[ÉDITO] 1969, de Gaulle, désavoué, démissionne : une leçon, pour Macron ?

de-gaulle

Prompt à s’emparer du calendrier mémoriel de notre pays, Emmanuel Macron « zappera » sans doute la date du 28 avril. Il y a exactement cinquante-cinq ans, le lundi 28 avril 1969 à minuit dix très précisément, un communiqué partait de Colombey-les-Deux-Églises : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. » Le général de Gaulle démissionnait. Les Français, en ce dimanche 27 avril 1969, venaient de le désapprouver en disant clairement non à cette question qu’il leur posait par voie référendaire : « Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat ? » Avec une participation de plus de 80 %, le « non » l’emportait à 52,41 %. Le vendredi 25 avril, dans une ultime et courte allocution aux Français (à peine huit minutes), de Gaulle leur avait posé le marché sur le table : en cas de victoire du « non », sa « tâche actuelle de chef de l’État » deviendrait « évidemment impossible » et il cesserait « aussitôt » d’exercer ses fonctions. « Évidemment », « aussitôt » : l'homme du 18 juin appuyait lourdement sur ces deux adverbes. Ce sera la dernière fois que l'on entendra le général de Gaulle. L'avant-dernière qu'on le verra vivant sur le petit écran : la toute dernière, ce seront ces images devenues mythiques, dans la campagne irlandaise, en compagnie de son épouse et de son aide de camp, alors que les Français élisaient son successeur.

Pas de référendum : finalement, ça règle les problèmes...

Pourtant, stricto sensu, constitutionnellement parlant, rien n’obligeait « évidemment » le général de Gaulle à démissionner. Mais pour celui qui avait claqué la porte du pouvoir en 1946, face au retour du régime des partis, alors qu’il était auréolé de la gloire de chef de la France libre ayant réussi la prouesse d’imposer la France, défaite en 1940, à la table des vainqueurs en 1945, il n’était pas question de marchander, ratiociner, mégoter. Les successeurs de De Gaulle, qui n'usèrent de la procédure référendaire d'ailleurs que très rarement*, se gardèrent bien de mettre leur mandat dans la balance. Et depuis le référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne, largement rejeté par les Français, ils ont même carrément réglé le problème : plus d’appel au référendum, comme ça, c’est plus simple, ça évite les problèmes. Certes, de temps en temps est bien évoqué, comme ça, vaguement, en passant, l’idée d’un référendum, histoire d’amuser la galerie des commentateurs pendant deux jours. Dernier sketch : en novembre 2023, Emmanuel Macron proposait, dans une lettre aux chefs de partis, d’élargir le champ du référendum aux questions de société et à l’immigration. Flop. Ou plutôt re-flop, car en 2020, le même Emmanuel Macron – on l’a déjà oublié – avait promis à la Convention citoyenne pour le climat - machine à fabriquer du temps perdu dont il a le secret - un référendum pour inscrire dans la Constitution l’objectif écologique. Comme chantait France Gall dans sa chanson intitulée… Évidemment, il y a « toutes ces questions qui n’tiennent pas debout »... Que viendrait faire, en effet, dans la Constitution, censée organiser les pouvoirs publics de la République, un article sur l’objectif écologique ? Mais bon, pourquoi pas, au point où elle en est, cette Constitution. En 2021, de toute façon, l’affaire était enterrée. Évidemment, comme les Français ont une mémoire de poisson rouge, alors…

Évidemment... le 9 juin prochain, les Français sont appelés à voter pour élire leurs députés au Parlement européen. Rien à voir avec la politique française. Bah si, quand même un peu et même beaucoup, passionnément, à la folie, surtout lorsque Emmanuel Macron fait de l’Europe son alpha et oméga. La preuve : son discours saison 2 de la Sorbonne (la saison 1 remontait à 2017), le 25 avril dernier, 55 ans, jour pour jour après que de Gaulle avait lancé son ultime appel aux Français. Dans cette allocution, le fondateur de la Ve République faisait de la régionalisation une sorte d’alpha et d’oméga, sans doute pour relancer un pouvoir passablement affaibli, voire essoufflé, après les événements de mai 1968. Si l’Europe est vraiment le combat de sa vie, évidemment, Emmanuel Macron devrait mettre son mandat dans la balance, le 9 juin prochain. Cela aurait évidemment de la gueule. Évidemment, il ne le fera pas. Il y a ceux qui font l’Histoire et ceux qui s’en racontent. Évidemment...

* Un sous Pompidou, deux sous Mitterrand, deux sous Chirac, soit cinq en 33 ans, contre quatre sous le général de Gaulle en 8 ans...

