Mon dimanche avec Collomb, Ruquier, Macron, l’Espagne et le Grand Orient de France

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- Le ministre de l'Intérieur a été excellent sur BFM TV. Tout de bon sens, de mesure et de lucidité. Il a eu du mérite. Il a réussi le tour de force, par ses réponses, d'améliorer les questions.

- La nouvelle mode du "J'assume". Je ne mets pas sur le même plan, évidemment, le Premier ministre et Laurent Ruquier. Mais il y a des similitudes dans l'expression. Édouard Philippe questionné par Libération, quand il était confronté à ce qu'il sentait lui-même comme un terrain miné, s'empressait de proférer "J'assume" tel un bouclier décisif. Laurent Ruquier, au sujet de la scandaleuse empoignade sur "On n'est pas couché", a trouvé habile, lui aussi, de prononcer ce mot magique. "J'assume" est devenu l'argumentation infiniment rapide et, si on ne creuse pas, efficace de ceux qui ne veulent pas prendre le risque d'argumenter sur le fond. Plutôt que de s'avancer dans le débat, de risquer une contradiction ou d'être à court d'une réplique, on "assume". Percevant ce que son propos solitaire a de sommaire et de peu convaincant, ce que la péripétie à justifier a de très choquant, on "assume". On espère que, par ce "J'assume", l'auditeur ou le lecteur sera plus sensible au courage de cette affirmation qu'à la fuite qu'elle révèle. "J'assume", un moyen apparemment honorable de se sortir d'un piège. Mais qui est trompé ?

- Un "spécialiste du discours politique" (JDD) énonce, avec le savoir qui convient, que le président de la République serait "partagé" entre un propos complexe et un verbe direct, voire vulgaire, et que ce serait une faiblesse. Je crois exactement l'inverse. La finesse du premier et la vigueur du second se cumulent, elles ne se détruisent pas, elles créent de la diversité et de la plénitude alors que, chacune en autarcie, elles pâtiraient de pauvreté.

- L'Espagne n'est pas que pour les Espagnols. Ce qui a été magnifiquement illustré par cette multitude d'Espagnols, cette foule immense qui est venue combattre la volonté séparatiste et illégale de Catalans qui, au mieux, ne songent qu'à leur pulsion inconcevable d'indépendance. J'espère que cette marée humaine - comparable à celle qui a réduit à néant les derniers feux délétères de Mai 68 - saura faire recouvrer à ce formidable pays le sens de son unité. Ce ne serait pas la même chose, pour nous, d'admirer la grandeur et la beauté espagnoles en étant contraint d'en dissocier l'État catalan. La Catalogne est magique parce qu'elle est une facette éblouissante et capitale de l'Espagne.

- Enfin, le nouveau grand maître du Grand Orient dénonce "une obsession identitaire" - on aurait été déçus s'il nous avait privés de ce poncif prétendument progressiste - mais, surtout, formule une "exigence de laïcité" qui, dans sa conception, est radicalement hostile à l'esprit religieux et aux richesses de la notion de transcendance et de ce rapport sensible au monde, que la foi soit présente ou non. La laïcité seulement comme une machine de guerre. Avec la conséquence hypocrite qu'il ne convient pas "de nommer l'islam" parce qu'il n'y a pas de "hiérarchie entre les religions et qu'une religion n'est pas plus dangereuse qu'une autre". Incroyable ! Les chrétiens et les juifs apprécieront et la France gravement meurtrie par une autre cherchera à l'oublier. Quand la volonté à toute force d'être dans les Lumières conduit à de telles extrémités de la pensée et à un tel défi au bon sens et au réel, on est saisi, et c'est un euphémisme !

Cinq subjectivités dominicales enrichies et limitées par la liberté solitaire.

Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

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