Discours de Vance aux Européens : ça couine et ça applaudit

Capture d'écran
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Gabrielle Cluzel a dit sur le vif l'importance historique détonnante du discours prononcé vendredi par le vice-président américain Vance à Munich. Une leçon magistrale assenée aux Européens sur leur trahison des valeurs européennes en matière de liberté d'expression, de démocratie et d'immigration. Et le jeune cow-boy pouvait multiplier les exemples à chaque coup porté : élections annulées en Roumanie, attentat à Munich commis par un Afghan islamiste, etc. Il y avait, chez ce jeune Yankee de l'Amérique périphérique devenu vice-président, du Jean-Paul II de 1980 (« France, fille aînée de l'Église, qu'as-tu fait de ton baptême ? ») - un Jean-Paul II qu'il a d'ailleurs cité - et du Soljenitsyne. Évidemment, les cadavres bougent encore dans le saloon et les réactions des dirigeants européens ne se sont pas fait attendre. Petit tour d'horizon.

Ceux qui couinent

Premier servi : le chancelier Olaf Scholz. Vance ne s'est pas privé de dénoncer le cordon sanitaire anti-AfD : « Ce à quoi la démocratie allemande ne peut survivre, c’est de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations […] ne méritent même pas d’être prises en considération. » L'Allemagne a réagi par la voix de son ministre de la Défense Boris Pistorius, qui a pris la parole, groggy, après Vance, condamnant des propos « non acceptables ». Même le chancelier a été contraint de réagir dans la soirée : Scholz a « rejeté expressément » ces propos en réactivant le logiciel attendu : « De l’expérience du national-socialisme, les partis démocratiques en Allemagne ont tiré un consensus général : c’est le mur pare-feu contre les partis d’extrême droite. » Il en fallait davantage, pour arrêter Vance : il a ensuite rencontré, dans un hôtel de Munich, la candidate de l’AfD Alice Weidel !

J.D. Vance a également ciblé la Suède, qui a condamné le camarade de Salwan Momika, un homme tué fin janvier après avoir suscité la colère de pays musulmans en brûlant des exemplaires du Coran. Le ministre de la Justice Gunnar Strömmer a répondu que la Suède disposait de « l’une des protections les plus étendues de la liberté d’expression dans le monde », mais que celle-ci n’était pas « illimitée ».

Pour l'anecdote, mentionnons la réaction, pour la France, de... Nathalie Loiseau, qui a jugé le discours de Vance « totalement à côté de la plaque ». Le reste de la Macronie est resté bien silencieux. Même Jean-Noël Barrot, à l'heure où nous écrivons. Il est vrai qu'il s'agit, sur l'Ukraine, d'opérer un virage à 180 degrés...

Et ceux qui applaudissent !

Évidemment, du côté des gens qui rient : le reste de l'administration Trump, à son plus haut niveau. Elon Musk a salué laconiquement, comme il en a l'habitude, « a great speech » à coups de « Make Europe Great Again ! MEGA, MEGA, MEGA », puis il a retweeté avec humour un message voyant en Vance le président dont l'Europe a besoin.

Trump lui-même a validé, depuis son bureau, au cas où certains leaders auraient mal compris le message.

En France, peu de grands leaders patriotes ont réagi à chaud, à part Nicolas Dupont-Aignan, qui a épinglé la phrase sur l'absence de contrôle démocratique de l'immigration.

Mais aussi Marion Maréchal qui a salué, sur X, « un discours de vérité à Munich face à nos dirigeants européens ». Éric Ciotti a, quant à lui, évoqué un « discours historique » : « Il y aura un avant et un après dans le destin de l’Europe. Un discours pour le réveil européen, un discours pour l’Histoire. »

En fait, beaucoup de patriotes, traditionnellement méfiants vis-à-vis des USA, soulignaient le paradoxe de cette nouvelle Amérique venant nous sauver de nous-mêmes.

Un effet Vance mobilisateur

On peut raisonnablement attendre de la table que vient de renverser Vance à Munich un effet mobilisateur à plusieurs niveaux dans les pays européens. Désinhibition de l'électorat, désormais autorisé à voir ce qu'il voit et à voter ce qu'il veut voter. Ringardisation de l'offre politique centriste, même parée des atours de la jeunesse, comme Attal.

Et, corollairement, attraction nouvelle de la pensée patriote, désormais devenue tendance et glamour, avec cet adoubement américain. Comme dans ce tweet d'Antoine Baudino, assistant parlementaire du sénateur Stéphane Ravier.

Encouragement aux partis patriotes de droite à s'unir et à faire tomber les murs, les cordons sanitaires, plutôt que de laisser le pouvoir à des majorités artificielles, toujours in fine menées par la gauche bien-pensante. Encouragement, aussi, aux leaders disrupteurs à s'affirmer et à rencontrer Vance. C'est à une telle rencontre entre Vance et Marine Le Pen que songeait Damien Rieu :

Mais en France, dans la condamnation comme dans les félicitations, on relève peu de grandes voix. Comme si c'était, une fois encore, les leaders et les médias périphériques qui avaient perçu la force du discours de Vance. Et, sur les réseaux sociaux, une question traverse en filigrane les réactions pleines d'espoir : qui sera notre Vance à nous ?

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

95 commentaires

  1. On dirait que les politiques français n’ont pas entendu J.D. Vance, en dehors de Nicolas Dupont-Aignant qui a aussitôt réagi de façon très positive, de même que Sarah Knafo. Il est vrai que ses propos tranchent avec les discours dont nous sommes abreuvés en pure perte. Le discours du Vice-Président américain laisse envisager, s’il est entendu, que l’espoir pourrait renaître en France.

  2. La France cherche désespérément son  » Vance »…..
    Merci infiniment à J.D Vance pour cette leçon magistrale infligés aux dirigeants européens ayant tout renié des valeurs fondamentales qui ont fait l’Europe. Ils ne font que susciter la défiance et l’angoisse de leur peuple. C’est une faillite morale, sociale et sociétale pour toute l’Europe. Un effondrement.

  3. Dans un moment d’ égarement nous pourrions imaginer que le discours de JD VANCE est un électrochoc salvateur ; hélas, les Forces du Rien vont se magner le derche pour jouer de l’ étouffoir et on sera parti pour les « valeurs humanistes de l’ Europe » etc … Depuis le début de son premier mandat, Trump met l’accent sur l’ indifférence des européens à leur propre défense, trois années de guerre aux frontières de la Pologne n’ ont pas suffi à placer notre sécurité au centre de nos préoccupations, dés lors comment s’indigner de la réaction US ? Tout était dit dans le slogan de Trump : America first ! Deux mots essentiels et définitifs. Les européens les ont accueillis comme s’ils les avaient prononcés eux-mêmes c’est à dire avec la valeur du vent. Le problème est que c’ est Trump qui les a prononcés, avec la valeur de l’ airain.

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