Des Français menacés de perdre leur médecin s’ils votent RN !

medecin 2019-11-06 à 09.50.32

Le 9 juin dernier, le Rassemblement national est sorti grand gagnant des élections européennes. Plus de 32.000 communes sur 35.000 ont placé en tête la liste de Jordan Bardella. Parmi elles, celle de Saint-Martin-des-Besaces, à l'ouest du Calvados, où le RN a recueilli près de 40 % des voix. Mais dans ce village de quelque 1.200 âmes, ce résultat prévisible - et, d’ailleurs, prévu par les instituts de sondage - a fait l’effet d’une douche froide à certains. C’est, notamment, le cas du médecin de la commune qui n'a pas caché à sa patientèle tout le dégoût que lui inspire le vote patriote. Sur la porte de son cabinet, il a ainsi affiché une feuille A4 noircie d'un texte en lettres capitales. « En tant que médecin, je me sens particulièrement désavoué et troublé par le résultat de ces votes inspirés par la haine et la malveillance, débute-t-il. Les préjugés, les amalgames de pensée, la bouc-émissarisation sont des manières grossières de masquer l’incompétence des marchands de haine. […] Il y a d’autres solutions que la solution finale. » Et voilà le RN traité de parti génocidaire ! On pouvait s’attendre à mieux de la part d’un homme de science, censément attaché à la mesure et à la raison…

Leçons de morale et menaces

Le bon docteur l'assure, le but est avant tout de lancer le débat, de dialoguer. « Je suis médecin, mon métier est humain et fraternel. On écoute, on aide les autres. [...] Moi, c'est la bienveillance et la fraternité que j'envisage, pas autre chose. » Mais où est la bienveillance lorsqu’on traite 40 % de ses concitoyens de nazis ? Où est l’écoute lorsqu’on affirme que l’opinion de ses semblables donne « la nausée » ? Notre médecin, prénommé Stéphane, jure être « sans jugement », mais il n’en est rien. Il a, d’ailleurs, déjà prévenu ses patients : s’ils recommencent aux prochaines élections, ils n’auront plus qu’à se trouver un autre généraliste. « Si le choix de l’extrême violence devait s’imposer, ce serait sans moi », menace-t-il.

L’histoire d’une déconnexion

Le docteur sexagénaire est à l’image d’une grande partie de sa génération : déconnecté. Il est resté bloqué dans la France des années 80. Jouissant très certainement d’un niveau de vie enviable, notre médecin Stéphane ne s’est pas rendu compte de la baisse du pouvoir d’achat, de l’explosion de l’insécurité, de la permanence des tensions communautaires. Surtout, il est resté sous l’emprise du discours médiatique qui, depuis quarante ans, associe au fascisme tous les partis politiques hostiles à l’immigration de masse. Aveugle aux enjeux actuels, persuadé d’être du bon côté de l’Histoire, le médecin n’a que mépris et condescendance pour les électeurs de la droite nationale. Des racistes, des nazis ou, au mieux, des abrutis qu’il faut d’urgence rééduquer et ramener dans le droit chemin, par la culpabilisation et, si besoin, par la menace.

En face, les patients morigénés ont la grandeur d’âme de ne pas lui en tenir rigueur. Certains s’étonnent de cette prise de position inhabituelle dans une commune où chacun garde, d’ordinaire, ses opinions pour soi, mais nul n’a exprimé la moindre animosité à l’égard du donneur de leçons. « Je n'ai pas eu de réflexions particulières », reconnaît-il. Comme quoi les électeurs du RN ne sont peut-être pas les effroyables nazis qu'il décrit.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

65 commentaires

  1. Que dire de ces personnels médicaux qui soignent indistinctement les blessés du champ de bataille, ennemis ou amis? Ce médecin ne devrait-il pas faire l’objet d’une plainte ou au moins une démarche à l’Ordre des Médecins?

  2. Ce médecin est à côté de la plaque ou moi, je n’y comprends plus rien. En effet, qui est traité de nazi en posant une question. Qui donne la nausée? Chez moi, c’est la gauche et l’extrême-gauche, des gens comme ce « médecin » qui me font redire ici qu’un jour, à continuer avec des gens de cet acabit, je ne pourrai plus monter dans le bus si je n’ai pas un laisser passer signé par LFI, on a déjà vu cela dans notre histoire.

  3. C’est certainement incompatible avec la déontologie de son ordre professionnel, le problème c’est que s’il n’exerce plus il n’y aura plus de médecin dans sa commune, il faut quand même lui dire que les vieux notables de province qui se permettaient tout devant les serfs le béret à la main et les yeux baissés est révolu ou en voie de l’être.

  4. Pour punir les électeurs RN, ce médecin privera donc aussi de ses services la majorité de sa patientelle à savoir, les 60% qui votent bien. Sanctionner tout le monde à cause d’une minorité, voilà une pratique qui a tout du totalitarisme. En réalité, ce type veut probablement partir en retraite mais n’a pas le courage de dire à ses patients qu’il n’a plus envie de travailler.

  5. Presque normal pour un fonctionnaire de refuser de voir le réel, parce que rémunéré par la SECU un médecin est un fonctionnaire qui s’ignore. Je pense qu’il ne fait que se tirer une balle dans le pied quant à sa patientèle qui devrait diminuer du résultat des élections soit : – 40%. Belle opération !

  6. Encore un qui a confondu serment d’Hypocrate avec serment d’hypocrites. Il devrait être radié de l’ordre des médecins sa position flirte avec la non assistance de personnes en danger eu égard aux soins urgents que ses patients attendent de lui. Il peut se prescrire une ordonnance pour soin mental.

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