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Ont ne peut pas faire de comparaison entre un chef qui en à dans la culotte et un tout petit sous chef qui lui à rien dans la culotte,c’est incomparable soyons sérieux quand méme.

  2. N’ est pas De Gaulle qui veut. Le général avait le sens du patriotisme français Macron ce n’ est pas le cas. Lui ne regarde que les avantages pour sa petite personne et se voudrait président des états unis d’ Europe pour notre malheur. Son ego démesuré etouffe ses neurones et il ne voit plus son impopularite. La meilleure mesure qu’ il pourrait prendre serait sa démission mais il n’ a jamais pris de bonnes mesures, pourquoi commencer?

  3. Certains ont vu dans ce référendum de 1969 une démarche suicidaire du Général. Les Français ne se sentirent pas concernés par ces réformes auxquelles ils ne comprenaient pas grand-chose. Nombre de ceux qui voterent non pensaient que le oui allait l’emporter ;ils ne souhaitaient pas le départ de
    De Gaulle.
    Si la majorité présidentielle est largement battue ;Macron devrait démissionner ;mais pour cela, il faudrait que nous soyons en démocratie

  4. Les raisons d’une très hypothétique démission pourrait être doubles; celle utilisée par le général de Gaulle et/ou celle de Deschanel (voir article d’hier sur BV.)

  5. Macron se sert de la France comme d’un marché pied pour accéder à la Presidence de l’Europe. Il est, pour cela, prêt à brader la force de dissuasion de la Nation comme monnaie d’échange. Vous pensez bien que quel que soient les résultats de ces élections européennes, il ne va pas demisionner en si bon chemin… tout lui est bon pour son « image » : tenter de se grandir en prononçant des discours grandiloquents pour saluer des grands actes faits par d’autres, se deguiser en Rocky Balboa, en Mbappé face à un goal transformé en passoir pour lui permettre de « marquer son but »… Comme disait Audiart : [certains] osent tout…

  6. Evidemment, ça aurait de la gueule, au bon sens du terme, de mettre sa démission dans la balance électorale ! Voilà qui grandirait quelque peu le nabot qui se prend pour un chef d’Etat. Evidemment ça pourrait ramener quelques voix dans la liste Renaissance, celles de ceux qui souhaitent que rien ne change, par peur de la fameuse peste brune. Mais ça risquerait surtout d’inciter les pécheurs à la ligne abstentionnistes de renforcer les autres listes . On peut rêver, souhaitons qu’il relève ce défi !

  7. La dernière fois qu’on vit de Gaulle,ce fut au cours de l’été 1970,lors de son voyage en Espagne pour y rencontrer le général Franco . Rien n’a jamais transpiré de leur déjeuner. Ce fut sans doute banal…Pour le reste,de Gaulle avait tout de même un point commun avec Macron: l’hypertrophie du moi . Un moi qui pour l’un s’exprime dans l’hyper-communication,tandis qu’il tenait pour l’autre dans la distance : « la grandeur doit s’entourer de mystère , on admire mal ce qu’on connaît trop bien »,disait de Gaulle avec autant de lucidité que d’orgueil.

  8. Pour paraphraser votre conclusion, je dirai : « Il y a ceux qui font L-Histoire et ceux qui la subissent ! … » Ce coucou poly-tocard pense imposer sa vision de son « Europe fédérale » à tout le monde … D’ici au 09 juin 2024, qu’il aille faire des « lectures mémorielles » sur L’Histoire de FRANCE ! … Il y a ceux qui sont obnubilés par les dates stricto sensu mais ce sont bien les faits rien que les faits qui « marquent » L’Histoire ! …

  9. Cet article est plein de logique basé sur la réalité, Macron est dans l’ambiguïté la plus malsaine lui qui ne cesse de parler que l’Europe est la pierre angulaire de l’édifice Français donc si l’édifice détermine de changer de voie Macron n’a plus lieu d’être donc il doit renoncer à ses fonctions, il a deux ans pour continuer dans sa voie sauf s’il se trouve dans une impasse, cas présent.

  10. Le général était en fin de vie tandis que Mister Macron, outre son manque manifeste de courage, a un avenir devant lui. Son avenir, en l’occurrence, pourrait bien sonner le glas pour la France.

  11. Et depuis a commencé le déclin de ce pays pays . Macron démissionné , vous n’y pensez pas , lui qui se prend pour le nombril du monde ne fera jamais une chose pareille . Et lui a été mis en place par des puissances nuisibles au peuple , à la démocratie , il n’est qu’un petit pion à leur merci qui disparaitra quand eux ne l’aurons plus besoin .

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois