Dunkerque : faut-il parler de virilicide ?

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À Dunkerque, le professeur Patrice Charlemagne n’a pas été tué par des cambrioleurs, contrairement à ce que son épouse avait initialement affirmé, mais par ladite compagne. Justine Jotham, enseignante dans la même université, colistière du maire de Dunkerque - aujourd’hui ministre -, a avoué.

Comment appeler ce crime ? Un « virilicide », peut-être, comme on parle de féminicide, puisqu’il est désormais convenu que le mot « homicide » ne suffit plus pour désigner le meurtre d’un être humain quel qu’il soit ?

On saluera la décence de la droite qui, à aucun moment et à raison, n’a mis en avant la proximité entre le ministre du Logement et maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, et Justine Jotham. Qui, pas un seul instant, n’a cherché à instrumentaliser l’appartenance à la gauche de la meurtrière présumée ni sa proximité avec la mouvance décoloniale. La même magnanimité aurait-elle été observée si, en lieu et place de Justine Jotham et Patrice Charlemagne, s’étaient trouvés un conseiller municipal dans une mairie RN et son épouse ? Il est permis d’en douter. En mars 2022, lorsque le rugbyman Martin Aramburu a été assassiné à Paris, la quasi-totalité des médias n'a usé, invariablement pour désigner le présumé coupable, que de l’expression « militant d'extrême droite », et même « ancien militaire ».

Si l’on bannissait les grilles de lecture systémiques et simplistes ?

De la même façon que pointer du doigt l’appartenance politique de cette femme serait malvenu et hors sujet, il serait grotesque de faire de ce drame l’emblème d’une supposée violence systémique des femmes envers les hommes, l’illustration d’une supposée « féminité toxique ». Si l’on convenait donc de bannir, une bonne fois pour toutes, les grilles de lecture systémiques et simplistes ? Non, être de gauche ne suffit pas à faire de vous quelqu’un d’ontologiquement gentil et inoffensif. Non, la femme n’est pas de toute éternité une victime et l’homme un bourreau. Osons le dire : ce serait même faire insulte à son intelligence que l’imaginer petite chose candide incapable de duplicité et de noirs desseins. La complexité et les ombres de l’âme humaine n’ont pas de sexe. Et curieusement, cette égalité-là peine à être admise.

Puisse toute la gauche réunie en tirer leçon

Selon une étude de l’INSEE de 2019, 28 % des victimes de violences conjugales, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, sont des hommes. Une minorité, donc - a-t-on le droit de penser que la force physique des hommes, niée par certaines féministes, n’est pas pour rien dans cette disproportion ? -, mais plus d’un quart néanmoins : un chiffre conséquent.

De la marquise de Brinvilliers à Violette Nozière en passant par La Voisin et Marie Besnard, les empoisonneuses célèbres sont légion. Comme le montre avec brio le magnifique film danois The Guilty, du réalisateur Gustav Möller - adapté, en France, au théâtre, par la pièce Coupable, avec Richard Anconina dans le rôle principal -, sauter à pieds joints, sans chercher plus avant, dans des conclusions aussi pavloviennes que manichéennes est facile, mais éminemment dangereux.

En attendant, cette non-récupération fait honneur à la droite. Puisse toute la gauche réunie, des médias à la classe politique, en tirer leçon pour l’avenir.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

41 commentaires

  1. « Compagnicide ». Férue de français et de grammaire, elle va pouvoir inventer tous les mots et qualificatifs des futurs cas LGBT++Trans. L’académie française lui apportera-t-elle sont aide ?

  2. Quoiqu’il en soit, homicide, féminicide ou virilicide, c’est toujours un meurtre commis par un humain sur un autre humain. A ce propos, comment dit-on si ce sont des animaux qui attaquent un humain et le tuent ? est-ce un homicide ou accident ?

  3. C’est marrant, ce matin, tous les journalistes sont tombés de leur chaise en apprenant la vérité ! Oui, messieurs, une femme peut tuer !

  4. La droite n’est pas décente, elle est absente… La gauche ne prend pas de leçons, puisque c’est elle qui en donne depuis si longtemps! Ses sentences fleurent encore la rose, paraît-il, alors que la « droite » reste nauséabonde, C’est bien connu, Libé et Le Monde en attestent régulièrement!

  5. Pourquoi inventer des mots qui ne servent à rien si ce n’est faire plaisir à des imbéciles incultes qui se croient savants. Il suffit simplement d’apprendre à chaque petit français le sens exact des mots du dictionnaire. Et en particulier ne pas se contenter des quelques 500 mots véhiculaires que seuls connaissent une bonne part des enseignants au rabais qui arpentent les classes de nos écoles.

  6. Attention! À force d’inventer de nouveaux mots, le dictionnaire va exploser! Mais, c’est vrai, on en supprime déjà pas mal!… Il faut mettre le vocabulaire à niveau!…Nivellement par le bas!

