Écho ou réplique du conflit en Ukraine, le climat se tend à nouveau en Bosnie

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Le climat se tend à nouveau en Bosnie-Herzégovine. Un article du Figaro  sur « La Bosnie-Herzégovine déchirée par les tensions nationalistes » commence par le témoignage d’un journaliste serbe de Bosnie : « La guerre ? Je refuse d’y croire. Cela dit, je n’imaginais pas le confit qui allait se produire en 1992. Je jouais au tennis un vendredi et, le dimanche, j’étais dans les tranchées. » Effectivement, tout est possible, dans ce petit pays (en photo, le siège de la présidence de la Bosnie-Herzégovine) déjà éprouvé, tant sont ardentes les braises intercommunautaires sur lesquelles continuent de souffler des influences étrangères.

L’Histoire se répétera-t-elle en prenant la communauté internationale de court, faute d’attention aux capteurs socio-économiques de cette région volcanique ? Le fait nouveau qui suscite cette inquiétude est la sortie des Serbes de Bosnie de la présidence collégiale de l’État central de Bosnie-Herzégovine (BiH). Les médias ne voient pas, ou ne veulent pas voir de lien avec ce qui se passe en Ukraine. Pourtant, cette situation explosive ne surprend pas les témoins de la guerre en ex-Yougoslavie (1992-95), théâtre d’un affrontement par procuration entre le camp occidental, dominé par les États-Unis, et la Russie. Où l’ONU, impuissante, a dû recourir à l’OTAN en quête de reconversion pour intervenir au-dehors de son Alliance. S’y achemine-t-on en Ukraine par des moyens détournés ?

Dans une perspective historique de trente ans, qui peut paraître longue eu égard à la myopie forte des dirigeants internationaux et de leurs médias vassaux pour qui l’histoire de l’Ukraine commence en 2014, la guerre en cours apparaît comme une réplique de celle en Bosnie. Les deux pays étant liés par l’Histoire et la culture, ce conflit à la périphérie de l’Europe politique entraîne à son tour une aggravation des tensions en son cœur géographique. Il y a vingt-sept ans, les accords de Dayton, sommet d’aveuglement politique et de non-sens diplomatique, imposés par les États-Unis et approuvés par leurs subalternes européens, avaient imposé un redécoupage territorial intolérable et une réorganisation politique intenable, sapant (volontairement ?) les chances de réconciliation des communautés serbes orthodoxes, croates catholiques et bosniaques musulmanes. Cette cohabitation forcée vient d’imploser.

Le grand public, qui ne fait pas forcément la différence entre Bosnien et Bosniaque, ne comprend toujours pas ce qui s’est passé, tant les médias idéologisés et des intellectuels exaltés ont pris d’emblée position contre les Serbes (de Serbie, de Bosnie, de Croatie), cousins des Russes, et ont embrouillé les esprits par de grossières simplifications. À nouveau, les médias se contentent de dénoncer le nationalisme comme unique facteur de guerre. Il est présumé en être la cause et non la conséquence. En juillet 2019, Emmanuel Macron, lors d’une visite présidentielle à Belgrade dont on avait ici pointé les non-dits assourdissants et les malentendus inquiétants, avait raté une occasion de reconnaître enfin les raisons profondes de cette guerre fratricide non achevée. Parmi elles, le déséquilibre démographique avait alimenté le processus d’éclatement de l’ancienne fédération.

En évoquant peu après « une bombe à retardement djihadiste » en Bosnie qui « fait tic-tac à côté de la Croatie », notre commentateur présidentiel de l’actualité internationale avait raison sur le fond mais négligeait l’ampleur du danger en le cantonnant à la Bosnie. Car le processus de « balkanisation » de la France, par fragmentation interne, y crée aussi les conditions d’une possible guerre civile. Depuis, le salafisme s’est installé sur cette faille bosniaque et ce sont les États musulmans du Golfe qui investissent le plus dans cette tête de pont commerciale, politique et religieuse. Recep Erdoĝan, meilleur allié des Frères musulmans, qui se présente comme la tête de Turc des Européens islamophobes, a trouvé le point faible de l’Union européenne avec ce sujet de discorde entre mondialistes partisans de l'immigration et tenants réalistes d’une immigration maîtrisée.

Ainsi, une triple focale est nécessaire pour contribuer à corriger la myopie ambiante : le lien entre la guerre en Ukraine et celle qui couve en Bosnie ; l’infiltration d’un islamisme rampant au cœur de l’Europe ; le besoin existentiel de reconquérir la souveraineté de la France pour échapper à l’allégeance forcée à une Alliance atlantique américano-centrée. L’élection présidentielle est une occasion de créer les conditions pour inverser le cours de l’Histoire.

