Duel Mélenchon-Ruffin à la Fête de L’Huma : LFI, jusqu’au bout du reniement

Capture d’écran © Youtube François Ruffin
Capture d’écran © Youtube François Ruffin

La passe d’armes entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, ce week-end, lors de la Fête de L’Humanité, en dit long sur l’état de la gauche française. Une gauche idéologiquement exténuée, glissant, par électoralisme, vers les pires dérives.

Ruffin ne partage pas les idées de BV, loin s’en faut. Mais le député de la Somme, un département où Marine Le Pen a fait élire trois députés sur cinq lors des législatives, a du courage, du souffle, une ligne politique et une attention réelle aux déshérités. Et pas seulement auxdits « quartiers populaires », qui n’ont plus rien de français. Un engagement qui se respecte dans tous les partis de France, à l’exception d’un seul : celui de Jean-Luc Mélenchon. Cette indépendance d’esprit, notamment vis-à-vis de LFI, a donc valu, ce week-end, à François Ruffin, une bronca hostile dans le public de la Fête de L’Huma. On ne s’écarte pas impunément de la doxa, chez les bouffeurs de curés devenus les meilleurs amis des imams.

« Je suis oiseau, voyez mes ailes »

Le feu a pris lorsque Ruffin a avoué qu’à LFI, lors de la campagne de 2022, on faisait du marketing politique au faciès. Dans son livre Itinéraire, ma France en entier, pas à moitié (Éditions Les Liens qui libèrent), comme dans son interview sur BFM TV, Ruffin témoigne que dans les quartiers d'Amiens-Nord, on choisissait de proposer un tract LFI avec la tête de Jean-Luc Mélenchon aux « racisés » : succès assuré. Mais auprès des « non-racisés », des Français de souche en somme, le visage de Mélenchon devenait « un verrou ». Un motif de fuite. Alors, les militants proposaient d’autres visages. « Je suis oiseau, voyez mes ailes, je suis souris, vive les rats ! », écrivait La Fontaine. Le groupe Insoumis, à l’Assemblée, est du coup issu d’un double discours, « de deux campagnes différentes », dit Ruffin.

Quel aveu ! Mélenchon, l’homme qui accuse le RN de racisme du matin au soir et du soir au matin, mènerait ainsi des campagnes fondées sur une ségrégation raciale de la plus belle eau, accuse Ruffin, qui ne s’arrête pas là. Ruffin veut s’adresser à « la France des bourgs et à celle des tours » : il met le doigt sur la trahison fondamentale de Mélenchon. L'ancien sénateur a choisi, par tactique, par intérêt et par cynisme, d’abandonner purement et simplement le peuple de France, « la France des bourgs ». L’aveu, cette fois, ne vient pas de Ruffin mais de Mélenchon lui-même : « Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires, lâche-t-il lors de la manifestation LFI du samedi 7 septembre, une séquence captée par l’émission Quotidien que personne ne soupçonnera de tendre des pièges à la gauche de la gauche. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps, poursuit Mélenchon. Là se trouve la masse des gens qui ont intérêt à une politique de gauche. »

Des « masses populaires » aux « quartiers populaires »

Sur les Français modestes des campagnes, des petites villes de notre pays, sur les ouvriers, les employés, sur ceux qui souffrent chaque jour des effets de la mondialisation, Mélenchon tire donc une croix. Ils peinent ? Qu’importe ! Qu’ils aillent au diable ! Lui n’a pas de temps à perdre. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, ces Français qui portent notre culture, notre héritage, nos paysages, notre pays. Méprisant, dédaigneux, calculateur, Mélenchon, qui a tant de fois posé en conscience de la gauche et en défenseur du peuple, voire en incarnation de la République (« La République, c’est moi ! »), se moque du peuple parce qu'il est français. Seules les banlieues l’intéressent : gorgées de l’argent des trafics, arrosées d’argent public comme nulle part ailleurs en France, encore enivrées des incendies de l’été 2023 qui auront coûté aux contribuables français un milliard d’euros, nos très chères banlieues suscitent non pas l’attention de Mélenchon mais son appétit. Rebaptisées « quartiers populaires » pour les gogos, ces banlieues islamisées ont remplacé dans le cœur du principal parti de gauche les « masses populaires » chères au PCF de Georges Marchais. Les « masses populaires », c'était le peuple de France. Les « quartiers populaires », c'est l'immigration.

La trahison du peuple français par l’un de ses plus bruyants représentants apparaît dès lors dans sa nudité. Ce qui n’empêche pas ses alliés dits modérés, au sein du NFP, de lui trouver des circonstances atténuantes, car la gauche reste querelleuse en surface mais solidaire dès que son intérêt électoral est en jeu. Il y a toujours eu deux gauches, souffle Hollande, comme si LFI était un copier-coller du PC, comme si le PS existait encore. Comme l'alcool des Tontons flingueurs et comme l'amour, la veulerie mâtinée d'appétit électoral rend aveugle. En réalité, Ruffin sert de révélateur, s’il en était encore besoin, d’une gauche qui a sombré, par calcul, dans le clientélisme, jusqu’au reniement et à la sécession.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Toujours la même pièce de ce pitoyable théâtre politique je t’aime moi non plus une scène différente pour chaque période avec toujours la même chute avant, pendant, ou après les élections les électeurs comprennent ils qu’ils se font balader par les médias et ces bonimenteurs

  2. « nos très chères banlieues suscitent non pas l’attention de Mélenchon mais son appétit. » Financier, ça va sans dire, un patrimoine de plus d’un million d’Euros (mais d’argent public, hein!) étant un peu mince pour assurer ses vieux jours. Comme toujours avec la gauche, il n’y a que le fric pour éveiller le moindre intérêt.

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