Dr Bertrand Legrand : « Le « tri » des malades, c’est la conséquence pure et dure des tergiversations d’Emmanuel Macron depuis le début »
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Le Dr Legrand réagit aux annonces d'Emmanuel Macron : fermeture des écoles, durcissement des mesures de confinement et accélération de la vaccination.
Le président de la République vient de s’adresser aux Français pendant une vingtaine de minutes. Au programme, faire un point sur la situation sanitaire et une accélération des mesures de confinement. Les écoles, les crèches, les maternelles, les collèges et les lycées vont fermer pendant quatre semaines, dont une période de quinze jours de vacances - les mêmes pour tout le monde. Ce plan vaccinal est assez ambitieux. Est-il conforme à la réalité ?
Premièrement, je n’ai pas pris de vacances en décembre, en février, et là, on m’annonce que mes vacances de Pâques vont sauter. Cela commence à tirer un peu. J’avoue que ma colère est intense. Je ne peux pas prendre de vacances avec mes enfants. En tant que soignant, je pense qu’il dépasse un peu les bornes. Dans le Nord, les deux semaines de vacances étaient la quatrième et la troisième. Comme beaucoup de nordistes, on part en vacances à la quatrième semaine pour éviter les Parisiens.
Deuxièmement, je vois que rien ne change dans un monde qui bouge. On n’a toujours pas le droit d’utiliser le Pfizer et le Moderna pour une raison obscure que l’on ne comprend toujours pas. J’imagine que c’est toujours la même. Aujourd’hui, on ne peut toujours pas vacciner avec les vaccins disponibles. C’est lamentable. On nous fait miroiter l’AstraZenaca.
Concrètement, croyez-vous au plan vaccinal où tous les Français pourront se faire vacciner massivement en juin ?
Je crois les vaccins qui se trouvent dans mon frigo.
D’un point de vue strictement sanitaire, est-ce une bonne idée de raffermir le confinement pour limiter la transmission du virus ?
D’un point de vue purement sanitaire, nous avons mieux fait que le Brésil. Nous avons plus de contaminations et plus de morts qu’au Brésil, même si je sais que les médias classiques aiment dire que le Brésil est très mauvais. Ils ont raison sur le fait que le Brésil est mauvais. Ils oublient juste de dire que la France est encore pire que le Brésil.
Nous sommes effectivement dans une situation compliquée d’un point de vue médecine de ville. On est loin d’être au niveau du pic. D’habitude, on a un nombre de malades décroissant au moment où la réa s’engorge. Or, depuis des semaines, je n’ai que des malades croissants. Je suis dans la phase exponentielle. Cette phase montante se traduira par un engorgement de la réa dans les semaines à venir. La situation est intenable d’un point de vue hospitalier et difficilement tenable en ville dans les zones de clusters.
Vos auditeurs hors clusters dans les régions plus calmes doivent se dire que c’est trop dur, mais là où nous sommes c’est plus que justifié.
Lorsque Emmanuel Macron a commencé à dire qu’ils allaient faire des efforts en réanimation, nous attendions tous la formation de nouveaux soignants et l’ouverture de nouveaux lits de réanimation, mais il a simplement parlé de réserve sanitaire.
Il faut arrêter d’être complètement stupide et penser qu’une réserve sanitaire se débloque d’un claquement de doigts. La réserve sanitaire est déjà sur le terrain depuis très longtemps. Les centres de vaccination sont essentiellement tenus par des confrères bénévoles. Il faut savoir que la vaccination est à 90 % bénévole et non payée. On nous dit que cette même vaccination va continuer de manière totalement bénévole en mettant en avant nos confrères les plus âgés, et maintenant, on va même peut-être les mettre en réanimation. Les médecins qui ont déjà donné toute leur vie à leur profession ne sont pas là pour crever dans les centres de réanimation. C’est inacceptable.
Personne ne peut mobiliser de nouveaux réanimateurs en un claquement de doigts. C’est de la connerie. Nous aurions aimé qu’ils nous paient les fameuses prises qui permettent de mettre de l’oxygène dans toutes les chambres des hôpitaux. Cette solution était accessible. Elle représente un coût d'un millier d’euros par chambre. Cette mesure aurait dû être faite l’année dernière et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle sera faite. Nous n’avons pas assez de bras et de matériel.
Le tri dont on vous parle, ce n’est plus « âgé ou non », mais « gros pas gros », « malade, handicapé ou non ». On va juste arrêter de réanimer des gens qui, clairement, ont trop de « tares », ce qu’on appelle en médecine. La réalité est là. Ces gens-là ne rentreront pas en réanimation parce que leur espoir sera plus faible. On va comparer 50 % de chances de survie à 70 % de chances de survie. On va, évidemment, mettre les gens de 70 % de chance de survie devant les 50 %. C’est inacceptable, inaudible et horrible. C’est la conséquence pure et dure des tergiversations qu’à eues Macron depuis le début et l’incapacité qu’il a à se fournir en vaccins comme l’a fait Boris Johnson ou d’autres pays. On est les derniers et on est nuls. On n’a même pas une excuse. C’est affligeant !
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