Donald Trump : vers un début de grand ménage à la Maison-Blanche ?
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L’éviction, par Donald Trump, de John Bolton, conseiller à la Sécurité nationale, a fait l’effet d’une bombe ; à moins que ce ne soit celui d’un pétard mouillé, l’homme étant depuis longtemps, pour la diplomatie américaine, devenu plus frein que moteur.
Ainsi l’homme est-il plus encore faucon que les faucons républicains, même si, pour couper à la guerre du Vietnam, dont il était pourtant fervent partisan, il juge plus prudent de s’engager dans la Garde nationale : chasser les braconniers plutôt que les communistes ? Prudence est mère de sûreté, comme on dit.
Plus récemment, il entend bombarder l’Iran à titre préventif, envahir le Venezuela, tout en n’ayant rien contre une guerre avec la Corée du Nord. Bref, une sorte de docteur Folamour en moins mou.
L’avantage, avec le fantasque locataire de la Maison-Blanche, est qu’à force de prétendre tout et son contraire tout en faisant à peu près n’importe quoi, c’est que, statistiquement, il puisse lui arriver de surprendre, même en bien. Surtout, le brushing fait homme refuse, depuis le début de son mandat, de se sentir tenu par tel ou tel groupe de pression.
Du point de vue sionisme de combat mâtiné de bellicisme néoconservateur, il faut bien avouer qu’entre le ci-devant John Bolton, Mike Pompeo – le prochain à virer ? – et Jared Kushner, son gendre, les quotas affichaient complet. D’où ce rééquilibrage en interne.
L’autre avantage, avec l’ancien magnat de l’immobilier, demeure son inculture encyclopédique des affaires du vaste monde : imperméable aux idéologies du moment, il préfère creuser le sillon du pragmatisme. Ainsi, de l’Iran, n’a-t-il pas une vision politico-religieuse, à l’instar de la galaxie évangéliste, ayant tendance à se comporter, fort de son messianisme, dans les hautes sphères de l’État profond américain comme si elle était chez elle. Ce qui à ce président permet de menacer, un jour, la Perse de ses foudres, tout en lui proposant, le lendemain, une rencontre cordiale au sommet, avec le président Hassan Rohani. Le tout sans la moindre « condition préalable », foucade qui fait plus que tousser dans une administration habituée à plus de constance en matière de politique étrangère.
John Bolton, donc, tenant la lutte eschatologique entre « Empire du Bien » (lui) et « l’Axe du Mal » (les autres), stigmatisait récemment la « troïka de la tyrannie », Cuba, Venezuela et Nicaragua – comme si ces trois pays allaient envahir les USA. C’est le même qui appelait de ses vœux un « regime change » (changement de régime) à Téhéran, capitale coupable de « terrorisme », alors que ce sont précisément les soldats iraniens, leurs supplétifs du Hezbollah libanais et leurs alliés russes qui ont militairement défait l’État islamique, organisation terroriste s’il en est, financée par l’Arabie saoudite, le très riche vassal des mêmes USA.
C’est tout cela qui ne tenait pas debout. Même un Donald Trump a fini par s’en rendre compte : les situations, même les plus délicates, peuvent aussi se comprendre d’instinct. Et parfois, mieux vaut un rustaud mal dégrossi qu’un intellectuel enfiévré ; si, toutefois, il est plausible de qualifier John Bolton d’intellectuel.
C’est ce qu’ont manifestement entendu les autorité iraniennes qui, tout d’abord désarçonnées par la manière toute personnelle dont Donald Trump envisageait les relations diplomatiques, semblent aujourd’hui lui accorder une oreille plus bienveillante. En quelques milliers d’années d’Histoire, la Perse sait, mieux que d’autres nations plus jeunes, ce que signifient les rapports de force. Quant à Donald Trump, force est d’avouer qu’il apprend vite. Très vite. Même de l’inimitable façon qui est la sienne.
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