Économie française : la pire récession en Europe depuis l’Allemagne en 1929 !

récession  allemagne

Bruno Le Maire et Gérald Darmanin viennent de dévoiler de nouvelles prévisions économiques pour l'année 2020. Comme ils le font désormais depuis plusieurs semaines. Sauf qu'à chaque intervention, la récession se creuse un peu plus : on nous annonçait 6 % en avril, 8 % en mai et, désormais, on table sur une décrue de... 11 % ! Nous souhaiterions que les prévisions des responsables de Bercy s’arrêtent là, car si cela continue, nous allons finir par trouver du pétrole ! En outre, le déficit public prévisionnel est, lui, annoncé désormais à 11,4 % : plus la récession s'amplifie, plus l'État doit s'endetter pour boucher les trous.

Au-delà des chiffres bruts, qui peuvent ne pas être « parlants » pour tous ceux qui ne maîtrisent pas bien l'économie, ces annonces sont catastrophiques, et même cauchemardesques. Elles augurent une véritable descente aux enfers pour notre pays. Songez donc : avec 11 % de récession, la France serait bien plus touchée par la crise que l'Allemagne, annoncée à 6 % de récession, et l'Italie, qui prévoit, de son côté, 9 %. Mais surtout, si cette prévision à -11 % se voyait confirmée, chacun doit avoir à l'esprit qu'il s'agirait de la pire récession enregistrée par une puissance européenne depuis... l'Allemagne d'avant-guerre ! En 1931, l'Allemagne, alors sous le régime de Weimar, avait enregistré une récession de 12 % qui avait plongé le pays dans une crise économique et sociale dramatique. Avec l'hyperinflation qui sévissait alors, les Allemands allaient payer leur pain quotidien avec une brouette remplie de billets de banque. On connaît la suite...

La récession française de 2020 serait du même ordre, si l'on en croit nos ministres, qui annoncent ces chiffres laconiquement sans en expliquer l'ampleur inégalée, inconnue dans notre histoire. Une telle déroute économique est, pour l'instant, masquée par les aides massives de l'État, chômage partiel, prêts garantis aux entreprises, aides aux PME et indépendants. Mais tout cela va bientôt se tarir. Les acteurs vont se retrouver seuls face à la crise, cruelle et mortifère.

Pourtant, malgré ces prévisions dantesques, Macron s'est permis le luxe de s'afficher, tout sourire, avec Mme Merkel pour présenter un plan de relance européen qui doit nous sauver du naufrage : 39 milliards d'aides y sont annoncés pour la France ! Deux remarques : 39 milliards, c'est bien léger pour combler un « trou » de 11 % du PIB, soit environ 250 milliards d'euros. Mais il y a pire : alors que la France se voit promise à la somme annoncée, l'Italie et l'Espagne ont, elles, obtenu respectivement 172 et 145 milliards d'euros ! Alors que ces deux pays ne sont pas plus atteints par la crise.

Et si l'on examine encore plus en détail, on s'aperçoit que les contributions prévues pour chaque pays pour financer ce plan d'aide européen placent la France en situation non plus d'être aidée mais plutôt de financer les aides des autres : sur les 750 milliards d'euros du plan d'aide, la France contribuerait à hauteur d'environ 100 milliards (dans le cadre d'un impôt européen, chaque pays devra contribuer en fonction de sa population ; la France, représentant environ 15 % de la population européenne, sera tenue de financer à hauteur de 100 milliards), ce qui fait qu'elle aura, à terme, contribué au sauvetage d'autres pays moins atteints qu'elle ! Bravo Macron !

En fait, le sauvetage de l'Union européenne passe, aux yeux de notre Président, bien avant les intérêts français. Notre pays va pourtant traverser des turbulences inédites dans notre histoire contemporaine : mais y a-t-il, dans l'avion, un pilote vraiment décidé à nous sauver ?

Olivier Piacentini
Olivier Piacentini
Ecrivain, politologue

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