Dominique de Villepin l’assure : l’Apocalypse a commencé, mais il va nous sauver

Après un passage en guest-star à la Fête de L’Humanité, où il s’est fait ovationner, le 15 septembre dernier, Dominique de Villepin a fait un retour remarqué, sinon sur le devant de la scène politique, du moins dans les médias. « Homme de droite préféré de la gauche », il publie un court opuscule pour nous expliquer que l’Apocalypse a commencé, et qu’il détient les clefs pour nous sauver.
Une ode à l’Europe fédérale
La gloire passée de Dominique de Villepin tient dans un discours à l’ONU, en 2003 – il était alors ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac –, pour contester l’entrée en guerre contre l’Irak. Dix-huit ans plus tard, il le porte toujours en bandoulière. C’est à cela qu’il doit une popularité qui, en février dernier, le plaçait dans le sondage pour Le Point (baromètre Cluster17) « en deuxième position des personnalités politiques préférées des Français, avec 35 %, juste derrière Marine Le Pen à 36 % ». Un résultat « en trompe-l’œil », nous disait-on, car Villepin « génère 29 % de sympathie, contre seulement 6 % de soutien ».
C’est néanmoins fort de ce courant de sympathie que l’ex-secrétaire général de l’Élysée, ex-ministre des Affaires étrangères, ex-ministre de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales et, enfin, ex-Premier ministre, publie aujourd’hui Le Pouvoir de dire non.
La moitié de ce court essai est consacrée à une description minutieuse de l’Apocalypse dans laquelle nous voilà plongés. « Les signes sont là, massifs, incontestables », écrit Dominique de Villepin : « dérèglement climatique, effondrement du vivant, retour des conflits armés, montée des régimes autoritaires, fatigue démocratique, sentiment diffus de dépossession, d’impuissance, de solitude ». Les empires sont de retour (USA, Chine et Russie), des monstres sont à leur tête (Trump, Poutine et consorts), les fascismes nous guettent (on imagine que le méchant Retailleau est en embuscade) et la planète se meurt. « Face à cela, le silence serait complicité. L’attentisme serait désertion. » Heureusement, celui qui a régné au sommet de l’État français détient la solution. Elle tient en un mot : non.
« Nous avons le pouvoir de dire non à l’épuisement de la planète, au retour des logiques impériales, à cet âge de fer où la guerre redevient une méthode ordinaire, à la montée des autoritarismes, à la résignation démocratique », écrit Villepin. « Non à la fragmentation identitaire, au repli sur soi, à la perte du sens, à l’effacement du commun. » Et comment sort-on de ce bourbier ? Par l’avènement tant espéré de l’Europe fédérale, bien sûr, car « l’Europe est l’antidote qui nous permet d’espérer en un monde raisonnablement sûr ».
Cela, bien sûr, au sein d’une mondialisation nouvelle version, c'est-à-dire heureuse et créolisée, sorte d'Éden fantasmé où tous les gars du monde pourraient se donner la main.
Ni responsable, ni coupable, juste prophétique
Compte tenu du temps passé aux plus hautes responsabilités par le monsieur, compte tenu de la carrière qui a suivi via son entreprise Villepin International - ou comment mettre à profit son carnet d’adresses et monnayer son influence « du Golfe à la Russie », comme l’écrivait Le Monde qui l’avait suivi dans les antichambres du Kremlin en 2013 -, compte tenu de tout cela, on aurait pu s’attendre, sinon à un mea culpa, du moins à une prise de responsabilité dans l’Apocalypse qu’il décrit. Dominique Galouzeau de Villepin n’y consacre, toutefois, que deux lignes. Il écrit : « L’Histoire m’a appris que le courage en démocratie n’est pas d’imposer son avis contre celui de tous les autres, mais de reconnaître quand on s’est trompé et de corriger. » Son humilité nous avait échappé ! Quant à la correction de tir, elle est bien tardive…
Alors, quand il nous explique qu’il faut, dans cette nouvelle Europe qu’il appelle de ses vœux, « retrouver un cap et reprendre l’initiative », non pas « un programme de réformes techniques » mais « une refondation politique et morale », qu’il faut « rétablir la souveraineté populaire dans sa plénitude. Redonner du poids à la parole citoyenne, du temps à la délibération et de la clarté à la décision », tout cela pour éviter les « réactionnaires » qui veulent « abolir l’héritage des Lumières, restaurer l’ordre par la peur et imposer la soumission, en exaltant le mythe d’une pureté originelle », on est tenté de lui rappeler l’indigence des gouvernements auxquels il a participé. Et quand il déplore « deux ans de guerre en Ukraine [qui] ont détruit plus de dix fois le nombre de chars de l’inventaire français » et en appelle au réarmement urgent du pays, se souvient-il que c’est son camp qui a aboli le service militaire et réduit drastiquement les budgets de l’armée ?
Bien qu’il feigne de ne pas y songer, Dominique de Villepin se pense en recours non pas de la nation – mot qui ne figure pas une seule fois dans son essai – mais de la République menacée par les factieux, au rang desquels ses anciens amis de LR engagés dans « une dérive dangereuse » à la poursuite du Rassemblement national. « Ils perdront non seulement leur identité, leurs valeurs et leurs principes qui avaient été clairement fixés jusqu’à Jacques Chirac », déclarait-il, sur France Inter, en juin dernier.
Quelles valeurs et quels principes, si c’était pour en arriver à l’Apocalypse qu’il décrit ?

Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

63 commentaires
« L’apocalypse a commencé , mais il va nous sauver » !!!!! Encore un qui croit marcher sur l’eau . Hé ben ! ça ne s’arrange pas chez « les zélites » !!!! Il faut qu’il arrête de fumer la moquette .
C’est presque physique, je ne peux pas l’encadrer!
Celui-là , il refait surface ? Après nous avoir bien foutu dans le marigot..Sa mèche à la « play-boy sur le retour » n’effacera pas ses faits et gestes..
Bel article ! La conclusion surtout…
Le bon conseiller de Chirac qui grâce à lui a dissout l’assemblée nationale et s’est retrouvé avec un Jospin comme premier ministre. Et il va se présenter à l’élection présidentielle de 2027? Il ne manquerait plus que lui pour le désastre.
Monsieur de Villepin vient d’être touché par la révélation…que voulez-vous ! On se demande pourquoi si tardivement…lui qui a tout de même eu naguère quelques responsabilités, bien mal employées donc.
« Quelles valeurs et quels principes »? Les principes chiraquiens, résumés en un mot largement utilisé : trahison.
Mais qu’il entre donc dans les ordres et qu’on n’en parle plus !