[EDITION SPECIALE JMLP] «Il est bien tard…» : le testament de JM Le Pen à BV
Il y a des moments dont on pressent qu’ils se graveront dans la mémoire. Ce fut le cas lors de cette soirée du 23 janvier 2023. Boulevard Voltaire a invité largement pour une galette des rois, dans toutes les composantes de la droite française, des journalistes, des élus de différents partis de droite, des plumes de BV et d’ailleurs. Nous avons fait signe à Jean-Marie Le Pen, par politesse, sans imaginer qu’il se déplacerait. Sa réponse tombe quelques jours avant : il sera présent. Son entourage demande si les locaux sont desservis par un ascenseur, si la voiture pourra stationner un instant dans la rue. Cette visite à BV marque, à notre connaissance, la dernière sortie publique de Le Pen. Le jour J, Le Pen semble heureux. Il serre des mains diverses, s’assoit dans un fauteuil et lève son verre de cidre. Pas de discours, nous sommes entre nous. Tandis que les verres se vident et que les langues vont bon train, Le Pen confesse, dans le fauteuil disposé à côté du sien, pas mal de monde. Nous immortalisons le rapprochement du Menhir avec Éric Zemmour, après bien des soubresauts politiques : cette poignée de main chaleureuse incarne l’éclectisme patriote de BV. Tous deux se parlent longuement, dans un respect mutuel trempé d’affection visible.
Constat lucide
À mon tour, modestement, je prends la place dans le fauteuil près du patriarche. Je viens de quitter le magazine Challenges pour Boulevard Voltaire. J’ai côtoyé Le Pen à travers les médias, je l'ai suivi, je ne l’ai jamais approché d'aussi près. Il faut parler longuement, car le verbe de Le Pen, ces mots qui firent trembler le paysage politique et suscitèrent autant de crainte que de condamnations de la part de ses adversaires, est devenu rare. Alors, je lui pose la question du bilan de son combat politique, je tente une longue question sur la France qui revient peu à peu aux vertus de la fierté nationale, sur les signes d’espérance, sur les succès électoraux du RN, sur ces Français qui se battent avec succès contre les effrayantes dérives du mondialisme, sur le glissement de l’opinion, comme si les écailles tombaient peu à peu des yeux dans la tempête. Je lui demande s’il y voit le résultat de tant d’années de travail et d’efforts. Le Pen opine et reste silencieux, longtemps. Puis il se penche vers son interlocuteur et prononce très distinctement quatre mots : « Il est bien tard ! »
« Il est bien tard. » Il y a là le constat, lucide et difficile, que l’action politique de toute une vie n’a pas été couronnée de succès, en tous cas pas à la hauteur de ce que la situation de la France imposait. Il y a comme une pointe de regret, une forme de mea culpa. Jeune militant, jeune militaire, jeune député puis personnage central de la vie politique française pendant des décennies, volontaire, courageux, talentueux, Le Pen n’a pas su sauver la patrie, enrayer la terrible pente sur laquelle l’immigration devenue folle a précipité la sécurité des Français, leur identité, leur religion traditionnelle - défiée par l’islam -, leur économie ruinée par la disparition des frontières, leur mode de vie - détruit pour une large part - leur éducation sabotée. Une vie politique portée par un idéal se confrontait sur ce fauteuil, en quatre mots, aux résultats obtenus, non pas pour lui, mais pour le pays.
Un espace pour l'espoir
Pourtant, en constatant qu’il était désormais bien tard, Le Pen ne ferme pas la porte au retour vers la mère patrie. La France s’est tant de fois redressée au pied du mur de la ruine et de la catastrophe, quand tout semblait perdu. Simplement, ce qui était un projet politique dans les années 1980, au temps du jeune Le Pen, est devenu un défi gigantesque, un sauvetage de pleine mer par temps déchaîné, une entreprise titanesque. Titanesque mais pas impossible. L’espoir s’est réduit, écrasé par l’ampleur de l’entreprise de rétablissement de la France, mais il demeure. Il a un sens. Il a un passé, cet espoir. Il a une Histoire. Des héros. De grands moments. Il a aussi des combattants plus jeunes et plus nombreux qui militent dans toute la frange patriote, tous partis confondus, des modèles de réussite de plus en plus nombreux hors de nos frontières. Certes, « il est bien tard », mais, semblait dire le patriarche, il n’est peut-être pas encore… trop tard. Comme un défi lancé à la France et à ceux qui, aujourd'hui, relèvent le gant du combat national.
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39 commentaires
Zemour, très intelligent très capable mais reproduit le schéma de JMLP, des phrases excessives qui font tomber son niveau de popularité, dommage !!
La force de caractère, la lucidité de l’analyse.
Il est bien tard c’est une constatation, mais qui ne ferme pas la porte au redressement d’un pays qui a maintes et maintes fois été en danger et qui s’en est toujours sorti.
Il était tard dans bien des cas pour la France, mais de toute temps elle s’est relevée toujours plus forte et il en sera encore ainsi dans les années à venir.
