Diplomates en grève : comment le macronisme détruit les derniers piliers du prestige de la maison France

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C’est rarissime : la dernière grève des diplomates français remonte à 2003, voilà près de vingt ans. Les « réformes » de la Macronie ont mis sens dessus dessous ce corps réputé discret et dévoué. Les diplomates et conseillers d’ambassade sont en grève, ce jeudi 2 juin, à l’appel de six syndicats et d’un collectif de 500 jeunes diplomates. « Nous faisons face à un risque de disparition de notre diplomatie traditionnelle », ont écrit ces 500 agents du ministère des Affaires étrangères dans Le Monde du 25 mai. Ils sont inquiets, nos diplomates, ils craignent l’effondrement de cette institution prestigieuse, la plus utile au prestige et à la présence de la France dans le monde.

Ils évoquent leurs conditions de travail. Ils se mobilisent surtout contre une énième réforme signée Emmanuel Macron, qui met sur pied un nouveau corps d’administrateurs de l’État mêlant indistinctement sous le même toit ambassadeurs et conseillers des Affaires étrangères. Les raisons de ce saccage semblent claires : l’exécutif pourra puiser les personnalités politiquement les plus sûres dans un ensemble beaucoup plus large. Les pétitionnaires du Monde l’écrivent noir sur blanc : « De très nombreuses personnalités ont alerté sur les risques d’une telle décision qui permettra des nominations de complaisance au détriment de la compétence et aura pour conséquence la déstructuration des carrières, une perte de l’expertise et une crise des vocations. » Le macronisme destructeur apparait là dans toute sa splendeur. Finie, l’expérience accumulée et transmise dans certains postes de l’étranger particulièrement difficiles. À quoi servent donc l’expérience et la spécialisation ? Tout est neuf et à refaire, pour le président de la République. L’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre Dominique de Villepin, entre autres, avait tiré la sonnette d’alarme, qualifiant cette réforme « d’atteinte au rayonnement de la France », stigmatisant « un facteur central d’affaiblissement de l’État », une « perte d’indépendance, une perte de compétence, une perte de mémoire qui pèseront lourd dans les années à venir, à l’heure de la recomposition du monde ». « Nauséabond », dirait sans doute Darmanin.

Quel besoin y avait-il de prendre ce risque ? Qui a exigé à cor et à cri la refonte de notre diplomatie ? Les failles étaient-elles donc béantes ? C’était un corps profondément attaché, dévoué même, à la grandeur de la France. Pas à l’Europe. Ni au monde. Est-ce cela qui gênait tant la Macronie ? On est en droit de se poser la question. Une à une, les grandes missions régaliennes de l’État, celles qui portent le prestige de la nation ou façonnent l’avenir, tombent sous les coups du réformisme destructeur d'Emmanuel Macron : l’ENA, qui n’était pas sans défaut mais apportait à la France seule une élite de hauts fonctionnaires, l’Éducation nationale, si cruciale pour l’avenir de nos élites et de notre peuple, la Justice, la médecine, l’hôpital public, en crise profonde, les forces de l'ordre… Quelles sont les institutions qui étaient en crise voilà cinq ans et qui, aujourd’hui, se portent mieux ? Dans toutes ses missions régaliennes, celles que nul autre que la puissance publique ne peut remplir, l'état macronien bute sur un constat de faillite qu'il persiste à nier. Ce qui subsiste et ce qui tenait encore subit des réformes a minima très contestées et plus qu'inquiétantes.

Lorsque les historiens se pencheront sur cette période, ils remarqueront que le pouvoir aura, méthodiquement, sapé tous les piliers du prestige et du bon fonctionnement de la maison France.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Les critiques pleuvent à tout va sur ce guignol QUE LES FRANCAIS ONT ELU (MAL), MAIS ELU QUAND MEME. Alors, il est trop tard pour gémir. Encore 5 ans à voir détruire notre pays. Au bénéfice de qui ? De l’oncle Sam plus particulièrement, bien sûr. Nous sommes le SEUL pays européen à avoir (encore) une armée, une certaine richesse (quoique) et c’est encore trop. Alors, puisque notre diplomatie vaut encore quelque chose, il faut la détruire.

  2. Disparition de l’ENA, du Corps préfectoral, du Corps diplomatique, ce sont des nominations discrétionnaires futures au service de Macron. Conseil d’Etat et Constitutionnel sont déjà à la botte. Que reste-t-il ? Le Peuple ? Je rigole !

  3. La prochaine étape ? Un Sous-préfet de l’Aveyron (avec tout le respect que je lui dois) pourra-t-il être nommé demain Ambassadeur de France à Washington ou auprès du Saint-Siège ?
    Une seule certitude : le Corps des Inspecteurs des finances sera le seul survivant à la fureur destructrice du pâle toqué élyséen. Il en est issu et il en connaît tous les bénéfices qu’on peut en tirer en termes d’enrichissement personnel.

  4. Mais jusqu’où les Français vont ils assister impassible à l’anéantissement de leur pays. Mais bon sang, réveillez vous avant qu’il ne soit trop tard. Ce peuple est devenu qu’une vaste bergerie où l’on a même plus le courage de bêler.

  5. Macron se fout de nos institution et de la constitution de la France une et indivisible car il sait que la loi Valls de décembre 2016 a liquidé la constitution et qu’aucun ému ne contestera cette loi car elle les mettrait au chomâge sans certitude d’etre réélu. Il se trompe : même la gaule romaine de César a retrouvé sa souveraineté…. avec les huns etc, et si on la retrouvait avec Poutine et bientôt Trump ?

  6. Il est clair que face au niveau d’imposition du pays, nous en avons de moins en moins pour notre argent. C’est pathétique !

  7. Le dernier clou dans le cercueil de notre diplomatie, car le Quai d’Orsay est occupé par des néoconservateurs depuis des années…

  8. On attend aussi la grève du Corps Préfectoral, supprimé lui aussi par les mirifiques réformes en cours. Mais cela ce sera après les élections, car cette suppression vise à permettre le recyclage de tous les députés LREM qui ne seront pas réélus. On n’a encore rien vu et cet épisode ne saurait tarder.

  9. Macron est une calamité pour notre pays les Français ont votés pour la destruction de notre pays .

  10. Pour que les historiens se penchent sur cette période, encore faudrait il qu’ils aiment l’histoire et surtout qu’ils relatent les faits rien que les faits, soit la vérité !
    Or cela fait bien longtemps que nos historiens falsifient les faits.

  11. Après avoir anesthésié le pays par un empire de promesses jamais tenues, Macron entreprend sa marche destructive tous azimuts.
    Combien de temps va-t-on le laisser faire ???

  12. Les français ont voté pour la disparition de la France. Le président élu s’emploie à les satisfaire. Et les français le confirmeront dans son action en remplissant l’assemnlee de Renaissance et Nupes. La mode est à la déconstruction pour le plus grand profit de nos « amis » américains.

  13. Il y a une explication à toutes ces réformes
    Elle me semble évidente : préparer l’intégration dans une Europe supranationale
    On peut être contre, c’est mon cas, mais on ne peut hélas que saluer la cohérence du Président
    Notre ministère des Affaires étrangères n’est-il pas déjà devenu curieusement un ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ?

    • « Préparer l’intégration dans une Europe supranationale » avec un pays dans quel état ! Sans industrie, sans argent, sans culture, qui aura perdu tous ses savoirs faire, avec ses hordes belliqueuses. Je vois même l’Europe du Nord et de l’Est hésiter à nous intégrer !

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