Durandal volée, Notre-Dame incendiée… la France éternelle nous passe un message

Durandal

« C’est bien simple, depuis vendredi, les touristes et les pèlerins nous posent deux questions, déclare à BV le recteur du sanctuaire de Rocamadour à BV, où sont les toilettes et où est Durandal ? »

L’épée de Roland fichée dans la roche de Rocamadour (Lot) depuis des siècles, a été volée. La disparition, constatée vendredi matin à l’occasion d’une visite guidée, n’a été rendue publique que lundi. En raison des législatives et des investigations de la gendarmerie en cours, explique la maire du village, Dominique Lenfant. Dans l’intervalle, on a raconté aux visiteurs intrigués que l’épée était en cours de restauration. Peut-être parce que cette épée est éminemment symbolique, et que ce symbole trouve une résonance particulière dans le contexte actuel, redoutait-on une émotion inopportune pendant les élections ? On est en droit de formuler l'hypothèse.

Cette épée aurait été confiée à Charlemagne par un ange. Il l’aurait lui-même donnée à son neveu, le chevalier Roland. Ce dernier, blessé lors de la bataille de Roncevaux en 778 contre les Sarrasins, aurait alors lancé l'épée de toutes ses forces pour éviter qu'elle ne tombe entre les mains ennemies. Elle aurait parcouru des centaines de kilomètres avant de venir se planter dans la roche lotoise. L’écrin de Durandal, l’époustouflant village de Rocamadour, accroché à un éperon rocheux sur lequel les clochers voisinent les falaises, est depuis le Moyen-Âge un célèbre sanctuaire marial, à la croisée des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

Sous les portes fortifiées menant à l’esplanade des sanctuaires (Saint-Sauveur, Saint-Amadour, Sainte-Anne, Saint-Blaise, Saint-Jean-Baptiste, Notre-Dame et Saint-Michel), planent les ombres de Roland et Olivier, frère de sa fiancée Aude. « Âmes des Chevaliers, revenez-vous encor ? Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ? Tous les preux étaient morts, mais aucun n’avait fui. Il reste seul debout, Olivier près de lui, L’Afrique sur les monts l’entoure et tremble encore. Roland, tu vas mourir, rends-toi, criait le More ». Des générations de collégiens ont appris le poème d’Alfred de Vigny.

La Vierge noire de Rocamadour - très fragile, le recteur se réjouit que ce ne soit pas elle qui ait été dérobée car elle n’aurait pas résisté - bien que perdue au milieu des terres, est invoquée - avec fruit, comment en témoignent les nombreux remerciements sur les murs - par les marins. Mais c’est aussi elle qui aurait permis, dit-on, la Reconquista : une flèche provenant de la bataille de Las Navas de Tolosa (en Andalousie) a été offerte en ex-voto au Sanctuaire, et est exposée dans un coffre de verre à la chapelle Notre-Dame : « Une tradition orale attribue à Notre-Dame de Rocamadour la victoire chrétienne de cette bataille de la Reconquête espagnole le 16 juillet 1212. » explique la page Facebook du Sanctuaire. « Offerte au sanctuaire pour remercier Notre-Dame de Rocamadour d’avoir donné la victoire aux armées chrétiennes dans cette bataille qui changea le destin de l’Espagne » peut-on lire sur une petite plaque en cuivre, à côté de la flèche. Pas sûr que Pedro Sanchez et son gouvernement y fassent beaucoup de pèlerinages.

 

 

L’épée médiévale de 80 centimètres va être remplacée par une reproduction fabriquée lors d’un prêt pour une exposition à Cluny, nous explique la maire de Rocamadour. Un peu comme Notre-Dame a été reconstruite. Durandal volée, Notre-Dame incendiée. Le hasard, ou la France éternelle qui nous passe un message ? Ne voyons-nous donc pas qu’elle est en train de disparaître, remplacée par une copie bien peu ressemblante ?

Durandal et Excalibur habitent l’imaginaire occidental depuis des temps immémoriaux. Elles sont réputées donner une force invincible à qui sait s’en saisir. Mais qu’arrive-t-il donc à ceux qui, en étant dépositaires, se les font dérober malencontreusement ? Il y aurait encore mille façons de filer la métaphore entre ce vol et l’actualité. Le faire serait inutile tant c’est évident. On attend les résultats de l’enquête.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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