Dix fois plus de temps passé sur les écrans qu’à lire un livre : cette inquiétante étude du CNL
3 minutes de lecture
« Non, les jeunes ne sont pas allergiques à la lecture », affirmait-on sur Radio France, il y a six mois, dans une émission intitulée Les jeunes et la lecture, une grande histoire d’amour malgré les idées reçues. Et la radio d'arguer que « deux tiers des jeunes de 15 à 30 ans lisent entre un et cinq livres tous les six mois. C’est déjà pas mal ! » Un constat des plus réjouissants, sans nul doute, mais que vient mettre à mal cette nouvelle enquête Ipsos commandée par le Centre national du livre (CNL), sur « Les jeunes Français et la lecture en 2024 ».
Un désintérêt toujours plus important chez les 7-19 ans pour la lecture
Dans cette étude d'une petite centaine de pages, les habitudes de lecture des jeunes de 7 à 19 ans sont décryptées, et le bilan est plus qu'alarmant. Les chiffres se suivent, catastrophiques, démontrant la désertion totale de cette pratique qui, il n'y a pas si longtemps, était tout à fait prisée à tous les niveaux de la société. À l'heure où la plupart des jeunes Français savent lire, à l'heure où les livres n'ont jamais été aussi accessibles et à si bon marché, la lecture est l'objet d'un désintérêt toujours plus important chez les 7-19 ans.
Chez les 16-19 ans, par exemple, 38 % des sondés affirment ne pas lire du tout dans le cadre de leurs loisirs : un chiffre en chute libre par rapport à 2022, où cette indifférence touchait seulement 26 % des jeunes du même âge. Du côté de l'école, les chiffres ne sont pas brillants non plus, puisque 16 % des 7-19 ans affirment ne pas lire pour l'école ou le travail. En moyenne, école et loisirs confondus, les 7-19 ans consacrent ainsi 19 minutes par jour à la lecture... et lorsqu'ils sont choisis par goût personnel, ces livres sont constitués pour la moitié de mangas.
Plus de 5 heures par jour devant un écran chez les 16-19 ans
Face à un quota de jeunes lecteurs qui se réduit comme une peau de chagrin, et à un temps de lecture assez peu conséquent, certains chiffres, eux, ne cessent de gonfler. Il s'agit, bien sûr, du temps d'écran, qui s'élève en moyenne à 3 heures 11 par jour chez les 7-19 ans, avec un record de 5 heures 10 chaque jour chez les 16-19 ans. En moyenne, donc, les jeunes passent dix fois plus de temps sur leur écran qu'à lire un livre, et l'explosion de ce premier passe-temps est directement liée à la mise au placard du second : en effet, c'est à 9 ans et 9 mois que les enfants obtiennent, en moyenne, leur premier smartphone. Un objet dont les conséquences se voient directement sur les courbes de lecture : dès l'âge de 10 ans, on observe un décrochage dans la pratique de la lecture. Chez les garçons, notamment, la chute est très nette : entre 7 et 9 ans, 97 % des garçons lisent pour leurs loisirs. Entre 10 et 12 ans, ils ne sont plus que 89 %, jusqu'à tomber à seulement 50 % chez les 16-19 ans, soit une chute vertigineuse de 15 points par rapport à 2022.
À la lecture de cet état des lieux, il y a bien sûr la possibilité, à l'image de cette émission sur Radio France, de se réjouir de tout cœur du minuscule pourcentage de lecteurs qui restent. Tout n'est pas perdu, c'est certain. On serait cependant tenté de voir davantage une « grande histoire d'amour » entre les jeunes et leur smartphone qu'une idylle avec leur livre, ce qui ne présage rien de bon pour la santé mentale de la jeune génération. Avec des écrans accessibles à qui veut et un fonctionnement scolaire qui induit de plus en plus l'usage du numérique, la tendance ne devrait pas s'améliorer : supprimer définitivement les écrans de l'enceinte scolaire pour revenir aux manuels serait un premier pas appréciable pour redorer le blason de la lecture, car ce ne sont pas les pass Culture et autres inventions artificielles qui règleront le problème.
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV
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10 commentaires
Ma petite-fille de 10 ans dévore un livre par jour ! Par contre, ses cousines et frère, ça rue dans les brancards ; et pourtant, aucun ne possède de tablette (perso) ni smartphone..
Ne nous racontons pas d’histoires, c’est une tendance irréversible, qu’on le déplore ou pas.
Ils ne lisent pas, ne savent pas compter à cause des calculettes, quant à la culture générale, inutile de parler de l’absence. C’est la fin de notre pays
Ma seconde petite-fille (celle qui ne raffole pas des bouquins ; 9 ans donc) : championne toutes catégories de son école en calcul mental et résolution-express des4 opérations ( grâce à une semaine de méthode d’entraînement du papy..)
Vrai et faux « en même temps ». En effet, il existe de nombreux livres en PDF, qui en plus peuvent être téléchargés gratuitement. C’est mon fils qui m’a expliqué cela (et je le fait depuis). On cherche un livre (fin des droits d’auteurs), n le charge et on le lit tranquillement sur son écran!
Cela permet de ne aps avoir à prendre la voiture pour aller le commander à la librairie du coin (oui, à la campagne, la librairie du coin n’a pas tous les livres en rayon -et en stock- et est obligée de commander) ou de commander sur Amazon ou sur la FNAC. (les pauvres bibliothèques du coin ont des livres certes connus et qu’ils faut lire, mais aps franchement de choix surtout à la longue)
Certes, cela fait mal aux yeux, mais on lit. Ceci est également vrai pour les bandes dessinées. Je n’apprécie pas les jeunes qui n’arrêtent pas de faire des SMS, des messages, utilisant leurs pouce comme des singes. Mais heureusement que le temps d’écran n’est pas toujours utilisé pour des âneries. On lit bien BVD Voltaire sur écran, il me semble! (oui, pas à 12 ans, c’est sûr!)
Le constat de ‘TARA’ est incontournable. Bravo et merci.
Constat navrant mais pas étonnant.
Normal ! Les jeunes ne savent plus lire,juste déchiffrer
Je me souviens il y a quelques années, j’ai passé une nuit blanche a lire un livre du début a la fin qui m’avait passionné. Une fin de semaine bien sur.
les écrans n’apprennent ni le vocabulaire ni la grammaire d’où les fautes de syntaxe et le nombre incalculable de fautes d’orthographe dans les rédactions …y compris dans les CV à la recherche d’emplois.