[EDITO] Avis de recherche : Didier Migaud a disparu !

Capture d’écran (73)

Didier Migaud a disparu. Plus de son, plus d’image, plus de petites phrases. Un silence de plomb. Pourtant, le 24 septembre, le tout nouveau garde des Sceaux ne se faisait pas prier pour délivrer l’Évangile judiciaire de la gauche. Devant la prison de la Santé, Migaud avait pontifié, sûr de lui, patelin, devant caméras et micros tendus. Question à peine orientée d’une journaliste : « Votre collègue ministre Bruno Retailleau a parlé d’inexécution des peines. On disait que les peines sont exécutées à 95 %, est-ce que votre visite est une réponse ? » La perche est habillée de satin. Migaud la saisit en roucoulant.

« Le taux d’exécution des peines n’a jamais été aussi élevé, lance-t-il. Il faudra que je puisse contribuer à l’information de mon collègue et puis que nous puissions avoir des échanges constructifs à ce sujet. » Les deux hommes devaient se rencontrer « dans les prochains jours », assurait Migaud. Le rendez-vous a-t-il tardé ? A-t-il duré plus que prévu, le temps que Bruno Retailleau, si mal informé sur l’exécution des peines, se fasse expliquer le bon fonctionnement de la Justice en France ? L’épisode serait tragi-comique s’il ne s’était conclu par le massacre d’une nouvelle petite Française par un Marocain récidiviste sous OQTF.

Paralysie organisée

Quand la faute est vraiment trop énorme, une plongée en eaux profondes dans l’océan médiatique fait office de planche de salut. Mais qui oubliera cette sortie révélatrice ? Derrière cette petite phrase, c’est toute la doxa de la gauche française qui parait, sûre d’elle-même dans sa morgue et sa négation du réel. Le réel, c’est pour les ploucs, les électeurs du RN, les médias de Bolloré et les commentateurs du café du commerce. Dans les sphères de la gauche parisienne chic que fréquente Didier Migaud, dans les salons où l’on tourne en rond autour des avantages de la suppression des frontières, dans les rédactions des médias macronistes, on sait. On a les chiffres. Grand copain de Macron qui lui a confié la présidence de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (en 2020) après que Sarkozy l’a envoyé à la présidence de la Cour des comptes (en 2010), Didier Migaud doit annuler l'influence de Retailleau, contrebalancer ce qui pourrait ressembler à une politique efficace contre l’insécurité et sa cause essentielle : l’immigration. Rappelons que 20 % des pensionnaires de nos prisons sont étrangers. Et qu’on ne connaît toujours pas le taux des détenus ayant la double nationalité. Avec la disparition soudaine du garde des Sceaux, l’organisation de la paralysie au sommet de l’État, tricotée avec soin par Macron, apparaît dans son plus simple appareil. Il faut sauver la Justice de Badinter et de Taubira, même si la faillite est dramatique, hurlante et patente.

40 % des peines aménagées

« Le taux d’exécution des peines n’a jamais été aussi élevé ? » Pour les OQTF, le taux d’exécution atteint 6,9 % en 2023, comme en 2022. Un record à la baisse, en dépit de drames comme celui de Lola, survenu le 14 octobre 2022. Sur les peines elles-mêmes, Migaud joue sur les mots : il ne dit pas que 40 % des peines de prison ferme sont aménagées ou converties avant même l’incarcération : elles ne sont donc pas exécutées au sens strict. Le chiffre de 95 % est donc mensonger. Et il reste 5 % sur lesquels on ferait bien de se pencher. Par ailleurs, l’insécurité explose dans une France désarmée. Le candidat Macron avait promis 15.000 places de prison en fin de mandat ; il en a construit 4.500. Les malfrats triomphent dans les quartiers, soumis à un trafic de drogue débridé. Les forces de l’ordre, chargées de la sécurité, sont de plus en plus souvent directement prises à partie et tuées : « La France a tué mon mari par son laxisme », accusait Harmony Comyn, la femme du gendarme mortellement percuté à Mougins (Alpes-Maritimes), des sanglots dans la voix. « Le taux d’exécution des peines n’a jamais été aussi élevé », lui répond Migaud. Même message à la famille de Philippine. La gauche judiciaire n’a honte de rien, sans quoi elle garderait le silence... définitivement.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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