Des jeux vidéo destinés à « provoquer la violence et le chaos » : quel impact ?

Capture d'écran YT
Capture d'écran YT

Chaque jour, ou presque, nous apporte désormais son lot de drames : viols, agressions au couteau, fusillades, enlèvements avec torture, personnes grièvement blessées ou tuées suite à des refus d’obtempérer ou des rodéos urbains… C’est la litanie de « l’insécurité », mot-valise pour désigner une société de plus en plus ensauvagée.

Les médias bien-pensants et les belles âmes – le plus souvent de gauche – prétendent ne voir là que des faits divers ; d’autres se hasardent à évoquer des « faits de société » qui gangrènent non seulement notre pays, mais bien l’Europe et le monde.

On incrimine les réseaux sociaux, l’absence d’éducation, la drogue… mais pas les jeux vidéo. Les évoquer seulement est jugé ringard. Tout comme on nous vantait, hier, l’effet cathartique du porno - censé éviter les viols -, les psy et les sociologues nous expliquent, aujourd’hui, combien les jeux développent l’adaptation et la réactivité des jeunes cervelles. Reste à savoir quels jeux.

200 millions d’exemplaires vendus

Il en est un, GTA 5 (Grand Theft Auto V) dans sa version actuelle, qui remporte tous les suffrages auprès des jeunes. Lancé en 1999 pour un coût de 265 millions de dollars, il est qualifié de « jeu d’action-aventure » et se joue en solo ou en équipes. Au mois de mai 2024, la version 5 s’est écoulée à plus de 200 millions d’exemplaires dans le monde, il nous a donc paru intéressant de… s’y intéresser !

Pour les amateurs de détail, le scénario qui met en scène malfrats et policiers corrompus est consultable sur la fiche Wikipédia. Plus intéressant est de lire la fiche critique rédigée par le site bark-us, en janvier dernier. Elle est faite pour « les parents », car si le jeu est en principe réservé aux 18 ans et plus, chacun sait « que les classifications par âge empêchent rarement les enfants d'accéder à des jeux et à du contenu auxquels ils ne devraient pas avoir accès », nous dit-on. Bref, puisque vous ne pourrez faire sans, autant faire avec. Ainsi, « nous avons donc exposé tous les détails que vous devez savoir sur GTA afin que vous puissiez déterminer la meilleure façon d'aborder ce jeu avec votre enfant ». Pour une leçon de vie, en somme.

L’objectif : devenir un criminel endurci

Ici, « les joueurs incarnent un criminel endurci et se lancent dans divers braquages, vols et même assassinats. Au fil du jeu, de l'alcool, des drogues illégales, des clubs de strip-tease et d'autres contenus réservés aux adultes sont proposés. » Bien sûr, « outre la nature violente de ces missions, le jeu prend également à la légère ces situations graves et encourage les comportements illégaux », ce qui peut être positif car susceptible de provoquer « des conversations importantes sur le bien et le mal et sur la raison pour laquelle nous devrions nous efforcer d'aider les autres, et non de leur faire du mal ». Mais oui, mais oui...

Pour l’éducation des masses, GTA « propose également du contenu sexuel, notamment de la nudité, des personnages ayant des rapports sexuels (mais pas entièrement nus), de la masturbation implicite, etc. La plupart des femmes du jeu sont représentées comme des objets sexuels. » Quant au principe fondamental du jeu, il est de « provoquer la violence et le chaos ». Un peu de détails ? « Les personnages sont fréquemment impliqués dans des fusillades, des attentats à la bombe, des vols, des braquages, des poursuites en voiture et même des actes de torture tels que le waterboarding. » De quoi susciter des conversations bien intéressantes avec papa et maman. Pour mettre un peu de variété dans les « missions », « parfois, les victimes sont d'autres criminels ou des passants innocents » que les joueurs sont encouragés « à éliminer ». Et, bien sûr, comme on cherche toujours à faire plus réaliste, « ces actions entraînent souvent la mort ou des blessures graves d'autres personnages. Les joueurs verront un jet de sang et entendront les cris des victimes. »

La version 6 de GTA devrait sortir en 2025, après un toilettage propre à nous rassurer, si l’on en croit le site ecranlarge.com : « Grand Theft Auto VI aurait une héroïne et serait plus politiquement correct » (sic). Mieux que cela : le producteur Rockstar Games « aurait également agi pour réduire le gap qui existe entre les salaires de leurs employés hommes et femmes ». Voilà, c’est sûr, qui va réduire la violence dans nos rues. Enfin, et l’on s’en réjouit : lors de la réédition de GTA 5 sur PS5 et XBox Series, on a retiré du jeu « des lignes de dialogues jugées offensantes envers certaines minorités ethniques et de genre ». De même, « les développeurs font également attention à ne pas faire de blagues sur les groupes marginalisés, contrairement aux jeux précédents ».

C’est ce qu’on appelle avoir le sens des priorités.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Attention à ne pas tomber dans la censure que vous dénoncez en tant ordinaire. Le problème – à mon humble avis – ne vient pas des jeux vidéos. Quand nous étions enfants, nous jouions aux gendarmes et aux voleurs (il fallait bien des voleurs), aujourd’hui on joue à des jeux qui sont à l’image de notre société. Violents. Mais est ce la poule qui fait l’oeuf ou l’oeuf qui fait la poule ? Doit on à ce rythme là censurer les john woo, les films d’actions ou de guerre, les films d’horreur …. ? Si les parents éduquaient leurs enfants, ils leur apprendraient peut être à faire la part des choses. Quand je jouais au foot avec mes potes, je n’étais pas Platoche pour autant… Bref, j’entends que ce genre de jeux puisse choquer certains, de là à en faire les responsables de notre société actuelle je ne vous suivrais pas. Les juges laxistes, les juges rouges, le mitterandisme, le wokisme, ça, oui a entrainé notre société actuelle ou on ne punit plus un enfant, ou on ne gronde plus un enfant…

  2. Constat qui peut paraitre naïf : le succès de ces « jeux » (?) semble démontrer que :
    1) les jeunes n’emploient pas tout leur temps à construire leur avenir, par la réussite scolaire en particulier.
    2) les adultes ne s’impliquent pas à temps complet dans une activité professionnelle qui garantisse leur réussite sociale
    Ces renoncements aux réussites dans le monde réel sont compensés par la recherche de réussites dans des « jeux'(?) subversifs et dangereux..

  3. Bonjour
    C’est une opinion et elle se doit d’etre respectee. Cependant lorsqu’elle vient d’un profane, elle est largement discutable. Madame Delarue, connaissez vous les differents jeux videos proposes sur le marche?
    Je ne pense pas. Connaissez vous Assasin’s creed? Connaissez vous Doom? Connaissez vous Visage? Renseignez vous et vous comprendrez que GTA5 est une paille en comparaison.

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