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Jean-Michel Lavoizard
Ancien officier des forces spéciales. dirige une compagnie d’intelligence stratégique active en Afrique depuis 2006

Vos commentaires

21 commentaires

  1. En Bosnie nous nous sommes trompés d’adversaire . Nous n’avons rien compris et nous sommes totalement naïfs sur ce qu’il se passe dans cette régions depuis des siècles .

  2. si j’ai bonne mémoire, l’OTAN n’a pas attendu l’accord de l’ONU pour bombarder la Serbie.

  3. nous paierons aussi pour avoir trahi nos alliances au profit de l’invasion musulmane.
    Partout où ils s’installent c’est la guerre. Merci de nouveau aux USA et à l’OTAN pour avoir fromentée ce conflit aux portes de l’Europe, c’est fou comme l’Ukraine ressemble à cela mais avec des populations différentes.

  4. C’est bien trop tard pour la France et la sortie de Macron devrait le soulager d’une tâche qui n’est pas à sa portée! Quant au successeur…..souhaitons-lui bonne chance et réconciliation ave la Russie pour une Europe de l’Oural à l’Atlantique et non plus du Bosphore au même Océan…..toutes chose qui se doivent d’écarter à jamais les USA !

  5. « les accords de Dayton, sommet d’aveuglement politique et de non-sens diplomatique, imposés par les États-Unis et approuvés par leurs subalternes européens »

    Tout est dit dans cette phrase

  6. On ne parle que de la guerre en Ukraine, mais il ne faut pas minimiser le réveil possible de tous les conflits enterrés provisoirement : Corse, gilets jaunes … Et il y en a beaucoup dans toute l’Europe : combats écologistes contre le nucléaire, attentats terroristes, immigration galopante … Poutine a ouvert la boîte de Pandore et nous nous y sommes précipités.

    • Ne croyez vous pas que ce sont d’une part les USA qui sont responsables ainsi que leurs amis soit disant européens ?

  7. Merci Monsieur Lavoizard pour la clairvoyance de vos propos, malheureusement le délitement de notre société semble être le prémices à l’éclatement de notre pays libanisé, nos politiciens depuis 40 ans pour le moins ont créés toutes les conditions pour que cela nous arrive, et, en 2017 les français ont votés le néant et le pays est tombés dedans.

  8. Il n’y a qu’un seul candidat qui parle de la France aux français et qui veut leur donner l’espoir d’une France forte, aimée et respectée par la planète entière. Il n’y en a qu’un qui décrit justement l’état de la France et qui donne les solutions pour sortir de la dépendance des USA et de l’UE afin de peser sur toutes les décisions qui nous concernent. La description de ces événements donnée par Mr Lavoizard et leurs conséquences montrent qu’il votera pour Zemmour. Bravo Monsieur Lavoizard.

  9. « Communautés serbes orthodoxes, croates catholiques et bosniaques musulmanes. Cette cohabitation forcée vient d’imploser. » Rien de plus terribles que les guerres de religions.
    La France par la faute des 20% nantis-mondialistes-progressistes qui vote Macron et qui ne font rien pour arrêter notre balkanisation seront responsables de la guerre civile. Eux et leurs descendances en subiront les conséquences également, mais surtout et hélas le peuple français.

  10. Le lien entre avec la guerre en Ukraine est évident. Depuis 2014 les nationalistes ukrainiens parlaient de récupérer le Donbass « à la croate ». En 1995 la République autoproclamée de Croatie a mené un nettoyage ethnique dans la Krajina serbe, 250.000 personnes ont été jetées sur les routes, avec le soutien des USA, de l’Allemagne, et l’approbation des mêmes médiats qui aujourd’hui attaquent la Russie. Puis il y a eu les bombardements de l’OTAN au Kosovo. Je soutiens les Serbes.

    • En 1995 la République autoproclamée de Croatie a mené un nettoyage ethnique dans la Krajina serbe…Ah bon ? Sauf qu´en 1995 les croates n´ont fait qu´expulser de Krajina les serbes qui eux méme en avaient expulsés les croates en 1992 occupant leurs maisons, aprés avoir liquidé les familles qui y habitaient ou, au mieux les avoir expulsé avec uniquement ce qu´elles avaient sur elles . Et je sais de quoi je parle !

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