Des JO un peu made in France

@Le Coq Français
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Les spectateurs des compétitions de natation des Jeux olympiques auront-ils conscience d’être assis sur des millions de bouchons de bouteilles plastique ? Pourtant, grâce à l’inventivité de Marius Hamelot et Jim Pasquet, des tonnes de bouchons de bouteilles d’eau ou de soda, récoltées par les entreprises spécialisées, sont transformées par leur start-up Le Pavé en panneaux à partir desquels l’entreprise GL-Concept a créé 11.000 sièges thermoformés en plastique recyclable, car le procédé ne nécessite aucun additif.

Souvent, on s’interroge sur l’intérêt de trier ses déchets, faute de savoir ce qu’il advient réellement du contenu des bacs jaunes. Ces deux anciens étudiants en architecture ne se sont pas arrêtés à cette interrogation. Dès 2018, ils ont cogité un système qui permet de recycler les bouchons dans l’aménagement urbain ou l’habitat. Une façon d’apporter leur pierre à la préservation des océans menacés par la pollution due au plastique. C’est ainsi que, cinq ans plus tard, leur usine d’Aubervilliers a, dans le seul cadre de ce contrat, réemployé 100 tonnes de déchet, dont 80 % proviennent d’Île-de-France et 20 % de province. Le cercle est donc vertueux. Il faut y ajouter 18 tonnes avec lesquelles ont été confectionnés les 68 podiums pour la remise des médailles.

Le Pavé fait donc partie des quelques PME françaises qui ont pu se placer dans le cadre des appels d’offres auprès des grands groupes tels que Bouygues qui ont décoché des contrats. Ces derniers avaient pour obligation, selon les règles de la Solideo [Société de livraison des ouvrages olympiques, NDLR], établissement public créé en 2017 pour assurer la livraison de l’ensemble des ouvrages d’accueil, de sous-traiter au moins 25 % auprès de PME et TPE. Ce qui a permis à plus d’un millier de petits fournisseurs, surtout dans les services, la restauration et le bâtiment, comme Orsteel (fabricant de spots lumineux pour les bassins de natation), de profiter de cette manne économique. Selon les chiffres officiels et non définitifs, cela aurait assuré 536 millions de chiffre d’affaires à ces PME.

« Nous avons démontré que nous pouvions produire du volume »

Decathlon, qui assure l’habillement des 45.000 bénévoles, soit une quinzaine de pièces par personne, a sous-traité en France les marinières et les chaussettes… La société Tismail de Troyes a fourni 100.000 paires. Quant aux marinières, vêtement typiquement français, ce sont des entreprises d’insertion qui les ont faites. À Marseille, Fil rouge a livré 103.000 pièces, « une grosse commande qui nous a permis d’acheter des machines » nous explique Stéphanie Nunès, chargée de communication. « Nous avons démontré que nous pouvions produire du volume. » Une constatation en écho aux craintes de certaines autorités des JO qui plaidaient pour ne faire appel qu’à de grands groupes pour ne pas courir le risque de retard de livraison… De son côté, Résilience, à Roubaix, a livré en temps 38.000 marinières. Le reste des équipements a été fabriqué en Chine et au Vietnam, « mais expédié par bateau pour limiter l’empreinte carbone », précise Decathlon.

Bonne pioche, aussi pour la société Le Coq sportif, de Romilly-sur-Seine (dont 70 % du capital est détenu par le Suisse Airesis). Elle habille les 4.000 personnes de l’équipe de France, dont 560 athlètes olympiques et 280 paralympiques. Un joli contrat de 150.000 pièces, dessinées par le créateur Stéphane Ashpool et dont une part importante est fabriquée au Maroc ou en Espagne. Toutefois, la plus noble, soit les tenues de cérémonie, est fabriquée à Romilly.

Aux côtés des fournisseurs, 80 entreprises françaises ont obtenu, moyennant finances, une licence pour sigler leurs produits aux couleurs des JO. Que ce soit les 400.000 Phryges de Doudou et Cie, de Guerche-de-Bretagne, le couteau Le Coq français, de Thiers (en photo), les tabliers et serviettes de Jacquard Français, de Gérardmer, ou le Béret français, de Bayonne, leur investissement est une louable prise de risque, même si, selon les estimations, il est susceptible de générer au total deux milliards de chiffre d’affaires.

