Droits des femmes : le silence complice de l’ONU devant l’Arabie saoudite

Abandonnant par aveuglement le sort des femmes, ces lâches petits soldats onusiens ont acclamé l’ambassadeur saoudien.
©Roman Krukovsky/wikimedia
©Roman Krukovsky/wikimedia

Certains ont cru à un poisson d’avril ou à une nouvelle du Gorafi, et pourtant, c’est bien l’Arabie saoudite qui a été élue, le 27 mars, pour présider la 69e commission de la condition féminine à l’ONU en 2025. La monarchie du Golfe est désormais aux commandes pour promouvoir « l’égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes ». Nous voilà rassurés !

Droit de violer sa femme

Si une poignée de progressistes se félicite des pseudo-avancées du roi Mohammed ben Salmane depuis sa loi relative au statut personnel du 8 mars 2022, date de la Journée internationale des droits des femmes, permettant entre autres un âge minimal pour le mariage, la liberté de conduire, de détenir un passeport, de ne pas être voilée dans l’espace public, l'accès aux stades ou aux concerts, la réalité est évidemment encore loin de faire rêver.

« Aucun de ces changements ne change la condition réelle de la femme. L’homme continue d’avoir un droit de veto sur toutes les nouvelles libertés octroyées », témoigne Lina al-Hathloul, sœur d’une militante féministe emprisonnée trois ans par le régime saoudien. Car outre quelques réformes positives, Amnesty International, qui a publié une analyse détaillée de cette loi présentée comme « une avancée vers le progrès et l’égalité », rappelle que les femmes doivent toujours « obéir » à leur époux, et de cette obéissance dépendra le soutien financier du mari envers sa femme. Le refus des relations sexuelles avec son mari, de vivre au domicile conjugal ou de voyager sans lui « sans excuse légitime » pourra également conditionner ce soutien pécuniaire, comme le rapporte le Guardian. En outre, elles doivent obtenir l’autorisation d’un tuteur de sexe masculin pour se marier et pour valider le contrat de mariage. Enfin, le viol conjugal n’est pas considéré comme une infraction.

De façon prévisible, désormais, l’heure est aux cris d’orfraie et réactions indignées derrière son clavier : « Un pays qui emprisonne des femmes simplement parce qu'elles défendent leurs droits n'a rien à faire au sein du principal forum des Nations unies pour les droits des femmes et l'égalité des sexes », dénonce, sur X, Louis Charbonneau, directeur du plaidoyer auprès des Nations unies à Human Rights Watch : « Cela témoigne d'un mépris choquant pour les droits des femmes partout dans le monde. »

Les féministes avaient piscine

Mais le plus grave, dans cette affaire, n’est peut-être pas tant que l’Arabie saoudite incarne le droit des femmes, aussi incongrue et scandaleuse que cette élection puisse paraître à l’évidence. C’est aussi, et avant tout, le silence pesant et coupable des 45 membres de la commission, qui n’ont présenté ni candidat rival ni objection. Abandonnant, par aveuglement, les femmes de demain entre les mains d’une monarchie des plus répressives, ces lâches petits soldats onusiens ont acclamé Abdulaziz Alwasil, l’ambassadeur saoudien. Quelle crédibilité peut encore avoir cette commission dite de la condition féminine ? Sans doute la même que celle de nos féministes en carton qui se couchent, elles aussi, apparemment, devant cette élection. Silence radio de Mathilde Panot, Alice Coffin ou Sandrine Rousseau. Cette dernière, trop occupée à défendre le droit des orques et des dauphins de Marineland, devait avoir piscine, ce jour-là…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/04/2024 à 22:27.
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Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Le  » machin » comme le Général qualifiait autrefois l’ONU est fidèle à ses contradictions.

  2. Quant on apprend que la France et pas qu’elle, a une telle dette envers certains pays du golf très enclins à nous prêter des capitaux pour meilleurs soumissions, même à des taux plus qu’intéressants, alors il faut pas espérer que nous et ces pays endettés pourront changer quelque chose. Le mieux, un gros trait noir en travers de ces contrats.

  3. L’ONU est infiltrée par les musulmans , comme l’UE , voir la CEDH qui condamne la France pour le traitement des harkis mais qui ne parle pas des massacres atroces des harkis par les algériens .

  4. Quand il s’est agi de poursuivre la délinquance, on a mis Vidocq (ex-malfrat repenti) comme chef de la police. Il est donc normal de mettre le chef d’un pays misogyne comme défenseur de la femme. Logique ! (à condition qu’il soit vraiment repenti ???!!!)

  5. Il vaut mieux pouvoir lire cela que d’être aveugle: l’ Arabie saoudite incarne le droit des femmes !!!!!

  6. Décidément cette officine est dépassé par les événements et son rôle initial est dévoyé.
    Il serait grand temps d’abandonner le financement de cette ONU vraiment devenue un machin inutile capteur d’un pognon qui nous serait bien utile…

  7. L’ONU et MBS protégeront les femmes , enfin de bonnes nouvelles ! Les femmes pourront se promener en toute sécurité partout en France et même chez elles !

  8. Encore une trahison à l’égard des femmes et pas une seule féministe ou éluE pour s’offusquer . Elire pour la condition féminine des gens qui  » n’ont pas les bons codes  » ne rassure guère les femmes , bien au contraire .

  9. Il va falloir modifier le Coran, où il est écrit que la femme doit obéir à son mari et lui être soumise. Ecrit aussi que dans la succession de leurs parents le fils a une part double de celle de la fille……etc…..!

Commentaires fermés.

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