École : ce n’est pas l’uniforme qui les dérange, c’est qu’on puisse être fier de le porter !
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En juin dernier, le maire de Provins, Olivier Lavenka (LR), appelait les parents d'élèves à une "votation" sur le port de l’uniforme dans les six écoles primaires publiques de la commune. À 62 %, ils se prononçaient pour.
Comme nous le rapportions alors ici même, le maire expliquait : "Nous avons travaillé dans le cadre d’un comité de pilotage avec une grande majorité d’enseignants et de parents d’élèves qui a débouché sur une proposition complète, cohérente, qui a été soumise à la concertation dans le cadre d’un processus démocratique. 62 % des parents qui se sont exprimés ont voté pour." Avec cette précision d’importance : bien que décidé à une très grande majorité dans une consultation parfaitement démocratique, le port dudit uniforme ne serait pas obligatoire.
Il n’empêche, la "gauche éducative" monta au créneau, dénonçant avec véhémence une mesure rétrograde et fascisante (je résume). Ainsi, le président de la FCPE qui, débattant sur RTL avec le maire, s’indignait en ces termes : "Pour moi, c’est un scandale, c’est insupportable… C’est quand même effarant..." Il est vrai que, dans un monde où les gamins menacent leurs profs avec des flingues et se rackettent, voire s’entre-tuent, pour une paire de Nike, il est effarant de vouloir les discipliner.
Ce lundi 5 novembre, jour de rentrée au terme des congés de la Toussaint, la mesure votée par les Provinois est entrée en vigueur. Au grand dam de la presse de gauche et "des spécialistes qui jugent la mesure au mieux “démagogique”, au pire “réactionnaire”", écrit Le Huffington Post.
Mesurons donc l’affront fait aux enfants : "Pour 137 euros, chaque enfant disposera d'un pantalon coupe droite, d'un gilet bleu ciel, de polos brodés de la devise républicaine et d'un blouson style aviateur. Un trousseau fourni gratuitement aux familles les plus modestes."
Comment, quoi, la devise républicaine ? Liberté-Égalité-Fraternité, peut-être ? Et pourquoi pas Travail-Famille-Patrie !
Le maire l’assure, "c'est une expérimentation, nous ferons le bilan dans quelques années". À quoi Le Huff répond : "Pas besoin de plus de temps pour les spécialistes qui jugent la mesure au mieux “démagogique”, au pire “réactionnaire”." C’est vrai, quoi, manquerait plus qu’on leur apprenne "La Marseillaise", à ces gamins !
Convoqué au tribunal de l’Histoire, il y a d’abord l’historien de l’éducation Claude Lelièvre. Il est carrément furieux car, dit-il, "faire penser que l'uniforme était jadis obligatoire dans le primaire et le secondaire est “parfaitement faux”". Et puis, surtout, François Fillon et Marine Le Pen avaient inscrit son retour dans leur programme de campagne en 2017. Et cela, voyez-vous, justifierait que l’on mît tous les uniformes au feu. Monsieur Lelièvre est un puriste. D’aucuns diraient un pinailleur. Autrefois, on ne portait pas l’uniforme mais la blouse ! Rien à voir.
Effectivement, la blouse ne laissait rien voir, et c’était le but : protéger des taches et des différences.
L’intolérable, surtout, c’est le propos du maire qui défend une philosophie honteuse pour tous ces gens qui ont entraîné l’école française au fond du trou : Olivier Lavenka voit dans l’uniforme un moyen de développer un "sentiment d'appartenance à la communauté éducative renforcée". Une honte pour Jean-Yves Rochex – il enseigne les sciences de l’Éducation à Paris VIII – qui s’indigne : "On peut mettre tous les uniformes que l'on veut, ça ne réglera pas les inégalités dans le milieu scolaire."
Avec son ami Lelièvre, il dénonce une pratique "“très majoritairement” réservée aux écoles huppées" et qui sert "le patriotisme d'établissement" et le sentiment d'appartenance à une élite. À un groupe, en tout cas, et ça se pratique partout dans le monde.
Ce que tous ces gens ne supportent pas, dans leur vision étriquée où uniforme = flic = militaire = SS, ce n’est pas l’uniforme, c’est le fait qu’on puisse être fier de le porter !
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