Duralex, le fleuron aux verres incassables, à nouveau en redressement judiciaire

©La Maison Française du Verre/Wikimédia
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La date fatidique est fixée au 31 mai. Si, d'ici là, aucun repreneur sérieux ne propose une offre, les salariés de l'entreprise Duralex veulent demander aux administrateurs judiciaires un délai supplémentaire en créant une SCOP, société coopérative et participative dont la gouvernance est élue par les salariés.

On se souvient des petits verres cultes de cantine. Combien d’élèves ont-ils annoncé le numéro affiché pour dire leur âge fictif ? Ce verre mythique est même devenu un objet culturel international. Ayant traversé l’Atlantique, il est exposé à New York au MoMA, un musée d’art moderne. Adopté par Hollywood, il est brandi dans Indiana Jones par Harrison Ford et dans James Bond par Daniel Craig. Après la perte de nombreux fleurons industriels, la France peut-elle encore perdre cette entreprise de renommée mondiale qui a fait la gloire de notre pays, avec ses verres et ses assiettes incassables ? Dura lex, sed lex... Réponse du tribunal le 5 juin.

En attendant, les salariés sont au pied du mur. Le 24 avril, Duralex avait été placé sous un nouveau redressement judiciaire pour une période de six mois devant le tribunal de commerce d’Orléans. Une décision difficile à digérer pour les 227 salariés de la célèbre verrerie. « On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand "speech", et trois semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire », déplorait ainsi, auprès de l’AFP, François Dufranne, salarié depuis 32 ans et élu CGT. Un coup de massue après la récente condamnation à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

C’était ajouter aux difficultés conjoncturelles que connaissait l’entreprise : « Au cours de l’exercice 2023, de nouvelles difficultés ont émergé, attribuables à l'inflation, à un environnement de consommation en fort retrait et à une concurrence exacerbée », communiquait l'entreprise. Las, le groupe n’en est pas à son premier redressement judiciaire : en 2005, il est repris par l'homme d'affaires turc Sinan Solmaz, qui la met en banqueroute, et en 2020, la pandémie fait drastiquement chuter sa production.

Minée par le tarif énergétique européen

De plus, en 2022, Duralex rencontre une nouvelle crise avec l’explosion du prix du gaz. « Avec le tarif énergétique européen, [le prix de] l'électricité est passé de 1 à 7 et le gaz aussi, donc les entreprises énergétivores se sont retrouvées dans une situation impossible », confie à BV l'ingénieur et dirigeant d'entreprises Loïk Le Floch-Prigent. Duralex a dû compter sur une subvention de 15 millions d’euros de la part de l’État. Une décision que l'ex-président de la SNCF critique : « On ne résout pas un problème structurel avec un prêt. Il n'est pas possible de rembourser le prêt car la dépense est trop importante à cause des coûts de production. » Et d'expliquer : « Le tarif de l'énergie n'est pas [lié à] un traité, c'est un accord, alors il est très facile d'en sortir. Cela pourrait être immédiat. »

Pour autant, si Duralex devient une SCOP, elle espère obtenir au moins 10 à 15 millions d'euros de prêts bancaires avec le concours de la région et de l'État. Une somme qui lui permettrait, selon le délégué syndical FO Gualter Teixeira, de présenter, le 5 juin, un dossier solide à la barre du tribunal de commerce d'Orléans.

Tandis que Gabriel Attal vante le succès de trois PME françaises sur des marchés étrangers - lors du débat contre Bardella, la semaine dernière, sur France 2 -, la réalité demeure : les derniers fleurons de notre industrie vacillent.

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

9 commentaires

  1. Lorsque dans un pays il y a plus de consommateurs que de producteurs c’est la faillite à plus ou moins brève échéance. Ceci est bien décrit par les économistes sérieux. Il faut absolument relancer notre production et exportation, notre survie en dépend.

  2. Ce serait bien de remettre ces verres à l’honneur pour remplacer tous ces « gobelets » en carton présents dans toutes les festivités. Les mairies et organisateurs de festivités devraient donner l’exemple et les grandes surfaces devraient aussi participer à ce sauvetage avec des « promos ». Que chacun de nous en achète et sauvons cette belle entreprise!

  3. J’avoue, à ma plus grande honte, que je pensais que cette entreprise avait été rachetée par les Chinois. Il est encore temps de la sauver. C’est une partie de l’histoire de nombreuses générations

  4. Tant qu’on continuera à taxer de façon démentielle le travail pour financer les délinquants, les barbares, les parasites, etc., notre industrie ne pourra pas survivre, et encore moins se développer.

    • Et une victime de plus des prix délirants du gaz et de l’électricité. Macron peut s’enorgueillir de cette hécatombe d’entreprises qui crèvent sur l’autel de la politique européenne des prix de vente de l’énergie ! Bravo l’artiste, la date de ta démission c’est quand ? Plus sérieusement, le coup de balai via les élections de ton parti verreux c’est pour demain.

  5. merci macron la destruction des entreprises francaise et de la nation se passe bien ,, il va etre temps du juger ce fleau qui devaste la france pour haute trahison

  6. L’ex président de la SNCF est bien mal placé pour faire ce genre de commentaires . Il faut aider les salariés à garder cette entreprise , arrêter d’importer ces marchandises transportées par les cargos les plus pollueurs et qui n’oofusque pas nos écolos . Et surtout revoir le prix de l’énergie aussi bien pour les entreprises que pour le peuple . Au pays le plus taxé les entreprises ferment et le peuple vivote , tandis que nos élus s’octroient des augmentations et accueillent des populations incapables de gagner ne serait que leur pain quotidien les mettant ainsi à la charge du peuple .

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