  7. « Féminicide » est calqué sur « parricide ». Mais nul n’a voulu tuer « tous les pères » ni « toutes les femmes ». Ce qui est fâcheux est le rapprochement avec « génocide » impliquant au contraire la volonté d’exterminer tout un peuple. « Féminicide » est ambigu et ne devrait être utilisé qu’avec des pincettes.

    • « Féminicide » a été inventé par des incultes qui pensaient homicide n’était que pour les hommes. La parité est respectée.

  8. Ma chère Gabrielle Cluzel, vous vous targuez du silence de la droite et de sa décence. C’est justement cette attitude, soit-disant polie, raisonnable et « bien élevée », qu’elle tient depuis des lustres qui est ridicule, inadaptée et qui la fait cataloguer de « droite la plus bête du monde ». Si la droite et ceux qui s’en réfèrent étaient un peu plus mordants voire même aussi agressifs que leurs adversaires gauchistes, menteurs et opportunistes, la politique en France n’en serait pas aussi nulle et non avenue qu’aujourd’hui. D’ailleurs le jour de l’arrivée à Marseille du pape le plus gauchisant de sa longue histoire, l’attitude et les résultats de notre droite sont à rapprocher de ceux de l’Eglise catholique qui l’une comme l’autre n’arrêtent pas de perdre du terrain et de « tendre la joue » au lieu de reprendre la main, la parole et les actes pour pratiquer des politiques de combat dignes des pères missionnaires. Mais pour cela, hélas, il faut être courageux, honnête et avoir du caractère au lieu de chercher en permanence avantages, notoriété, prébendes, émoluments divers comme honoraires.

    • Euh… faire remarquer que la droite s’est abstenue de…, mais aurait pu…, c’est une façon délicate et subtile de dire que !

  9. Je parlerais plutôt d’ hominicide, en l’occurrence. Curieusement, la plupart ; enfin… tous les médias ! ont parlé  » d’un universitaire tué a Dunkerque » ou encore « d’un professeur poignardé dans son pavillon » ; « l’épouse de l’enseignant tué a été placée en garde à vue » ou encore du « meurtre de Patrice Charlemagne » , « une conseillère municipale avoue le meurtre » … et Libé, bien sûr : « meurte d’un professeur d’université à Dunkerque, son épouse mise en examen pour « assassinat »  » ( Libé met des guillemets à assassinat ! ). On file droit _ idéologiquement _ à presque tous les étages…

  10. On peut toujours rêver, hélas. G. Cluzel fait à mon avis preuve d’un optimisme qui l’honore, mais dont j’ai quelques doutes à le voir se concrétiser.

  11. Très étonnant, en effet, en raison première de la disproportion de force physique…Rencontré également – hors cadre professionnel- un homme battu : Effarée, car bel homme sportif ex-militaire, intelligent et bien sous tous rapports, excellent père de deux garçons qu’il a protégés et éduqués de petite-enfance jusqu’à leur entrée dans la vie active: Je me suis demandée quelle sorcière avait bien pû le manipuler à ce point, et pour quel motif : excès de gentillesse ?
    Dans le cas présent, ne nous mêlons de rien tant que nous ignorons le contexte intime de ce drame. Mes premières hypothèses ont été : Soit un coup de folie sous l’emprise de médicaments inappropriés, soit une exaspération ( préméditée) face à un adultère profitant de l’état de faiblesse relative d’une jeune maman surbookée mise dans l’incapacité de se défendre par les moyens normaux….

  12. De toute façon, la gauche retombera toujours sur ses pattes : si un homme tue sa femme, c’est à cause du masculin toxique ! Et si c’est la femme qui tue son mari, c’est parce qu’elle n’en pouvait plus du masculin toxique !!! Pile je gagne, face tu perds…
    Quant au féminicide, le mot est systématiquement employé à tort. Si une femme prend une balle perdue dans une fusillade, comme cela s’est produit à Marseille, personne ne parlera de féminicide car ce n’est pas la femme en temps que femme qui est visée. Si une otage femme est exécutée dans une prise d’otage, idem, car ce n’est pas la femme qui est visée, mais l’otage. Ce n’est pas la nature de femme qui est visée, c’est la fonction d’otage. Quand un mari tue sa femme, tout le monde parle de féminicide alors qu’on devrait parler de conjointicide, car ce n’est pas la nature « femme » qui est visée mais la fonction d’épouse. Si l’assassin avait été homo, il aurait tué un homme. En revanche, quand un maniaque sexuel, tueur en série ne tue que des femmes, personne ne parle de féminicide ! On parle alors de tueur en série ou de pervers sexuel. Alors que là, précisément, c’est la nature de la femme qui est visée puisque le pervers choisit ses victimes en fonction de ce qu’elles sont biologiquement. Cela montre que la volonté sous-jacente avec l’invention de ce terme féminicide, c’est d’abattre la famille et le couple hétéro.

    • Vous démontrez parfaitement qu’à force de vouloir faire le malin ou le moderne en sémantique on finit complètement idiot. Voyez comme en tout domaine le Français adore se payer de mots.

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