Des instructeurs français en Ukraine : quelles conséquences ?

©Русский/Wikimédia
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C'est RFI qui creuse pour nous, dans une chronique du 2 juin, les épineuses conséquences de l'envoi de troupes françaises sur le sol ukrainien. On se souvient que le président de la République avait déjà fait reculer une première ligne rouge en abordant la question de la riposte ukrainienne sur le territoire russe. Emmanuel Macron s'était exprimé sur le sujet en Allemagne, aux côtés d’Olaf Scholz, et il s'agissait déjà d'une stratégie de rupture - peut-être était-ce cela, la fameuse ambiguïté stratégique ? Désormais, RFI laisse entendre que le Président pourrait annoncer, à la faveur des cérémonies commémoratives du 6 juin, l'envoi d'instructeurs français en Ukraine. Le général ukrainien Sirsky semble avoir vendu la mèche la semaine dernière, sur les réseaux sociaux.

On conviendra du fait qu'il s'agit là d'une autre « ligne rouge » et que, si cette rumeur se confirme, on n'aura jamais été aussi loin de la co-belligérance. D'un point de vue concret, comme le souligne Elie Tenenbaum, directeur de recherche à l'Institut français des relations internationales (IFRI), ce ne seront pas des combattants mais des instructeurs et, selon Léo Peria-Peigné, l'un des chercheurs du même institut, les compétences transmises ne pourront pas l'être à découvert (pour éviter les frappes) et l'instruction se fera dans des zones précises qui évitent la ligne de front. Il ajoute, en revanche, une phrase, compréhensible du point de vue d'un chercheur, glaçante pour un observateur extérieur : « Maintenant, ce qui va être intéressant, c'est de voir ça comme un premier pas. Est-ce que ça peut dériver sur autre chose, une fois qu'on aura le pied là-bas. »

Passer une vitesse dans la conflictualité vis-à-vis de la Russie

Désolé, mais ça ne va pas être « intéressant » de voir ce « premier pas » en passe de « dériver sur autre chose ». Ça ne va pas être intéressant du tout, car cela aura des conséquences sur la vie de soldats français, et sur la vie de la France tout court. Ce n'est pas rien, de passer une vitesse, dans la conflictualité vis-à-vis de la Russie. L'Estonie a beau affirmer qu'une telle mesure ne serait pas « escalatoire » (pardon pour ce néologisme très laid), il est évident que l'on ne peut pas jouer aux dés avec la vie des gens en espérant que la Russie fermera les yeux.

Les actions de déstabilisation « sous le spectre », comme disent les militaires, ont déjà commencé. Le dernier épisode de ces manipulations symboliques, après les étoiles de David et les mains rouges, ce sont ces cercueils drapés de tricolore, déposés sous la tour Eiffel. Il est difficile de ne pas y voir la main de la Russie, qui se borne pour l'instant à ces opérations de guerre psychologique. Il est difficile, également, de ne pas se remémorer l'interview de Piotr Tolstoï, à BFM TV, dans laquelle il parlait de l'accueil des cercueils français à Orly en cas de guerre ouverte. « On s'en fout, de Macron », disait alors le vice-président de la Douma. Tout le monde s'en fout, d'ailleurs, tant son narcissisme verbeux a fatigué tout le pays, ce qui explique d'ailleurs la débâcle électorale qui vient.

En revanche, de la perspective d'une guerre mondiale, de l'engagement des troupes sur une terre étrangère sans consultation du Parlement, de l’affrontement contre une puissance nucléaire et de ce « cavalier seul » que même les Américains désavouent ouvertement : de tout cela, les Français ne se foutent pas. Attendons le 6 juin et voyons si la rumeur était fondée. Prendre le risque de transformer la France en parking radioactif à force d’entêtement et d'immaturité, ce n'était pas dans le programme de Renaissance. Même en tout petits caractères. Mais c'est la France que les Français ont choisie.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

84 commentaires

  1. Si d’aventure un de ses instructeurs venait à être victime (je pense que l’instruction ne se fait pas simplement dans des locaux , mais une mise en oeuvre sur le terrain) , alors qu’envisage notre cher président comme représailles ?

  2. Le rôle de la France est d’œuvrer en faveur de négociations de paix partout dans le monde . Elle en a les moyens et l’autorité. Pas de faire la guerre ,une guerre qu’elle ne pourrait gagner seule . Arrêtons de jouer au petit soldat ,le ton n’y est pas ….c’est une parodie ….

