien souvent des désirs de papiers, au cœur de la problématique soulevée par Emmanuelle Ménard. « Je veux simplement noter que tout est une question de volonté », a réagi Robert Ménard, qui salue « une mobilisation de toutes les autorités de l’État » pour procéder à l’expulsion de ce clandestin algérien. L’édile précise que l’expulsion a eu lieu « sans le fameux laissez-passer consulaire », au cœur de toutes les justifications de non-expulsion des clandestins sous OQTF. « Je ne veux pas parler des erreurs du passé, je souhaite que cette affaire marque le début d’un changement d’attitude sur ce sujet », martèle Ménard, qui maintient : « Tout ce dont nous avons besoin, c’est de la volonté et du courage. » Chiche !

Politiquement, le couple Ménard continue donc de tracer son sillon en toute liberté et sans le souci de ménager les susceptibilités. N’était-ce pas Robert Ménard qui, à la Convention de la droite, reprochait à cette dernière de trop avoir la trouille et de se planquer derrière les idées pour ne pas agir ? N’était-ce pas Emmanuelle Ménard qui se fit apôtre de la vaccination et des mesures sanitaires contre le Covid envers et contre une partie de son propre camp ? N’était-ce pas Robert Ménard qui, après avoir souhaité l’union de la droite hors les murs, a refusé de soutenir Éric Zemmour à l’élection présidentielle ? Déroutants, parfois énervants, les époux Ménard ont en tout cas réussi, l’un dans sa mairie et l’autre à l’Assemblée, à prouver que toutes les positions intellectuelles ne valent pas une action bien menée ! En bref, une belle leçon de liberté !

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