Économie : délires démagogiques italiens
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Matteo Salvini a affirmé que le gouvernement ne modifierait pas son budget 2019, avec un déficit prévu de 2,4 % du PIB. Tout aussi démagogique, mais plus modéré, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a déclaré maintenir le cap sur la loi de finances : "Si c’est dans l’intérêt des Italiens, nous ne sommes disposés à renoncer à rien." M. Conte a aussi souligné hypocritement que "la réduction de la dette était un objectif commun avec l’Europe. [...] Nous sommes en train de travailler à sa réduction en orientant le pays vers la croissance. […] Nous voulons un pays plus compétitif. Les recettes orientées vers l’austérité des dernières années ont échoué. Ceci est notre recette."
Quant au ministre des Finances Giovanni Tria, il a pu dire : "Le budget ne changera pas car c’est la réponse nationale à des problèmes qui ne sont pas abordés au niveau européen." S’il est vrai que l’Italie connaît la désintégration des classes moyennes, un effondrement démographique, une invasion migratoire de 600.000 clandestins depuis 2014, un revenu annuel par habitant de 28.500 euros (France : 34.200 euros ; Allemagne : 39.600 euros), ce n’est pas une raison pour présenter un budget qui conduit à la faillite assurée, à la décroissance et à un chômage encore plus élevé.
Les déséquilibres structurels italiens s’amplifieront avec ce budget. Le revenu universel de 780 euros par mois pour plus de six millions de personnes est tout à fait louable moralement, mais il coûtera neuf milliards d’euros en renforçant l’esprit d’assistanat mortel pour une collectivité. L’abaissement de l’âge de la retraite sera coûteux pour les finances publiques et conduira à des goulots d’étranglement dans la production. La baisse des impôts sous forme d’une « flat tax » de 15 % n’aura pas beaucoup d’effets immédiats, tandis que l’investissement public est sacrifié.
Si la Commission de Bruxelles est incapable de faire changer d’avis le gouvernement italien, la hausse des taux d’intérêt des marchés en sera capable. L’écart de taux d’intérêt avec le Bund allemand est déjà passé de 1,30 %, début 2018, à 3,09 %. La dernière émission d’obligations conçue pour solliciter l’épargne des particuliers italiens a reçu quatre fois moins de demandes que d’ordinaire. L’effondrement de la Bourse de Milan, la fuite importante des capitaux conduisent déjà le gouvernement à faire appel au patriotisme italien et à proposer de ruineuses obligations indexées sur l’inflation avec des avantages fiscaux.
L’Italie a des charges d’intérêt très lourdes qui passeront de 65 milliards d’euros, en 2018, à 72 milliards, en 2020, soit le budget de l’Éducation. En 2019, l’Italie va devoir emprunter 400 milliards d’euros sur les marchés en ne sachant pas si les émissions trouveront preneurs, à moins d’accepter des taux d’intérêt démentiels. L’Italie s’enferme dans le cercle vicieux de la dette avec une croissance faible et des gains nuls de productivité. Seules des réformes structurelles permettront au pays de sortir de ce cercle infernal.
Les banques italiennes vont être amenées à relever les taux sur les prêts à leurs clients, étant elles-mêmes victimes de la hausse des taux d’emprunt obligataires bancaires qui a plus que doublé en cinq mois. La perte de valeur des bons du Trésor italien à l’actif du bilan des banques (10 % des émissions globales de l’État italien), suite à la hausse des taux d’intérêt, a aussi contribué à faire chuter leur valeur boursière de 35 % depuis mai 2018. Les banques italiennes ont dû trouver d’urgence 320 millions d’euros pour recapitaliser la petite banque Carige de Gênes afin d’éviter sa faillite.
Matteo Salvini commence malgré tout à se poser les bonnes questions car son propre électorat, composé de gens sérieux de droite et d’entrepreneurs dans le nord de l’Italie, est fortement préoccupé par la hausse des taux. Salvini serait prêt à réduire le nombre de bénéficiaires du revenu de citoyenneté et du départ anticipé à la retraite, mais Luigi Di Maio, leader de l’encore plus démagogique gauche M5S, s’y est opposé.
Seuls les marchés pourront amener les dirigeants italiens à la raison en matière économique ! Si la droite patriote veut être crédible et s’imposer partout en Europe, elle doit procéder, comme l’Allemagne, à des réformes structurelles indispensables et ne pas sombrer dans la démagogie économique.
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