« Écocide » et autre charabia écologiste

Sur la forme, écocide est un mot idiot, une sorte de monstre lexical que seuls des incultes sont capables d’imaginer : un préfixe grec – oïkos –, un suffixe romain – caedere –, mariage incongru de la carpe et du latin sorti du crâne d’idéologues qui piétinent allegro leur langue maternelle. Les médecins, eux, retrouvent le français lorsqu’ils troquent « cancérologue » pour « oncologue ». Nos politico-écolos n’en sont pas là : adeptes du barbarisme, à tous les sens du terme, ils pérorent en esquintant la langue du pays qu’ils prétendent défendre. Ils se rendent coupables de « verbicide » !

Sur le fond, la Convention citoyenne pour le climat, faux nez viride d’EELV, réclamait l’instauration d’un crime d’écocide concernant « toute action ayant causé un dommage écologique grave en participant au dépassement manifeste et non négligeable des limites planétaires, commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pouvaient être ignorées ». Moins flou, y a pas ! Qu’est-ce qu’un « dommage grave » ? Qu’est-ce qu’un « dépassement manifeste » ? Qu’est-ce qu’un « dépassement non négligeable » ? Voyez pour la vitesse : comment qualifier le gars qui roule à 85 km/h ? On dirait « dépassement manifestement non négligeable », peut-être ! Qu’est-ce que des « conséquences qu’on ne peut ignorer » ? Comment peut-on ne pas « avoir connaissance » de conséquences « qu’on ne peut ignorer » ? Ça fleure bon le pléonasme tautologique ! Sans parler des « limites planétaires » ? En voilà, du charabia !

Pour surveiller tout ce fatras, toujours si l'on s'en tient aux propositions de la Convention citoyenne, on créerait des « théoduleries » : en haut, la HALP, Haute Autorité des limites planétaires. C’est un peu agaçant, cette manie de toujours créer des « hauts » quelque chose quand on sait que plus c’est haut, moins ça sert ! Cette instance enfanterait illico une portée de petits marmots locaux, les HARLP, Hautes Autorités régionales des limites planétaires, remplies d’écolos jubilants ! Elles seraient peuplées « aussi bien d’experts que de scientifiques et/ou personnalités qualifiées du domaine ». On est entre soi ! Pas question qu’un industriel s’en mêle, il risquerait de parler de la vraie vie ! On attend avec gourmandise les HA départementales, suivies de peu par les communales, puis des HA de quartiers.

Et puis, ces bidules seraient dotés de missions dont la première serait : « pouvoir être consultée et donner son avis sur l’ensemble des lois, règlements, programmes et plan nationaux ainsi que sur les projets susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement ». En clair, les HA-machin fourreraient leur nez partout, de la cave au grenier, avec ou sans justification, avec ou sans bon sens, avec ou sans souci de l’économie réelle. Bref, avec pour objectif avoué « d’emmerder les Français » (copyright : Georges Pompidou).

Heureusement, il semble que la baudruche se dégonfle. Le gouvernement descend de l’Olympe planétaire pour s’en tenir, sagement, au « délit de pollution ». Exit, le crime. Ce n’est pas la première fois que Barbara Pompili, après l’aventure croquignolette des néonicotinoïdes, est invitée avec insistance à manger son chapeau pour cause de « sagacitacide » ! Elle fait cela très bien…

Yannik Chauvin
Yannik Chauvin
Docteur en droit, écrivain, compositeur

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