Dr Bertrand Legrand : « Il n’y a qu’une seule bataille : limiter la propagation du virus ! »
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Le tribunal administratif se prononçait, mardi, sur la légalité de l'arrêté de fermeture des restaurants et bars de Marseille. Mesure gouvernementale inique pour les uns, vengeance des décideurs parisiens contre le Pr Didier Raoult pour les autres…
Le point de vue d'un médecin : le Dr Bertrand Legrand, auteur de Journal d'un médecin au temps du coronavirus au micro de Boulevard Voltaire.
La justice va se pencher aujourd’hui si la fermeture des bars et des restaurants à Marseille pour savoir si elle est légale ou non et surtout si elle est nécessaire ?
La décision préfectorale est-elle bonne et va-t-elle dans le bon sens ?
D’un point de vue médical, il est évident que les bars et les restaurants sont un lieu de propagation du Covid. Une étude a été menée aux États-Unis et montre que le risque est multiplié par quatre, même si les restaurateurs font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher la propagation. C’est une triste réalité, mais malheureusement aujourd’hui, cette propagation n’est que le fruit du relâchement des comportements qui ont eu lieu les mois d’été.
Les restaurateurs sont avant tout victimes d’ordres contradictoires. Cette décision actuelle est parfaitement incompréhensible.
Une épidémie, c’est injuste. Les gens qui tombent malades n’ont pas forcément demandé à tomber malades. Les lieux économiques que nous allons devoir fermer n’ont rien demandé et ne sont pas fautifs. On peut ne pas fermer les restaurants, attendre et la responsabilité se fera à ce moment-là. Ces gens devraient battre leur coulpe et se jeter de la cendre sur la tête.
Certains disent que c’est une vengeance qui viendrait de Paris pour « punir » le professeur Raoult et Marseille. Cette explication tient-elle la route ?
C’est ridicule. Encore une fois, les gens qui nous disaient il y a quelques mois que la maladie n’existait plus et que le virus avait muté, ont effacé les décisions médicales et sont face à leur incompétence et à la propagation de la maladie. Ne pas s’en rendre compte maintenant, alors que c’est encore réversible, c’est attendre de tomber dans le précipice. Ce n’est pas à ces gens-là de prendre le dessus. Il faudrait peut-être les responsabiliser.
On a croisé les chiffres d’Olivier Veran et du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal et on s’aperçoit que selon eux, 92 % des personnes atteintes d’une forme grave de Covid sont en réanimation et ont plus de 65 ans. Les 8 % restants correspondent à des patients qui auraient des facteurs de comorbidité. N’en fait-on pas un peu trop avec cette seconde vague ?
On en fait sûrement trop. L’idéal serait de laisser l’épidémie se diffuser de manière à ce qu’économiquement parlant, on n’ait plus de problème de retraite ni de problème de vieux qui nous coûtent assez cher ! On peut choisir l’État dans lequel on vit, mais on a choisi de protéger les plus faibles. Maintenant, si économiquement parlant, il est plus intéressant d’éliminer les vieux, solution beaucoup plus efficace qu’une simple épidémie, on fait une dernière piqûre pour tout le monde et c’est réglé. Plus sérieusement, il n’y a pas d’autre objectif que de limiter la contagion. C’est le seul objectif que nous avons. Nous n’avons ni traitement, ni vaccin, ni de bons systèmes pour empêcher la contamination. C’est pour cette raison que nous utilisons des systèmes qui ne sont pas terribles comme l’interdiction des bars. Ce n’est pas parfait, mais c’est mieux.
Certains avancent que la crise économique occasionnera indirectement plus de décès avec la précarisation, le chômage et le désespoir social que l’épidémie de Covid en elle-même. Cette donnée est-elle quantifiable ?
Je ne sais pas si elle est quantifiable. En revanche, si l’épidémie de Covid se généralise, la crise économique n’en sera que d’autant plus forte. La seule bataille est de limiter la propagation. Nous ne pouvons pas faire autrement que de limiter la propagation. On le savait depuis le début. On en est toujours au même point. Cela demande l’exercice de la responsabilité individuelle et collective de chacun.
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