[ÉDITION SPÉCIALE JMLP] Jean-Marie Le Pen, officier et gentleman
Ca y est, le Menhir est mort. Il a pris soin d’enterrer tous ses vieux ennemis d’abord. Chirac, Giscard, Mitterrand, Tapie l’ont précédé dans la tombe. Lui, l’ours goguenard, les regardait passer le long du fleuve, comme dit un vieux proverbe africain (« Assieds-toi assez longtemps au bord du fleuve et tu verras passer le cadavre de ton ennemi »). Et puis, ça a été son tour. La mort fait partie de la vie. Évidemment, les demi-habiles des réseaux sociaux copient-collent en masse deux ou trois blagues de collégien antifa (la plus répandue, à l’heure où ces lignes sont écrites, est : « Ça y est, JMLP est devenu un détail de l’Histoire »).
Tribun d'exception
Tout aussi évidemment, il faut s’attendre à ce que les chaînes de télévision, impartiales et bienveillantes comme à l’habitude, salissent sa mémoire en publiant des « extraits choisis » (l’expression « pot-pourri » serait peut-être plus juste) des pires sorties de route de Jean-Marie Le Pen. On les connaît toutes. Certaines ont mal vieilli ou sont devenues judiciarisables, d’autres ont acquis une nouvelle jeunesse. Comme ce passage devant les lectrices du magazine Elle où, à la question « Êtes-vous pour l’immigration ? », « Jean-Ma » répondait : « Si c’est Léonard de Vinci, ça va », provoquant hier les huées de la bien-pensance pour magazines féminins, donnant aujourd’hui une tragique résonance au débarquement ininterrompu, sur les côtes d’Europe, de délinquants sous-diplômés. On pourra aussi revoir son débat avec l’affreux Lajoinie, pour rigoler.
Tribun d’exception, toujours prêt pour la castagne qui « rajeunit », Le Pen est, avec de Gaulle et Mitterrand, l’un des trois seuls hommes politiques qui aient vraiment marqué le XXe siècle en France. Les autres ? Des bateleurs, des combinards, des dragueurs de thé dansant ou, dans le meilleur des cas, des poètes mystiques égarés dans une arène sans pitié, car la politique, c’est la guerre. La guerre, Le Pen l’avait d’abord faite en s’engageant comme lieutenant dans les parachutistes de la Légion. Il était parti en Indochine en 1954 mais était arrivé juste après la chute de Ðiện Biên Phủ. Il avait ensuite connu Suez, puis avait demandé et obtenu, alors qu’il était député, la permission de quitter l’Assemblée nationale pour aller combattre en Algérie. Certains de nos députés le feraient probablement encore, mais ils ne constituent pas la majorité de l’espèce.
« Le seul candidat qui cotise à l'Entraide Para »
De l’armée, et singulièrement des paras, Le Pen avait gardé le goût de la bagarre et des phrases chocs flamboyantes, de la gueule et du cran. L’armée garda-t-elle un bon souvenir de lui ? On ne sait. Lui, en revanche, aima son engagement militaire. Il paraît qu’on entendit, un jour de 2002, un sous-officier d’un régiment des troupes aéroportées dire à ses troupes : « Votez pour le candidat que vous voulez, mais sachez qu’un seul d’entre eux cotise à l’Entraide Para ! » L’anecdote est certainement apocryphe, mais force est de constater qu’il y a sans doute peu d’hommes politiques à jour de cotisation, aujourd’hui.
Le Pen, officier et gentleman ? Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, pourquoi pas ? Éternel lieutenant outrancier et jouisseur, élégant en civil et sérieux à la baston, il quitte cette terre par surprise, au terme d’une vie de combats qu’il a commencée comme voltigeur et terminée comme sentinelle. Un adieu aux armes sans bruit pour un homme tonitruant. En ancien militaire, Le Pen savait peut-être que les vrais moments de solennité se passent sans bruit, dans un air lourd comme de l’uranium qui fait taire jusqu’aux sourires.
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8 commentaires
Un très grand bonhomme, outrancier parfois, comme les « trop grands » !
2 seuls vrais reproches : 1) il ne voulait pas le pouvoir, en connaissant sans doute la difficulté d’exercice. 2) Les éjections de trop nombreux cadres du FN, de Bruno Gollnisch à Carl Lang en passant par Florian Philippot et tant d’autres.
Requiescat in pace.
Rajout à mon message :Le lieutenant Le Pen lui a répondu : Mon Général je suis breton et chrétien ,je connais l’importance de ces choses-là
Dans l’affaire du canal de Suez,le lieutenant Le Pen avait la charge d’enterrer les soldats égyptiens morts au combat.Les Égyptiens par un Message au général Massu en a remercié l’armée Française pour l’avoir fait dans le respect du rite musulman.Sous sa tente ,Massu en a félicité Le Pen qui lui a répondu <>
Que ceux qui dansent pour fêter sa mort ,dans le cas ou il leur reste un peu de cervelle y reflechissent.
Le soldat que je fus s’incline devant l’homme de conviction qu’il fut.
Également.
Merci Monsieur de ce si émouvant hommage.
Le dessin de Plantu tape juste : Mélenchon a bien repris le fond de commerce de Jean-Marie Le Pen.
Melanchon a peut-être pris la place politique laissée libre par le JMLP, mais en aucun sa tenue de combat, car il faudrait rajouter dans le paquetage de l’anti- francais qu’est Melanchon des couches culottes s’il devait monter a l’assaut.