Des lectures pour l’été : Le Christ recrucifié, de Níkos Kazantzáki, 1955

christ recrucifié

Dans un petit village grec d’Anatolie, avant la Première Guerre mondiale, la vie s’écoule paisiblement sous l’autorité débonnaire du gouverneur turc, l’agha.

On vient de célébrer Pâques. Le conseil doit maintenant se réunir pour désigner les futurs acteurs de la prochaine reconstitution de la Passion : il faut choisir qui, dans un an, jouera le Christ, les apôtres, Marie-Madeleine et Judas. Ce n’est pas une mince affaire.

Les représentants de ce conseil ne sont guère sympathiques. Il y a le pope, Grigoris, autoritaire et matérialiste, et des laïques, les plus riches, mais pas les plus charitables. Ils désignent quatre jeunes, dont Manolios, le jeune berger au cœur pur, qui se juge indigne de jouer le Christ, mais doit obéir. L’homme chargé de jouer Judas refuse et promet de se venger pour l’humiliation subie.

Survient, alors, un groupe de réfugiés grecs, menés par un pope, bannière en tête. Ils sont affamés, transis, malades. Ils ont fait des kilomètres pour rejoindre ce village que l’on dit riche, car le leur a été détruit par l’armée turque qui les a châtiés à la suite d’une révolte.

Le conseil n’en veut pas et les chasse. Les malheureux s’installent sur les hauteurs, dans un dénuement complet. Les quatre jeunes sont indignés et volent pour les nourrir. Ils font connaissance du pope, un ascète avec qui ils se lient.

Entre les deux camps, l’hostilité monte, jusqu’au drame.

Níkos Kazantzáki est le plus célèbre écrivain grec du XXe siècle. Ses romans, dont le fameux Alexis Zorba (qui a inspiré le film Zorba le Grec), constituent une vaste fresque du monde hellénistique moderne.

L’Histoire a oublié que d’importantes communautés grecques ont vécu des siècles dans le nord et l’ouest de la Turquie. Après la guerre gréco-turque (1919-1922), perdue par la Grèce, elles furent brutalement expulsées par les Jeunes Turcs, ceux-là mêmes qui venaient de perpétrer les génocides arménien et assyro-chaldéen. Des centaines de milliers mourront en route, d’autres parviendront à rejoindre la Grèce.

Kazantzáki les fait revivre, le temps de ce très beau roman qui mérite d’être redécouvert.

Le blog d’Antoine de Lacoste

 

 

 

 

 

Antoine de Lacoste
Antoine de Lacoste
Conférencier spécialiste du Moyen-Orient

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