Drôle de sacristain : quand Michel Onfray défend la messe en latin !
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À celui qui vient éteindre l’incendie, on ne demande ni carte d’identité et encore moins certificat de baptême. On ne fera donc pas cet affront à Michel Onfray, philosophe athée – et peut-être catholique contrarié – qui vient justement défendre, dans Le Figaro, un patrimoine catholique par le Vatican abandonné ; soit cette bonne vieille messe qui « nous emmerde sans le latin », pour citer cet anticlérical mystique que fut Georges Brassens.
Et d’annoncer en préambule : « Je suis athée et on le sait, mais la vie de l’Église catholique m’intéresse parce qu’elle donne le pouls de notre civilisation. » Mieux : « Car si Dieu n’est pas de mon monde, mon monde est celui qu’a rendu possible le Dieu des chrétiens. Quoi qu’en disent ceux qui pensent que la France commence avec la Déclaration des droits de l’homme, ce qui me semble aussi stupide que de croire que la Russie est née en octobre 1917, le christianisme a façonné une civilisation qui est la mienne et dont j’estime que je peux l’aimer et la défendre sans battre ma coulpe, sans avoir à demander pardon pour mes fautes. »
Cette mise au point effectuée, Michel Onfray n’est donc pas fondamentalement illégitime pour critiquer la politique mise en œuvre par le pape François quant aux rapports entretenus avec la frange la plus conservatrice de la multinationale vaticane dont il est le chargé de pouvoir. Naguère, son prédécesseur Benoît XVI sut composer avec cette dernière, autorisant une sorte de double rite, avec célébration à la carte des messes, façon Paul VI (forme ordinaire) ou de saint Pie V (forme extraordinaire). Comme quoi le très teuton Joseph Ratzinger était plus épris de diversité que son successeur, le jésuito-argentin formé à un péronisme mal compris, Jorge Mario Bergoglio.
Et c’est là où le révérend père Onfray se montre le plus cruel : « L’acte majeur du pape François est, toujours selon moi, de s’être fait photographier devant un crucifix sur lequel Jésus porte le gilet de sauvetage orange des migrants. » Et c’est ensuite que cela fait plus mal encore, lorsqu’il assure ensuite : « Benoît XVI voulait dépasser le schisme avec les traditionalistes ; François va les restaurer en prétextant bien sûr - jésuite un jour, jésuite toujours - qu’il entend réunir ce qu’il sépare. »
En finir avec la benoîte jurisprudence voulant qu’on puisse indifféremment célébrer les deux rites en question ne devrait donc être plus qu’un lointain souvenir. Mais le problème, c’est que les églises, persistant à servir une messe, naguère à la mode mais depuis longtemps démodée, se vident façon pneu crevé. Alors que celles qui n’ont rien lâché de leur héritage multiséculaire refusent du monde tout en emplissant les séminaires. Cela, Benoît XVI l’avait compris.
Pourtant, et au-delà des divers aspects de la question, un fait majeur demeure : le latin est la langue des catholiques ; celle qui permet, même à l’étranger, de prier tout en se sentant toujours chez soi, tout comme le font les juifs avec l’hébreu et les musulmans avec l’arabe. Il n’est tout de même pas besoin d’être pape pour comprendre ça.
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