Je veux apporter mon témoignage. Je suis un Français inconnu, individu du peuple et n’avais aucune relation privée avec Jean-Marie Le Pen. J’eus par hasard l’occasion de rencontrer un de ses amis avec qui j’évoquais la Médaille miraculeuse demandée par Marie à Catherine Labouée. C’était la veille de l’enterrement du Capitaine Sergent à Saint-Nicolas du Chardonneret. Cet ami en parla Jean-Marie, qui m’appela lui-même le soir même pour me demander de l’accompagner pour prier la Sainte Vierge à la chapelle de la rue du Bac après la messe d’enterrement du Capitaine Sergent. Il ne me connaissait pas mais me pris dans ses bras après que nous ayons prié et m’embrassa comme un fils. N’en déplaise à ses détracteurs, le Président du Front National était un homme de Foi.
Très beau témoignage et à coup sûr un souvenir précieux pour vous.
Je vous rejoins tout à fait, Jean Marie Le Pen était vraiment un homme de foi profonde.
Il est bien tard , oui à cause de tous ceux cités dans le précédent article
Vous avez évoqué Eric Zemmour dans votre éditorial de hier soir sur France Info concernant le décès de Jean Marie Le Pen et je souscrit entièrement à votre analyse. Il ont tous les deux alerté des ravages de l’invasion islamique sur les pays européens mais la comparaison s’arrête là.
Oui, mais JMLP l’a fait avec 40 ans d’avance sur Zemmour…
Sur France Info ???? Vous avez rêvé ???
Pour ma part, ces mots ayant été prononcés il y a 2 ans, je crois que Jean-Marie le Pen avait raison et que, s’il en avait eu la possibilité, il aurait dit cette année qu’il est trop tard. Le basculement s’est fait il y a une vingtaine d’années, la submersion est maintenant inévitable.
Il est bien tard mais il reste encore une petite possibilité avant qu’il ne soit trop tard.
Si seulement les dirigeants politiques patriotes pouvaient regrouper leurs partis au lieu de vouloir être calife à la place du calife et tenter de sauver le pays il y aurait moyen de retourner à la civilisation…
Il est dommage qu’il ait parfois nui à son parti politique par ses propos car c’était un lanceur d’alerte au sujet de l’immigration. Paix à son âme !
Et si, pour commencer, nous fermions les portes de notre pays ?
C’est tout bête mais efficace. Et que l’UE, la LDH et tutti quanti aillent au diable ! Il s’agit de NOTRE pays, après tout.
Oui il est bien tard et voir ce pays devenu le roi des commémorations stériles sans aucun avenir et sans remede face à la gangrène islamique.
@Jacques Darricarrère
C’est ce que j’ai pensé en écoutant les commémorations pour Charlie Hebdo hier. Qu’avons-nous fait à part montrer nos faiblesses ? RIEN !
On mobilise des milliers de policiers pour contenir la violence le 31 décembre. Et quand même 1000 véhicules incendiés.
Nous sommes des minables. Nous délivrons des OQTF à gogo mais ça change quoi ? Les voyous rigolent…
Intéressant
Si seulement les patriotes pouvaient se réunir lors d’élections et ensuite pour faire des lois protégeant la France et les Français comme certains se sont réunis le 23/01/2023 à BV.
Je crains que le RN soit trop hégémonique actuellement. Peut être dans l’avenir ?
Merci Monsieur Baudriller.
Très bel article. Mais comment empêcher un peuple de se suicider ?
N’était-ce pas Zemmour qui a publié il y a quelques années un ouvrage intitulé » le suicide français » ?
Quel bel hommage…
Il est dommage pour notre pays que le « détail » , mot idiot prononcé de sa part,est autant nui à notre pays,car si, par manque de réflexion ou lucidité sur l’emploi de ce mot complété par le calembour « Durafour-crematoire », sorti de son contexte lexique il vrai par les oppositions ce de cette époque,je pense que nous n’en serions pas là aujourd’hui et que ses idées seraient au pouvoir aujourd’hui.
Sera-t-il encore temps ?
Nous n’avons pas su – ou pas voulu – entendre JMLP. Nous commençons à en payer le prix.
Et stupides et entêtés comme nous sommes, nous rejetons Zemmour parce que soi-disant il fait peur. Il est pourtant le seul, en l’état actuel de la France, à avoir assez de lucidité, de volonté et de courage pour nous sortir du bourbier dans lequel nous semblons nous complaire.
Admettons que Zemmour n’ait pas le profil. En matière de retraite il est plus rationnel que l’héritière qui ne voit pas le surendettement du pays. Et Marine voudrait de plus reconstruire Mayotte ? avec l’argent du RN ? ou le mien ?
Je suis d’accord avec vous, Zemmour a aussi le tort d’avoir raison trop tôt , les Français ont-ils compris la leçon ? Pas si sûr .
Excellent et émouvant article..Merci..
Je plussoie.