Patricia Colmant
Patricia Colmant
Journaliste indépendante

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Réflexion faite,
    nos gens fonctionnaires en place sont capables de gérer vestimentairement des saltimbanqueries ,
    Mais incapables de gérer une guerre ? car même nos boutons de guêtre sont fabriqués chez l’ennemi potentiel ??
    Drôle de pays ou nos comédiens ridicules pantins dirigeants ,hélas , élus. Ont l’art du cinémato-télé -théatral
    mais pas les compétences pour assurer la réalité des  » actes » et faits actuels.

  2. Si j’achète un couteau laguiole ce ne sera certainement pas pour que le CIO en tire du fric! …. vive les laguioles non siglés JO de paris!

  3. Et les sièges et podiums en bouchons recyclés , on en fait quoi ? Dites -nous vite la prochaine étape… à quoi serviront prochainement nos impôts puisque nous les avons déjà payés comme consommateurs d’eau en bouteilles et comme contribuables dans l’ investissement des équipements sportifs . Le « cercle vertueux » de la ponction fiscale ne s’arrête jamais…

  4. Les attaques au couteau sont déjà une spécialité française. Très mal venue, cette photo d’illustration.

  5. Pardon mais limiter l’empreinte carbone depuis la Chine par un transport par bateau plutôt que l’avion je ne vois pas où est le gain.

    • Si si, en bateaux à voile, ou genre barque solaire égyptienne, ou mieux en galère romaine (et là, on a des rameurs expérimentés!)…

  6. Il me semble avoir lu récemment au J.O que le « coq français » a touché une confortable aide de l’état ! A part celà, estanguet n’a-t-il pas déclaré : « qu »il n’y aurait pas un € d’argent public pour les J.O, tout serait financé par le sponsoring » ?

  7. Et si « on » informait les français sur plusieurs « sujets » :
    – Le prix des « costumes » des « performeurs » de la cérémonie ?…
    – Le salaire concédé à ces « performeurs » ? …
    – Les conditions de « travail » des béné-volontaires ? …
    – Les « salaires » des « penseurs » du COJO ? …
    Vos en voulez d’autres ? ! … Pourquoi tant de « places gratuites » aux « chances pour la France » du 9- 3 ? …

    Les « larmes de DIEU » ont essayer de « laver » l’outrage mais rien ne les a arrêter … Peu de médailles seront « une punition divine » ? ! … mais dommageable pour les sportifs ! …

    • Ne plaignez pas les sportifs, ces « enfants gâtés » de la république, ils sont comme les gens du showbiz, à vomir ! Pour le reste vous avez raison, surtout les salaires extravagants des « penseurs », d’ailleurs le « canard », il y a environ un an avait déjà dénoncé les salaires de la quarantaine de directeurs autour d’estanguet ! Patientons, encore quelques mois pour connaitre une infime partie de la vérité

  8. Ça fait plaisir — dans l’océan de gigantisme de ces JO — que les organisateurs aient fait confiance à de petites entreprises françaises qui ont prouvé, si besoin en était, qu’elles ont la capacité à répondre en qualité, en quantité et dans les délais. Que les organisateurs de manifestations ultérieures s’en souviennent…

  9. Merci pour ces informations très intéressantes.
    Il y a pas mal de temps, Jean-Marie Bigard organisait la collecte des bouchons en plastique. Il me semble que c’était au bénéfice de personnes handicapées.
    Concernant les lits en carton, pas d’infos ?

    • Je ne sais pas qui avait organisé cette collecte, mais dans certaines supermarchés il y avait un baril où je déposais mes bouchons (c’était au début des années 2000) au profit de l’ostéogenèse imparfaite (la maladie des os de verre). Puis clap de fin et le baril à disparu (pourquoi ???). Maintenant les bouchons restent fixés aux bouteilles et l’écologie européenne voudrait nous interdire de boire de l’eau en bouteille. OK le plastique est polluant SI on le jette n’importe-où n’importe comment dans la nature (sur les plages, à la campagne ou dans la rue). Mais c’est pourtant vrai qu’il y a plein d’exemples de recyclage des bouchons et des bouteilles. J’en ai fini avec mon laïus !!…

  10. La France a du talent , des idées et un savoir faire . De plus beaucoup d’inventions dans de nombreux domaines sont françaises . Donc on relocalise nos usines , on diminue ainsi le nombre de chômeurs et on fait un geste pour la planète en supprimant ces gros paquebots et tous ces camions qui sillonnent ce pays pour importer des marchandises que l’on est apte à produire .

    • Cette semaine: fermeture de la dernière usine « saupiquet » dans le Finistère et délocalisation au maroc (147 emplois supprimés), à Roncq ’59) fermeture d’Alstrhom, fabriquant de papier sulfurisé, 140 emplois supprimés (merci X. bertrand) !

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