Dimanche s’affronteront dans les urnes deux idées de la France

Paris-Arc_de_Triomphe

Foin des postures, du langage corporel, des petites phrases et des grands mensonges - ou l’inverse - commentés toute la journée dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le seul à avoir saisi l’essentiel, c’est Gérald Darmanin. Il commentait en ces termes, jeudi matin, sur Europe 1, le débat de la veille : « On a vu le choix entre deux types de France. » Tout est là.

Pourtant jamais, sans doute, dans l’histoire des débats d’entre-deux-tours, le mot France n’a été si peu prononcé. Il était pourtant dans le cœur de nombreux Français qui, au bout d’une heure, auraient aimé que l’on s’extirpe enfin des considérations chiffrées pour étudiants en CAP de comptabilité. Comme si la France était déjà douloureusement perdue pour les Français, à l'instar, jadis, de l’Alsace-Lorraine : « Y penser toujours, n’en parler jamais. »

Il n’empêche que Gérald Darmanin est dans le vrai. Même si le débat a pu paraître aseptisé, technocratisé ou même, disons-le, « rasdespâquerettisé », le vrai clivage est là : entre une France d’en haut, si haut que l’Hexagone ne lui semble, depuis les nuées, pas plus grande qu’un timbre-poste, et une France d’en bas, les pieds vissés dans la terre.

Comme dans une copie d’écolier, la synthèse du propos, ce que l’auteur a dans les tripes, est dans la conclusion. Las comme dans une copie d’écolier, pressés par le temps, les deux débatteurs n’ont pas pu développer leur conclusion. Elle leur a cependant permis de planter des balises. Emmanuel Macron a des tics de langage de dame caté des années 70 : il veut « bâtir un monde meilleur ». Rien que ça. La première étape, pour cet hubris démiurgique qui trouve forcément la France bien étriquée, est l’Europe. Pour lui, cette élection sera donc, il l’a dit, un « référendum pour l’Europe ». On ne pourra pas dire qu’il n’avait pas prévenu. L’élire, c’est donc dire oui à cette Europe fédérale qu’il appelle de ses vœux.

Marine Le Pen, elle, prétend « défendre ce qui fait l’âme française », « son identité, ses traditions nationales, locales, ses valeurs, sa langue, ses paysages. Sans complexe. » Elle veut « privilégier l’enracinement contre la spéculation, le localisme contre le mondialisme, la transmission contre la spoliation ».

Aura-t-elle le courage, la volonté, la possibilité de le faire si, d’aventure, elle arrive au pouvoir ? C’est une autre histoire. Mais s'y engager publiquement est le préalable nécessaire, à défaut d'être suffisant. Le choix de dimanche est là. Tout le reste n’est qu’accessoire.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Aujourd’hui a lieu une élection, devons-nous élire un roi qui décidera tout sur tout en France en méprisant ceux qui s’opposent à ses volontés ou qui sont différent de son standing, où devons-nous élire un dirigeant au service du peuple qui lui confie les rennes pour les mener vers une vie meilleure en ne prenant que des décisions dans l’intérêt du peuple, de son histoire et de sa culture ?

  2. La France n’a rien à gagner à se perdre dans une EUROPE Fédérale et encore plus à perdre dans une mondialisation dont la démographie est hors de contrôle.
    La douce France peut vivre très bien sans ces projets irréalistes d’un mondialisme heureux. La guerre en Ukraine nous démontre à notre porte que ces illusions de bisounours sont enfantines et nous méne à notre propre disparition.
    A.Lerte

  3. Oui, le choix est entre une France désincarnée et une France identitaire. Le citoyen vit dans le présent immédiat (pouvoir d’achat) et donc est indifférent aux autres enjeux électoraux.

  4. 72% des français ne souhaitent pas la réélection de Macron après 5 ans au pouvoir en ayant mis les français au service de son idéal de l’Europe dont les français n’ont pas voulu comme constitution au référendum de 2005. N’est ce pas de sa part nous imposer une dictature? Qu’en sera t-il avec 10 ans de Macron nous imposant ce que nous ne voulons pas? 27 pays avec 27 langues différentes.. Marine aurait dû pilonner sur la vision européenne de Macron, ce que cela coûte et rapporte, immigration

  5. L’Europe Fédéraliste, où de plus en plus de Décisions sont prises, parfois en dehors de la compétence de l’U.E. dans la Constitution originelle. Et Lois qui seront Irréversibles…C’est celle de Macron
    Ou l’Europe des Nations, où chaque pays conserve une certaine souveraineté dans ce qui touche le Sociétal, les Valeurs, les Coutumes, de chacun. C’est celle de La Droite Républicaine qui peut présenter des Candidats aux Elections
    L’Extrême Droite est interdite en France.

  6. Pourquoi Macron s’est-il représenté puisque sont seul but est la construction de l’Europe ?Le seul drapeau européen sous l’Arc de Triomphe en a choqué plus d’un. Il n’aime ni ne s’intéresse à la France. Alors, qu’il commence par créer une Europe de la défense, on va en avoir besoin et ça l’occuperait un bon moment…. ! Et qu’il laisse la place à ceux qui veulent se battre pour nous rendre notre France. Lui ne fera que poursuivre son oeuvre de destruction.

  7. Souvenez vous qu’en 2017 les médias, Macron et ses « marcheurs » clamaient partout, « c’est Macron ou le chaos » et ce fut 5 ans de chaos et l’Arc du triomphe saccagé par la racaille et les black blocs, aujourd’hui les mêmes nous disent « c’est Macron ou la guerre civile » devinez ce que seront les cinq ou sept années qui viennent, les mêmes causes auront les mêmes effets, Souvenez vous du Liban ce beau pays des années 60 et voyez ce qu’il est devenu….à méditer!

  8. Chère Gabrielle,
    Permettez-moi une correction du titre de votre analyse. Au lieu de :
    « Dimanche s’affronteront dans les urnes deux idées de la France »,
    je propose :
    « Dimanche s’affronteront dans les urnes une idée de la France et une idée de l’Europe ».
    Ça me paraît plus proche de la réalité.

  9. La tirade de macron sur le voile correspond au fameux discours de pétain en 40: » … je vous dis qu’il faut cesser le combat … » c’est clairement une invitation à choisir son camp. Soit la reddition sans combattre, soit la poursuite de la lutte.

  10. Tous ces commentaires et débats, n’apportent pas grande chose. Quand on a une certaine idée de la France, ont sait pour qui on ne votera pas. Et tous ces signateurs de tribunes perdent leur temps tout en.se ridiculisant.

  11. Parler en dix minutes de sujets économiques ou sociaux très complexes est impossible, et on a relégué en fin d’émission les sujets les plus dérangeants , l’immigration, l’islam, le terrorisme islamiste, l’insécurité, comme comme lors des dernières élections en Allemagne, ces sujets sont mis sous le tapis.

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