Discours de la reine sur fond de victoire confirmée de Boris Johnson et des conservateurs

reine elisabeth

Plus requinqué que jamais après sa victoire aux élections locales, notre BoJo avait hâte d’entendre son discours lu par la plus prestigieuse des lectrices : la reine d’Angleterre. Covid-19 « oblige », la procession royale est réduite, point de carrosse depuis Buckingham Palace mais de grosses berlines noires escortées par des motards au lieu de horse guards jusqu’au palais de Westminster. Les parlementaires testés et masqués ne sont qu’une poignée à pouvoir assister debout au discours prononcé par la souveraine de 95 ans, trônant, vêtue d’un manteau lilas pâle avec broderie florale jaune d’or autour du col et chapeau assorti, devant la clairsemée rouge Chambre des lords.

Le traditionnel discours du trône - discours de politique générale prononcé par la reine qui marque l’ouverture de la nouvelle session parlementaire - permet à Boris Johnson de rappeler ses priorités : sa stratégie de levelling up, le rééquilibrage entre les régions du nord défavorisées et les villes du sud plus opulentes. Level up est le nouveau slogan de BoJo car, pour le Premier ministre, il est essentiel de fidéliser l’électorat populaire, pro-Brexit, qui désormais délaisse le Labour pour les conservateurs.

Pour le dirigeant travailliste Keir Starmer, dont c’était le premier test électoral, ce fut un camouflet. 48 millions d'électeurs ont été appelés à renouveler 5.000 sièges dans 143 assemblées locales en Angleterre, les Parlements gallois et écossais, ainsi que 13 maires. Il s’était présenté comme celui qui allait pouvoir mettre un frein à l’érosion du Labour dans ces bastions du nord et du centre et réparer les dégâts causés par la claque reçue par Jeremy Corbyn aux législatives de 2019, la pire défaite travailliste depuis des décennies. Hartlepool était un bastion travailliste emblématique depuis les années 1960. Dans les conseils municipaux alentour, les résultats sont à l’avenant. Le red wall jusque-là rempart imprenable dans ces régions du nord tombe par pans entiers.

Le Labour tente de minimiser la portée de cette défaite en expliquant ce renversement de situation par le fait que les électeurs de cette circonscription avaient massivement voté pour le Brexit en 2016 et ont logiquement reporté leurs voix sur les conservateurs de Boris Johnson, celui qui a mené à bien la sortie de l’Union européenne et dont la popularité est remontée, dernièrement, grâce au succès de la campagne de vaccination contre le Covid-19. C’est fort possible. Ce qui prouve que la thèse selon laquelle les Britanniques auraient voté pour le Brexit embobinés par les soi-disant mensonges de BoJo est un mythe ; mais ce mythe survivra même après l’effondrement du régime de l’Union européenne, tant ses partisans ne fonctionnent que dans le déni du réel. Ils ne baisseront jamais les bras parce que, sous prétexte d’Europe, ce sont des mondialistes favorables à un démiurge pouvoir planétaire total, à ne pas confondre avec la mondialisation économique libérale. Les Britanniques ont voté pour le Brexit lors du référendum de 2016, ont confirmé leur choix en plaçant au Parlement européen des députés du Brexit Party de Nigel Farage, puis ont voté massivement pour les conservateurs quand ils eurent à leur tête Boris Johnson, celui qui allait être l’homme qui ferait le Brexit, et ils viennent de le confirmer en votant à nouveau conservateur.

La reine a réitéré la promesse du gouvernement de réformer le mode de financement des soins sociaux pour les personnes âgées, confirmé son grand projet environnemental ainsi que son projet de loi sur la police, les frontières, la criminalité, les peines et les tribunaux.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/11/2022 à 8:29.
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Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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