Des influenceurs payés pour décrédibiliser Pfizer

Illustration - pfizer

Ils remplacent les pigeons voyageurs d’antan, plus connectés et bien de leur temps : si vous avez un message à faire passer, adressez-vous aux influenceurs, ces nouveaux oiseaux gazouilleurs. Emmanuel Macron, avec son piètre exercice de séduction auprès des jeunes, s’y est encore abaissé. Souvent peu politisés, les influenceurs sont ainsi instrumentalisés à des fins de propagande à destination d’un public infantilisé.

Parmi ces faiseurs d’opinion comptant plus d’un million et demi d’abonnés sur YouTube, certains viennent d’indiquer, lundi, avoir été contactés par une agence de communication pour critiquer le vaccin Pfizer/BioNTech. Sami Ouladitto (humoriste, avec près de 400.000 abonnés sur YouTube), Et ça se dit médecin (interne en médecine, 84.000 abonnés Instagram), et Léo Grasset (vulgarisateur scientifique, 1,17 million d'abonnés à sa chaîne YouTube) partagent le même témoignage : moyennant une rémunération « considérable », ils devraient démontrer, chiffres à l’appui fournis par la mystérieuse agence de communication, que « le taux de mortalité du vaccin Pfizer est 3 fois plus grand par rapport à AstraZeneca selon les informations officielles ».

Contactée par CheckNews, l'entreprise AstraZeneca, à qui pourrait profiter le crime, nie catégoriquement toute implication dans cette affaire. Cette campagne « informelle » est commandée par l’agence Fazze, basée à Londres, qui ne souhaite ni divulguer le nom de son client ni évoquer le partenariat, ce qui revient à de la publicité masquée, pratique illégale en France. Numerama a enquêté sur cette agence et révèle que « l’entreprise Fazze n’est pas enregistrée comme une entreprise au Royaume-Uni et un tour sur Google Maps montre que l’adresse qu’elle indique sur son site n’est pas à elle ». Selon nos confrères, la méthode et les arguments utilisés sont comparables à ceux du compte officiel du vaccin Sputnik V sur Twitter. Ils évoquent la piste des hackers russes pour décrédibiliser le vaccin Pfizer en Europe, dont 1,8 milliard de doses supplémentaires ont été commandées début mai 2021.

Hypothèse également relayée par Le Figaro, précisant que « le vaccin Sputnik V mène sur les réseaux sociaux une campagne de séduction dynamique à l’égard des jeunes Européens, proposant des jeux-concours pour remporter un voyage en Russie… et une dose de vaccin ». Quant à la Commission européenne, elle écrit sur son site que « des acteurs étrangers, dont certains pays tiers, en particulier la Russie et la Chine, ont lancé des campagnes de désinformation ciblées concernant le coronavirus dans l’Union, auprès de pays voisins et dans le monde, dans l'intention d'améliorer leur propre image dans le contexte de la pandémie ».

Il n'était déjà pas facile de se repérer entre les méthodes dites de vaccination classique et les ARN messager, entre les pro, les anti et les transvax, on savait qu'au-delà des enjeux sanitaires, les enjeux financiers s'ajoutaient aux possibilités de contrôler nos vies privées, que les risques d'effets indésirables étaient rares mais graves. Au lecteur de se forger son opinion au regard de ces nouvelles campagnes de désinformation.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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