  3. iMPOSSIBLE de ne pas s’associer aux réactions indignées des commentateurs ci dessous.
    La désinvolture d’un dirigeant éclaire sur son manque de sagesse et d’amour de son pays.

  4. L’individu qui nous a été infusé en 2017 n’est que trucage: 
- coup d’etat via blitzkrieg juridco- médiatique contre Fillon en 2017
- absence de campagne en 2022, car occupé à jouer les chefs de guerre contre le méchant COVID 
- on parie qu’il va nous refaire le coup du chef de guerre contre Poutine et jouer avec le feu jeudi soir ?!
    ce type n’a jamais réussi une élection par adhésion à sa personne et son programme ou sa “vision”, non à défaut, il joue avec le feu et allume des minables contrefeux…

  5. Mais qu’il y aille ce Macron, en Ukraine! Pour se battre, contre qui il veut ! Contre la Russie peut-être d’abord, et puis peut être l’Ukraine ensuite, si le 1er choix n’a pas marché ! Il n’a qu’une seule conviction et ambition : Les nations Européennes cassées remplacées par son Europe-Afrique dont il se rêve président ! Et s’il ne revient pas, nous ne le regretterons pas !

    • il y en a, à la courtine, de jolis urkronazis
      L’armée française accusée d’avoir entraîné des néonazis ukrainiens dans la Creuse
      Après les révélations de Mediapart sur la présence de soldats ukrainiens néonazis en formation au camp militaire de La Courtine, la députée (LFI) de la Creuse a appelé le ministre des Armées à « faire toute la lumière » sur cette affaire.

  6. Peut-être mes petits enfants et mes arrière petits enfants sauront la vérité sur cette guerre, dans 50 ans…Ce dont je suis sur, sans avoir jamais travaillé dans le renseignement, c’est que s’il y a des instructeurs, il y aura, si ce n’est déjà fait, des forces spéciales! Donc des soldats français, engagés face à l’ennemi que la France s’est définie, et qu’il y a de fortes chances que l’on revoie des Pierrepont, des Bertoncello ou certains de leurs « frères »

  7. Après avoir honteusement méprisé et donc défié la Russie en ne respectant pas les accords de Minsk concernant l’Ukraine, l’Europe de Macron et Von der Leyen montent encore d’un cran dans la provocation à la guerre. Le tout pour mieux en casser les nations et espérer récupérer une Europe détruite mais à reconstruire selon leur diktat. Le danger pour la Fra ce vient seulement de Macron.

  8. Macron n’a pas d’enfant et n’en n’a rien à faire que nos petits aillent se faire massacrer en Ukraine. Pauvres enfants!

  9. Ce provocateur est particulièrement dangereux pour son peuple et lui seul est et sera responsable des cyber et autres attaques. Mais il s’en moque il est bien gardé , lui !

  10. McRond rempli la liste de ceux qui auront droit à une cérémonie aux Invalides. Que d’heures devant les caméras grâce au sang des autres. Ce qui a été crié au Trocadéro est une réalité.

  11. J’en ai marre de voir s’apitoyer sur l’Ukraine qui est responsable de ce qui lui arrive. Il fallait respecter les accords de Minsk et ne pas céder aux américains

    • Jusque la, ca va, mais si des missiles occidentaux, touchent une grande ville russe en profondeur, je pense que Poutine réagira en pulvérisant une concentration d' »instructeurs » et de moyens militaires fournis par l’occident, sans exclure l’utilisations de l’arme nucléaire tactique si besoin et là, tout le monde à la niche, les USA, ne vont pas entrer dans une guerre nucléaire pour l’Ukraine, puisqu’ils ont déjà obtenu ce qu’ils voulaient. Maintenant ce qui les intéresse, c’est la Chine, ou ils risquent de nous entrainer via l’OTAN.

    • Ces accords ont été signés sachant qu’ils ne seraient jamais respectés mais serviraient à…gagner du temps…pour?….Cherchez!

  12. Je me demande si le Président macron est conscient des graves conséquences des ses actions. Nous sommes plus dans une cours de récréation ou l’on joue aux cows boys et aux indiens

  13. Il faut évaluer les limites de la déclaration de guerre avec la Russie. Aider son ennemi, c’est jouer avec le feu.
    Attention, Paris est une petite cible qui pourrait être rasée en guise d’avertissement. Il n’y a personne pour arrêter cet illuminé qu’est Macron.

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