[ÉDITION SPÉCIALE JMLP] Le menhir est tombé, la dynastie demeure

 Le fondateur du parti à la flamme ne laisse pas son pays orphelin des idées qu’il portait : il a fondé une dynastie. L’entente entre les héritières n’a pas toujours été au rendez-vous. Et pourtant, contre vents et marées, en dépit des déchirures du passé, les enfants portent le souvenir de leur père, la dynastie tient bon et la relève est assurée.

La famille Le Pen, une histoire faite de déchirures
Jean-Marie Le Pen, orphelin d'un père que lui a volé la guerre, est un homme du terroir, breton de souche. Avec Pierrette, il a eu trois filles. Elles ont été modelées par le monstre politique qu’il est devenu au fil du temps. Souvent seules, elles n'ont pas eu une enfance ordinaire, bercées par des attentats, des coups bas à l'école en raison de leur nom de famille, de l'abandon de leur mère et de l'absence de leur père. Marine Le Pen l'a raconté en toute sincérité dans un livre très personnel, A contre flots. 

Les ruptures ont été nombreuses. Marie-Caroline, l’aînée des trois sœurs, acta sa séparation en choisissant de se tenir aux côtés des mégrétistes, lors du putsch au sein du FN entre 1998 et 1999. Yann, la seconde, a voulu vivre une vie loin de ce que représentait son père : elle a choisi d'être monitrice de planche à voile au Club Med, de quoi être dépaysée. Entre les deux sœurs, le temps n’a pas toujours été au beau fixe, notamment lors du règlement d'une succession ponctuée par... une visite d'huissier.

Le destin de Marine Le Pen, cadette de la fratrie, semblait s’inscrire dans les pas de son père. Après avoir exercé quelques temps comme avocate, elle est très vite promue directrice juridique du FN avant de se jeter dans la fosse aux lions en 2002. Elle a 34 ans lorsqu'au soir du second tour de la présidentielle, elle représente son père pour les besoins d'une émission de télévision. Puis elle gravit les échelons. Loin des provocations du fondateur du parti, elle finit par reprendre les rênes de l’empire avant d'en exclure son fondateur de père et de rebaptiser le mouvement Rassemblement national, comme pour terminer de tourner la page « Jean-Marie ». Pierrette, ex-épouse de Jean-Marie Le Pen et mère de ses trois filles, confiait à Claude Askolovitch, alors journaliste à Vanity Fair : « Je déteste la politique. J’étais partie pour fuir la politique et ce qu’elle faisait à Jean-Marie. Quand je suis revenue, Marine était dedans. »

Le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre 

Malgré ses nombreuses fractures, les liens des membres de la dynastie semblent indéfectibles. Parties chacune plus ou moins loin de la politique, les trois filles sont retournées au bercail. En juin 2018, après les années de ruptures, le clan familial se reforme au chevet du père avec Marion Maréchal et sa fille Olympe.

Marie-Caroline a porté les couleurs du Rassemblement national aux élections législatives, dans la Sarthe (l'ancienne circonscription de François Fillon !) en juillet 2024 . Yann, quant à elle, plus discrète, a transmis la veine politique à sa fille, héritière de la dynastie. Marion Maréchal, d’abord élue plus jeune députée française en 2012 dans le Vaucluse, sous le nom de Maréchal-Le Pen, s'est, durant cinq ans, retirée de la politique avant de revenir aux côtés d’Eric Zemmour, lors de la campagne présidentielle de 2022 et de prendre la tête de la liste Reconquête! aux européennes de 2024. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, suite au score écrasant du RN aux élections européennes, Marion quittera Reconquête !

Et Marine… Marine s’est éloignée de la ligne de son père. Mais, réconciliée avec lui, elle continue de mener son combat pour la France. Le parti successeur du FN fondé en 1972, auquel nul ne prédisait un grand avenir, compte aujourd’hui plus de 11 millions d’électeurs qui portent le souffle patriote du « menhir ».

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