Donald Trump réélu : L’audiovisuel public plus caricatural que jamais

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C’est la douche froide. Alors que Donald Trump va devenir, officiellement, le 47e président des États-Unis d’Amérique, l’audiovisuel public français a la gueule de bois, ce mercredi 6 novembre. Malgré la multiplication d’émissions diffusées, ces derniers jours, visant à présenter le candidat républicain comme un dangereux fasciste, le peuple américain a été d’un autre avis. Il fallait voir les mines déconfites affichées, ce mercredi matin, en commission des affaires culturelles à l'Assemblée nationale, par les patronnes de Radio France et France TV, Sibyle Veil et Delphine Ernotte… C’était la soupe à la grimace.

 

 

Dans les articles et émissions proposés par les antennes publiques depuis l’annonce de la victoire annoncée de Donald Trump, c’est l’inquiétude, qui prédomine. « Il faut faire beaucoup d’efforts pour ne pas être caricatural, ce matin, et conclure que la probable victoire de Donald Trump est aussi celle des autocrates de tous poils », déclare-t-on ainsi, sur France Inter, confessant sa difficulté à avoir un jugement équilibré. Selon la radio parisienne, la réélection du « milliardaire » est une terrible nouvelle pour l’Europe, « principale perdante » de ce scrutin. Pourquoi ? Parce que « Trump fait du Trump », « il n’a pas changé de personnalité ». Par ailleurs, son programme a été façonné par des « penseurs d’extrême droite », nous assure-t-on. Pire encore : il envisage de débrancher « l’aide américaine à l’Ukraine » et pourrait permettre à Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, de poursuivre « sa vaste campagne militaire » à Gaza. Ce qui pourrait conduire à la libération des otages, et notamment des deux Français encore retenus par le Hamas, mais France Inter ne semble guère s’en préoccuper. « On n’a pas fini d’évaluer les conséquences d’un retour de Donald Trump dans le chaos du monde », tonne la radio.

Des journalistes qui jouent sur les peurs

Même son de cloche, sur France Info. « Les projets de Donald Trump et de Marine Le Pen sont siamois », peut-on y lire. L’inquiétude de la plate-forme publique se porte avant tout sur la politique protectionniste américaine. « Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, les droits de douane risquent d'augmenter », alerte-t-elle à raison, évoquant un futur sombre pour notre industrie du vin ou pour des fleurons français comme LVMH ou Kering. Évidemment, Kamala Harris préconisait peu ou prou les mêmes mesures commerciales et avait prévenu qu’elle « ne mettrait pas fin au protectionnisme des États-Unis » si Donald Trump était battu, mais la diabolisation du camp républicain ne s’embarrasse pas de ce genre de détails.

 

 

Seul Patrick Cohen a osé exprimer un vague mea culpa, ce mercredi matin. S’il n’a pas fait mystère de son « choc » à l’annonce des résultats et de sa crainte liée aux « bouleversements économiques et géopolitiques vertigineux » à venir, l’éditorialiste de France Inter a livré une analyse partiellement honnête. Il a reconnu que derrière la victoire de Trump se cache le rejet d’un système médiatique haï, d’une « gauche morale qui dicte aux citoyens leur façon de vivre », inapte « à se réinventer, à se faire entendre des classes populaires ». Chose rare, il s’est montré nuancé sur l’électorat républicain, avouant que « les trumpistes ne sont pas seulement des hommes suprémacistes blancs » mais comptent aussi, dans leurs rangs, de nombreuses électeurs issus des minorités, notamment les Latinos.

Chassez le naturel…

Mais - France Inter oblige - Patrick Cohen n’a pas pu se résoudre à achever sa chronique sans éreinter un tant soit peu Donald Trump et ses électeurs. Il a, ainsi, brossé le portrait d’un président « d’extrême droite, incontestablement d’extrême droite » qui aurait recueilli le « vote réfléchi – on n’ose pas dire éclairé - » d’au moins 75 millions de citoyens américains un peu paumés. Alors que l’ensemble de l’establishment a pesé de tout son poids en faveur de Kamala Harris, Patrick Cohen imagine, au contraire, une immense machination pro-Trump qui aurait manipulé les esprits faibles. « Les études d’opinion nous permettront de quantifier les convictions forgées par les bobards de Trump, par ses relais médiatiques, par les infox amplifiées par Elon Musk, désormais l’homme le plus puissant du monde. » Quels relais médiatiques ? Quelles infox ? Patrick Cohen n’en dira pas davantage. Pas un mot, non plus, sur les « convictions forgées » par la presse de gauche et les people, sur le militantisme de Wikipédia ou de Google, et sur, parfois, les « fake news » du camp démocrate.

 

 

La diabolisation systématique et gratuite de la droite reste la règle, sur l’audiovisuel public. L’élection de Donald Trump n’y changera rien. Bien au contraire. Juste après la chronique du sieur Cohen, Léa Salamé recevait sur son plateau un certain Fred Hoffman, porte-parole démocrate. Un grand spécialiste selon lequel la victoire du camp républicain s’expliquerait par le « racisme » et la « misogynie » de son électorat. Voilà pourquoi Kamala Harris n’a pas été élue. « Le fait d’être une femme de couleur. Absolument. Je pense que ça joue beaucoup », expliqua-t-il, très sûr de lui.

L’audiovisuel public avait prévenu qu’il aurait du mal à « ne pas être caricatural, ce matin ». Il ne nous avait pas menti.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/11/2024 à 16:15.
Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

84 commentaires

  1. ces médias de gauche sont en train de bouffer leur bien-pensance, ils ne supportent pas que l’on ne puisse pas penser comme eux, la pensée unique socialiste dévoile son vraie visage, l’intolérance intellectuelle..

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