Didier Maïsto : Vote d’une partie de l’électorat Mélenchon pour Le Pen : « Je comprends cette décision »
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L'ancien président de Sud Radio et soutien de Jean-Luc Mélenchon revient sur la défaite de ce dernier et sur le second tour qui offre un choix cornélien pour l'électorat « insoumis ».
Marc Eynaud. Jean-Luc Mélenchon échoue aux portes du second tour. Vous étiez l’un de ses soutiens, comment avez-vous réagi, suite à cette défaite ?
Didier Maïsto. Ce sont des sentiments un peu peinés d’avoir porté aussi haut ce programme. Échouer à quelques voix, c’était infiniment faible comme écart. J’en veux beaucoup aux sondeurs qui ont consciemment minimisé le vote de Jean-Luc Mélenchon. La dynamique des derniers jours était excellente, les meetings étaient pleins, que ce soit dans les grandes villes, dans la France périphérique ou dans les campagnes. Ce n’est pas la même chose de présenter Jean-Luc Mélenchon comme le 2e homme que comme « l’homme qui peut battre Emmanuel Macron ». Évidemment, il y a cette déception-là, mais on a semé des graines, on a un programme certes pacifique, mais révolutionnaire à bien des égards. On a creusé un sillon et, maintenant, il faut continuer à creuser et à avancer dans toutes ces belles choses que nous avons défendues.
Macron, c’est le vote des vieux, et Mélenchon, c’est le vote des jeunes qui voient l’espérance.
M.E. Au soir de sa défaite, Jean-Luc Mélenchon a été beaucoup plus clair qu’en 2017. Malgré tout, une partie de ses électeurs semble décidée à voter Marine Le Pen. Et vous ?
D.M. Je comprends cette décision. Il y a une colère immense dans notre pays. Emmanuel Macron n’a eu de cesse, durant son quinquennat, que de semer la haine dans les mots, les actes et les violences extrêmes. Je rappelle toujours : 32 éborgnés, 5 mains arrachées et des centaines de blessures graves à la tête.
Les gens ne peuvent pas se résoudre à repartir dans ce cauchemar pendant cinq ans. Je m’abstiendrai, parce que je ne peux pas appeler à voter Macron. En 2017, j’avais dit que s’il accédait au pouvoir, nous basculerions immédiatement dans le « fascisme soft ». On me l’avait assez reproché à l’époque. D’un autre côté, je ne vais pas non plus appeler à voter Marine Le Pen, en fonction de tout ce que nous avons défendu durant cette campagne. La sagesse est, pour moi, de m’abstenir. Je fais confiance aux citoyens qui voteront en leur âme et conscience. Cela s’appelle la démocratie.
M.E. Quelles différences fondamentales y a-t-il entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ?
D.M. Je pense que ce qui les sépare, ce sont des grands mouvements de pensée. Si on regarde les choses socialement, on pourrait trouver des convergences dans le programme de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. Fondamentalement, il y a la question de l’immigration. C’est un Rubicon infranchissable. De plus, pendant toutes ces manifestations, tous les groupes politiques n’ont eu de cesse de soutenir les forces de l’ordre. Pendant que les gens se faisaient éborgner, le seul groupe politique à l’Assemblée nationale qui s’est élevé avec vigueur contre ces violences policières a été La France insoumise. Cela a laissé beaucoup de traces. Marine a soigneusement évité certains sujets pendant la campagne. Ce sont des points irréconciliables.
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