Dis-moi comment tu parles ou écris, je te dirai qui tu es

écriture

Si vous voulez savoir si un homme politique, un journaliste, un dirigeant syndical ou associatif, quelque personne, est digne de confiance, voici une méthode infaillible : voyez s'il cède ou non facilement aux préjugés du langage. S'il émaille ses propos de « celles et ceux » ou ses écrits de points médians, ne le condamnez pas irrémédiablement mais restez vigilants.

Au mieux, il est influençable ou fait preuve d'un esprit grégaire ; au pire, sous prétexte de non-discrimination, il estime, comme on peut le lire dans un Manuel d'écriture inclusive, que « le discours n’est pas simplement un instrument de l’influence, mais bien le lieu de l’influence » et que l'on fait « progresser l'égalité femmes-hommes par [sa] manière d'écrire ». Dans les deux cas, ce conformisme est insupportable. Si vous hésitez dans le choix d'un parti politique, si vous êtes salarié et ne savez à quel syndicat adhérer, pour ne pas être un jour déçu, soyez attentifs à sa façon de s'exprimer.

Sans doute est-il difficile, pour chacun d'entre nous, de réprimer toujours ces tics de langage, tant ils sont omniprésents et créent une accoutumance quasi irrésistible. Un « celles et ceux » , un « tous et toutes » ou quelque autre formule stéréotypée peut échapper parfois ; mais quand cela devient systématique, quand on se met à écrire avec des points médians, pis encore, quand on commence à utiliser le néologisme « iel » pour désigner une personne sans distinction de genre, c'est qu'on a attrapé le virus.

Les femmes occupent une place de plus en plus importante dans la société, même s'il existe encore des inégalités dans les carrières professionnelles. En politique, des règles pour favoriser la parité ont été instaurées. Il va de soi qu'aucun métier, aucune fonction ne doivent leur être interdits sous prétexte qu'elles sont des femmes. Mais ce n'est pas en contrevenant aux règles de la langue française ou en imposant une confusion des genres qu'on y remédiera.

Aujourd'hui, on se fait honnir si l'on ose déclarer que les hommes et les femmes ne sont pas identiques mais complémentaires. Pourtant, on ne fera jamais qu'un homme puisse accoucher d'un enfant, sauf à créer, à la manière de Frankenstein, ce qu'il faut bien appeler un monstre, au sens étymologique du terme. On n'empêchera jamais qu'un lien particulier se tisse entre l'enfant et la mère qui l'a porté – ce qui devrait être un argument contre la GPA. Ce n'est pas par une parité hommes-femmes systématique qu'on améliorera l'action d'un gouvernement mais en y nommant les plus compétents, ce qui ne dépend pas de leur sexe.

L'écriture inclusive, les théories du genre, les excès d'un féminisme engagé ne sont en rien un combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes, mais ont les mêmes effets pervers que l'égalitarisme. Ils contribuent à la destruction des individualités et à la déconstruction de l'humanité. Ce n'est pas pour rien qu'ils prospèrent dans nos universités, où l'on accoutume les étudiants et les enseignants à leur pratique. Il sera intéressant de voir quelle sera, sur cette question qui n'est pas anodine, la position des prochains ministres de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

47 commentaires

    • Et même sur CNEWS, le présentateur Deval avec ses TE TE partout en guise de liaisons : elle était TE, il fallait TE, ils avaient TE, m’horripile au plus au point. Comme « tirer des conséquences »!…NON…On tire des conclusions et on subit des conséquences, et ce ne sont là que deux points sur…Il va falloir remettre le bon français à sa place première à l’école.

  1. Orage aux dès, espoir ?
    Non pas, car il semble bien que l’on orthographie au dés, voire au « pif » !
    De plus l’écriture inclusive est là pour exclure… C’est pourtant simple.
    Quel écrit est-ce donc là ! Don Diègue doit se retourner dans sa tombe !

  2. Il m’est arrivé de pousser un coup de gueule contre un mail de notre collègue déléguée syndicale SNES.
    C’est insupportable cette écriture inclusive.
    Personne ne m’a suivie mais je savais bien que beaucoup n’en pensais pas moins.
    Le problème des bobos, c’est qu’ils se plaignent exactement des mêmes choses que ceux qu’ils combattent politiquement mais ils ne l’assument pas.

  3. Sans oublier ceux qui ont recours aux « éléments de langage », et au sous-sabir franglais devenu une novlangue. Quelques florilèges figurant sur le site d’une médiathèque à côté de chez moi : « Ozélir », « rendez vous Magic the Gathering », »Clic and kids », »défilé cosplay », sans oublier le pass culture proposé aux jeunes de 15 o 25 ans « Yep’s, we can »…Consternant, quand on pense que cela est fait pour inciter notre jeunesse à mieux lire et écrire

    • Que dire de l’expression « feel good », mise à toutes les sauces ; de la prononciation erronée du mot « sweat » (swet) devenu « sweet » (swit). D’ailleurs, pourquoi ne pas utiliser tout simplememt le mot MAILLOT ?
      J’aime la langue anglaise, mais je déteste que l’on s’en serve pour abîmer la langue française.

  4. Ce n’est pas totalement juste, enfin pour moi. J’utilise le « iel » en général pour me moquer de la personne en question (je dis iel pour la personne accompagnant macron par exemple, afin de montrer mon dégout). De même le point médian est seulement utilisé par moi lorsque je réponds à des personnes très désagréables (pour moi) et seulement une fois dans un paragraphe, au bon endroit pour qu’elles voient que je me fous d’elles complètement. Si dans un message on me parle de la professeuse, je réponds « je ne connaissais pas cette professeure… ET ainsi de suite.
    Et lorsque je reçois un message en écriture inclusive, je préviens l’envoyeur que je mettrais dorénavant son message dans mes spams. Je puis vous dire que cela fonctionne si on est plusieurs à le faire.

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