Désinformation sanitaire : une très mauvaise propagande contre l’immigration !

"Sofia Zago, une enfant de 4 ans de Brescia, est morte le 4 septembre de la malaria." Cette histoire a été relayée dès le 5 septembre dans Le Quotidien du médecin, qui évoque un "virus" (sic !)

Un lecteur a tout de même cru bon – bien seul - de souligner que le Plasmodium n’est pas un virus !

Deux mois après, en conclusion de leur enquête, les « spécialistes » de l’hôpital de Trente expliquent comment ce cas de malaria a pu être observé "alors que le paludisme indigène italien est éradiqué depuis des décennies" (sic !).

Ils déclarent dans un communiqué : "La fillette est morte après avoir été contaminée par le sang d’enfants paludéens venant du Burkina Faso, lors d’une prise de sang faite avec une aiguille souillée."

Haro, donc, sur ces immigrés qui déferlent sur l’Italie…

Cette interprétation invoquant maintenant une "contamination sanguine" repousse loin les limites de la bêtise, ou celles de la simple ignorance !

La contamination paludéenne d’homme à homme ne peut pas exister car le Plasmodium, parasite unicellulaire, pour être infectieux, doit passer par un stade sexué qui ne peut s’effectuer que dans les glandes salivaires de son hôte intermédiaire (le moustique Anophèle).

Pour simplifier : les individus infectieux (sporozoïtes) pénètrent la circulation sanguine humaine via une piqûre de l’insecte. Après un cycle de développement dans le foie, ces parasites (devenus mérozoïtes) pénètrent les hématies où ils subissent une intense multiplication asexuée et se différencient ensuite en gamétocytes (c’est l’éclatement des hématies, dû à la libération des parasites multipliés et des toxines associées, qui correspond aux spectaculaires crises fébriles récurrentes typiques de la malaria).

Les pré-gamètes (gamétocytes) - aspirés fortuitement lors d’une piqûre - vont permettre un nouveau stade sexué chez le moustique et, donc, l’apparition de nouveaux sporozoïtes… Un processus qui prendra une quinzaine de jours !

L’Institut Pasteur est formel : "Il n’existe qu’un seul cas de contamination inter-humaine directe : lorsqu’une femme enceinte infectée contamine son enfant par voie transplacentaire."

Que des Anophèles – moustiques endémiques en Italie depuis la nuit des temps, quoique certains disent aujourd’hui – soient retrouvés au nord, cet été particulièrement chaud, n’a rien d’inimaginable. C'est Benito Mussolini qui fit assécher et mettre en culture, entre 1928 et 1932, à soixante kilomètres de Rome, les marais pontins : le principal foyer historique du paludisme en Italie centrale. En 1943, face à l'avance des Alliés débarqués en Sicile, les Allemands y sabotèrent les infrastructures hydrauliques afin d'inciter à la réapparition de la malaria. C’est dire si la présence endémique, indigène de ces moustiques et de la malaria y est historiquement très bien connue.

Que, dans ce contexte, certains moustiques locaux soient redevenus porteurs du Plasmodium en piquant des immigrés paludéens fraîchement débarqués est effectivement plus que probable.

L’histoire invraisemblable de « transmission par aiguille sale » traduit surtout qu’au-delà de la méconnaissance inquiétante de ses « spécialistes », l’hôpital de Trente reconnaît maintenant des carences d’hygiène…

Cette histoire, cautionnée par un corps médical qui se révèle, là, bien peu compétent, est exploitée et répandue comme propagande anti-immigré, bien à tort car elle est absurde, donc facilement dénonçable.

Pourtant, le risque sanitaire lié à l’afflux massif de populations subsahariennes, potentiellement porteuses d’infections endémiques chez elles - notamment la tuberculose, le paludisme et autres fièvres récurrentes, voire la lèpre -, n’est pas une fiction.

Encore faut-il exposer de bons arguments.

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Claude Timmerman
Biologiste et environnementaliste, Editorialiste et Conférencier

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